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| « Les fous passent, la folie reste. » feat Ivanna | |
| Auteur | Message |
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Dante K. Sienkiewicz
◭ messages : 48 ◭ date d'inscription : 21/02/2012 ◭ ancien métier : Taxidermiste ◭ localisation : Détécé (a) ◭ âge irl : 30 ◭ date de naissance : 10/05/1994
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: Cerveau & Conscience. ◭ mon crime: Aimer les poupées.
| Sujet: « Les fous passent, la folie reste. » feat Ivanna Ven 24 Fév - 21:53 | |
| INSEREZ UNE IMAGE ICI 17h. J’avais encore bien choisi mon heure. Maudit, je suis maudit. C’est vrai quoi, quoi de pire pour un hypersensible sensoriel que de se retrouver perdu au beau milieu d’une mer de gens qui lui sont complétement inconnus ? Je sens que je suis sur le point de me noyer mais j’essaie de garder la tête hors de l’eau malgré tout. Surtout ne pas perdre le contrôle. Ouais, c’est ça, faut que je maintienne le contrôle sur mon putain de corps pour m’empêcher de faire des conneries. Alors que je me concentrais pleinement pour ne pas flancher, un connard me bouscule. Et encore, bousculer, c’est un grand mot. Un effleurement. Chose tout à fait banale qui fait partie de la vie urbaine. Sauf que moi, il ne m’en faut pas plus pour perdre la boule. Mon esprit est aussitôt assailli par une série d’envies de meurtre aussi sanglantes les unes que les autres. Je m’imagine déjà en train d’éventrer ce mec, de lui arracher ses organes un à un avant de l’ajouter à ma collection. Je me pourlèche les lèvres à cette pensée. J’veux pas que ce spectacle qui se déroule à l’intérieur de ma boîte crânienne cesse. J’suis à deux doigts de prendre mon pied, là. Sauf que comme je m’y attendais, la crise de panique me guettait. C’est ce qui arrivait toujours quand quelqu’un venait à me toucher. Le contact avec d’autres humains me répugnait à un tel point que ça me foutait dans tous mes états. Quelques secondes à peine après la bousculade, j’peux sentir mon cœur se contracter. J’suis soudainement victime de bouffées de chaleur. J’suis pris de vertiges tellement violents que j’me sens comme sur un bateau en pleine tempête. Mes poumons manquent d’oxygène. J’ouvre la bouche pour avaler une bouffée d’air frais mais rien à faire, cette putain d’impression d’étouffer est toujours bien présente. J’ai l’impression que j’vais exploser d’une seconde à l’autre. Je puise dans mes dernières forces – moi ? avoir tendance à l’exagération ? Noooon – pour me traîner jusqu’à une ruelle sombre. Une fois à l’abri des regards, je m’adosse à un mur et me laisse glisser le long de celui-ci, tenant de retrouver mon calme. C’est fou ce que je déteste être en proie à ce genre de crise. Terrassé par son hypersensibilité, si c’est pas pathétique ça … Parfois, je m’en voulais d’être moi. Mais bon, j’ai pas le choix, c’est dans mes gênes, faut que je vive avec ce fardeau. Quand je sens que ça va un petit mieux, j’tente de me relever. Mes jambes ont l’air d’avoir quitté leur état de spaghetti et d’être à nouveau apte à me soutenir. Well. Ca veut dire que je vais pouvoir rentrer chez moi sans avoir à passer la nuit dehors. Quoiqu’il en soit, je vais essayer d’éviter les rues surpeuplées à l’avenir, c’est pas bon pour mon p’tit cœur.
Après ce petit incident minime et on ne peut plus courant, j’décide de rentrer. J’crois que j’en ai assez vu pour aujourd’hui, je tiens pas à devoir affronter un autre malaise de ce genre pour avoir jouer les fifous en me jetant dans la foule. C’est pourquoi je fais un nombre incalculable de détours pour éviter les rues un peu trop bondées à mon goût. J’ai les nerfs à fleur de peau, encore sous le choc de cette bousculade. Comme à chaque fois, j’arrive pas à m’en remettre. Mon corps refuse de passer à autre chose. C’est assez chiant. Surtout au moment où mes guibolles décident de me faire une feinte en se paralysant net. On va mettre ça sur le compte du choc post traumatique nerveux. Bref, qui c’est qui se retrouve la gueule par terre ? C’est Bibi. Sauf que moi je peux rien faire comme tout le monde. Il faut même que je tombe de façon originale pour me démarquer du bas peuple, c’est pourquoi au lieu de simplement chut comme la plupart des gens normaux, je me fracasse la tête au sol avec tant de violence que mes mâchoires s’entrechoquent. J’ai pas le temps de dire ouf que déjà, je perds connaissance. Décidément, c’est vraiment pas ma journée aujourd’hui. Manquerait plus qu’un psychopathe malintentionné me mette la main dessus pour couronner le tout. Enfin soit, parlons pas de malheur. Je tiens à préserver mon corps en un seul morceau tant que cela est possible. Puis rien que l’idée que quelqu’un d’étranger puisse me toucher me fait frissonner. BREF, voilà, même inconscient j’espère que je vais me réveiller vite fait bien fait parce que c’est pas que ça m’enchante pas d’être à la merci de tous les tordus du coin mais c’est tout comme.
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Ivanna S. Mihailovic
◭ messages : 98 ◭ date d'inscription : 19/02/2012 ◭ ancien métier : journaliste
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: ma folie. ◭ mon crime: être folle justement, tiens.
| Sujet: Re: « Les fous passent, la folie reste. » feat Ivanna Mar 28 Fév - 18:03 | |
| Le glissement aigu de la fermeture et voilà tes mains qui plongent dans le sac, agitées de tremblements qui rendent difficile la pourtant si simple entreprise que celle de saisir ton porte-feuille. Les gens attendent. Et l’homme attend. Le regard posé sur toi, la mine patiente sur laquelle tu vois transpirer cet air pervers qu’il t’arrive de déceler partout où il n’est pas, les jours de dépression. Ses bras croisés, tu les imagines déjà t’arracher ton bien et s’enrouler autour de ton corps, lequel suinte déjà de dégoût par tous les pores. Un sourire exagérément forcé barre tes traits fermés, tu nages dans l’embarras alors que tu mets une éternité à attraper cette putain de pochette de laquelle il suffit de tirer un unique billet pour payer la bouffe du soir. Enfin, c’est fait. Le froissement du plastique quand tu fourres sans pitié l’achat dans les entrailles de ton sac, tandis que l’homme te remercie d’une politesse hypocrite à tes oreilles affolées. Tu lèves les yeux, tu te demandes si lui aussi il est là pour payer l’insondable crime de ses jours brillants de l’autre côté d’un monde déchu et rongé par la cruauté. L’impression que ses rétines agressives t’agrippent et te dérobent alors que tes pas te portent partout sauf près de lui. Il se demande ce qu’il t’a fait. Mais dans ta folie délirante, tu n’apprécies pas bien les réelles intentions des gens. Tu imagines toujours qu’il y a quatre vingt-dix pour cent de glace sous la lumière d’un sourire, sans te rendre compte que ce sourire peut être sincère. Cette fois, le regard de l’homme te rappelle quelqu’un d’autre. Ce brun aux cheveux comme les lames qu’il a à la place du cœur, ce taré qui te harcèle, espionne, décompose le moindre de tes gestes. Il a les yeux qui germent dans ton dos même en son absence, qui glissent le long de ta peau comme un liquide visqueux. C’est comme s’il te découpait des yeux, t’ouvrait le ventre, pourrissait ta chair. Tu es persuadée qu’il s’intéresse à toi, et ça t’obsède tellement que tu le vois caché partout. Ca irait encore, si l’amour que tu le crois te porter n’était pas, en plus, sublimé d’une flamme agressive fouaillant ton âme au grand jour. Le rouge de ses lèvres, le bleu de ses yeux, le brun de ses cheveux. Autant de couleurs criardes qui peignent tes jours sur le cercueil où tu voudrais presque te confiner pour lui échapper.
Tu renifles et baisses la tête. Ton sac vient choyer tes hanches dans un balancement lancinant à mesure que tu avances dans les ruelles du centre ville. Tu as mal aux jambes à force de te presser, mais tu imagines l’ombre vorace te courir après dès lors que le pavé n’est foulé que de tes pas solitaires. Tu caches ta peur mais elle se répand autour de toi et te pointe de sa flèche accusatrice. Tout le monde peut la sentir à des kilomètres ; elle traîne derrière toi dans les flaques d’eau qui flattent les ratés du bitume. Elle te colle un bandeau sur les yeux. Tu regardes sans voir. Les rangées d’immeubles comme des soldats, l’arme au poing. Les bouches d’égouts comme des gueules béantes prêtes à t’aspirer dans les sous-sols pleins de cadavres. Tu respires trop fort, on t’entendrait jusqu’aux derniers étages, fenêtres closes. Ellipse temporelle. Depuis combien de temps tournes-tu en rond dans les rues ? Labyrinthe psychédélique. Tu t’enfonces au cœur de la noirceur, la solitude en étendard tant les pas censés n’osent avancer dans des ruelles si tortueuses, si étroites, si obscures. Tu t’arrêtes. Saccadé est le rythme de ton souffle, déchirant est le sifflement dans tes oreilles qui semblent déceler des bruits inquiétants à chaque tournant. Et pourtant, quand tu te retiens au mur à chaque arrêt, c’est le silence qui reprends ses droits. Toujours.
Toujours, sauf cette fois. Juste derrière ce bâtiment. Un bruit de chute, lourde, dure. À peine étouffée par le froissement des vêtements. Aplanie contre le mur gelé, tu pries pour te fondre avec le décor, mais la blondeur de tes cheveux rayonne comme le soleil qui ne brille pas dans ce ciel sombre. Malgré tout, tu avances, tu passes un œil de l’autre côté en bloquant ta respiration souffreteuse. La masse uniforme écroulée sur le sol continue, elle, d’inspirer, à en croire le mouvement régulier du dos qui coulisse sous la veste noire. Incompréhension. Et si c’était un piège, te demandent frénétiquement les voix affolées de ta dépression ? Mais c’est trop tard, tu es agenouillée près de lui et reconnais le visage de cet homme. Le sang, s’échappant d’une mince plaie sur le front, peint de sa jolie couleur des arabesques abstraites sur ses traits, lesquels semblent encore prisonniers de l'appréhension. Les yeux fouillent les alentours, mais tout est désert. Comment a t-il pu atterrir là ? On dirait qu’il est tombé comme une mouche. Toi, tu te rappelles que ça t’est déjà arrivé, après des crises d’angoisse. Tu as fini à l’hôpital, une fois. En tous cas, le fait de le voir là, étendu, à la merci de tous les tarés rôdant dans ces ruelles si malfamées, ça te rassure un peu. La faiblesse dans ses veines, l’inconscience, tu n’imaginais même pas qu’il puisse en être la victime un jour. Tu cesses de le voir comme le harceleur intéressé, dérangé portant presque fièrement sa pancarte de gros méchant lorsque tu te le représentes. « D… Dante ? » Tu ne sais même pas comment tu connais son prénom. Ni pourquoi tu restes là avec l’envie de l’aider te sortant des tripes comme un féroce diablotin. Il te harcelait, te hantait, mais quelque chose dans son apparence, si fragile, en cet instant, t’insuffle l’empathie qu’il faut pour le secourir. Peut-être qu’il a tué des gens. Peut-être qu’il t’aurait tuée, en te trouvant évanouie dans les entrailles de ce labyrinthe. Mais une chose est sûre : si tu le laisses là, un type pas net bourré d’intentions mauvaises tombera dessus après toi, et celui-là, il en fera son dîner. Et puis, tu voudrais comprendre. Comprendre pourquoi il te regarde avec tant d’insistance et d’agressivité mêlées. Mais il ne répond pas, perdu dans les méandres de ce somme improvisé.
Un autre bruit troue le silence. Raclement de talons sur le pavé, puis plus rien. Tu es persuadée d’avoir bien entendu. Le souffle rauque se joue encore dans tes oreilles qui bourdonnent. Déjà, tu vois la lame d’un scalpel te mordre la peau du cou et tu recommences à t’affoler. Il fait froid, il fait sombre, et tout le monde sait qu’il ne faut pas traîner dehors dans ces rues, à Falkenberg. Ni une, ni deux, tu te relèves, attrapes l’inconscient par le tissu recouvrant ses épaules et le traînes jusqu’aux portes de l’immeuble le plus proche. Tu te bats avec le panneau de vitres sales et batailles encore pour faire rentrer la masse de vêtements qui te semble peser une tonne. Le cœur affolé cogne dans sa prison d’os, et tu as peur qu’il rompe tes côtes pour battre plus fort encore. Dans la cage d’escaliers miteuse, tu te terres dans un recoin sombre et attends dans ta cachette improvisée, retenant ton souffle. Est-ce encore le fruit de délires psychotiques, ou l’homme qui vient de passer devant le bâtiment est-il vraiment l’un de ces tarés assoiffés de sang ? Ta tête est sur le point d’exploser. Un grognement inintelligible te fait sursauter, et tes mains moites attrapent sans réfléchir le cou de l’homme qui émerge à peine, reprenant peu à peu connaissance. La panique guide tes gestes et tu es incapable d’imposer à ces derniers le veto de la raison, alors tu resserres ta poigne, prête à l’étrangler au moment où Dante s’apprêtera à te sauter dessus. Ton visage est déformé par un mélange étrange de rage et de peur lorsque tu craches au visage du brun, dans un hurlement rocailleux incontrôlé : « tu me feras pas de mal ! » Il est là, adossé fébrilement au mur jusqu’auquel tu l’as traîné, le sang laissant toujours sa trace sur ses joues comme des larmes rougeoyantes et, après ta frayeur indicible, tu t’attends tellement à ce qu’il veuille posséder ou mutiler ton corps comme ton esprit, que tu refuses de lâcher ta prise pour le laisser reprendre correctement son souffle perdu.
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