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  à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna

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Ivanna S. Mihailovic

Ivanna S. Mihailovic



◭ messages : 98
◭ date d'inscription : 19/02/2012
◭ ancien métier : journaliste

De quoi es-tu coupable ?
◭ mes complices: ma folie.
◭ mon crime: être folle justement, tiens.

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MessageSujet: à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna    à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna I_icon_minitimeMar 21 Fév - 11:48


 à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna 814716stockparmarleysmith1  à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna 842192stockparglassskin2  à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna 357114stockparglassskin4


L’or de tes cheveux s’égraine et vient choyer ta nuque, dans une cascade presque blanche à la lumière d’un pâle soleil. Tu disperses leurs mèches autour de ton visage, laisse mourir l’élastique dans le sable. Tu ne sais pas à quel point l’aura qu’elles éparpillent autour de ton visage te rend belle, et tu te souviens que, petite, c’étaient des boucles qui se balançaient au rythme de tes pas. Finalement, tu as fait comme tes cheveux ; le temps t’a usée, grattée, rongée, et aujourd’hui tu es aussi plate que ces malheureuses mèches flottant misérablement sur tes frêles épaules. Erosion qui te semble éternelle, toi qui regardes encore le monde du haut d’un âge pourtant si jeune. Douleur existentielle qui ne lâche plus ton ventre. D’aussi loin que tu te souviennes, tu as toujours eu cette obsession de t’envoler, découvrir l’autre bout de ce monde en priant pour qu’il soit meilleur. Tes yeux ont toujours vogué vers ce point où l’infini coupe l’horizon, te laissant hagarde, fébrile, animée par ce perpétuel mouvement vers une liberté aujourd’hui déchue. Les affres monstrueuses de ta folie t’ont mangé les ailes, tu sens le liquide poisseux te couler dans le dos, coller tes plumes, t’engluer dans cet au-delà entre la vie et la mort où tu ne sembles même plus exister seulement. Ce goût de fer contre le palet, tu pourrais presque l’avaler avec tes regrets.

Tu voudrais sentir encore la brise fraîche des vrais bords de mer. Ici, le temps semble distendu, et l’air immobile, te fichant dans le sable comme un piquet déserté par le souffle de la vie. Tu voudrais que le sable soit doux sous tes doigts, mais ses pâles grains te râpent la peau. L’impression qu’ils s’agrippent à ta peau, passent sous tes vêtements, cherchent à t’infiltrer eux aussi, à s’insinuer partout, jusqu’à ne faire de toi plus qu’une statue de poussière. Jamais tu n’as eu la peau si blanche. Ca t’étonne presque de ne pas voir à travers tes doigts lorsque tu les tends devant toi, avec le sentiment qu’ils ne t’appartiennent même plus. La mélancolie te remplit comme de l’eau. Tu as peur de te noyer. Et pourtant, tu ne peux t’empêcher de revenir ici, étendue dans cette immensité vide où il n’y a plus que ce lac, et toi. Solitaire, seule. Ce lac, et toi qui voudrais voir au-delà de ses eaux sombres… Tu clignes des yeux, tu tires dessus, tes phalanges blanchissent sous l’effort. Mais il n’y a rien. Rien que cette ville perdue au milieu d’un néant fouaillé par la misère humaine, cette ville où tournent les âmes les plus torturées, les plus impitoyables. Tu entends presque leurs cris monter comme une litanie dans l’air figé de cette après-midi déserte.

À côté de toi, ce vieux carnet au dos usé. Tu ne crois pas avoir déjà mis les pieds quelque part sans l’avoir d’abord caché sur toi, comme pour te donner confiance, te dire que la liberté comme échappatoire est encore là, quelque part. Enfermée dans les lettres que tu jettes sur le papier, sans qu’elles n’aient plus beaucoup de sens passées les deux premières pages. Oui, tu veux croire que tu es encore un peu libre, libre de confiner tous les écrits que tu veux dans ce petit cahier. Aujourd’hui, tu le tords contre tes jambes repliées vers toi, et tu continues d’y jeter en pagaille des sentiments que tu crois avoir. Tu parles de cet endroit, où tu viens, comme si souvent, te recueillir en espérant sans y croire qu’un jour, l’autre bout du monde voudra bien de toi à nouveau. Et tu parles aussi d’elle. Cette femme, cette magnifique femme que tu as rencontrée l’un de ces jours où ton inconscient avait happé toute pudeur. La façon dont tu l’as aguichée. Et celle qu’elle a eu de te répondre. C’était simple, c’était une folie, mais une folie tellement délicieuse qu’elle a scellé vos deux cœurs d’une amitié fusionnelle et aussi indicible qu’elle est forte. Daenarys, tu l’aimes, malgré l’étrangeté d’une relation suivant les courbes de vos psychismes instables. Tu ne saurais dire pourquoi, mais sa présence, sa voix, sa chair lorsqu’elle frôle la tienne… Tout, en elle, te rassure. Elle est la brise qui te manque pour respirer, celle qui te donne l’illusion de la liberté en s’engouffrant doucement dans tes cheveux.

Qu’elle reste avec toi toujours. Tu ne le lui avoues pas. Tu ne te l’avoues peut-être pas non plus. Mais c’est néanmoins ce que tu veux. Les mots dont tu couvres frénétiquement les pages de ton mémoire recèlent ce secret dans leurs sous-entendus inconscients. Et pourtant, aujourd’hui, c’est la dépression qui te pousse à écrire. La peur. Elle ne veut plus de toi. Ses yeux te harcèlent dès lors que tu oses les regarder, ils te jettent des aiguilles à l’instar de ses lèvres qui te percent de leurs mots mortifiants. Elle ne veut plus de toi. Distance, échafaud de ronces qu’elle dresse entre vous. Ca n’arrive pas si souvent, qu’elle soit blessante ou fuyante, mais toi, tu as l’impression que c’est ton lot quotidien. Incompréhension. Ton poignet tremble et les contours des mots dansent avec lui, à mesure que tu enfiles les questions comme des perles au fil des pages. Pourquoi ? Tu veux comprendre. Ton corps entier tremble. Tu veux comprendre. Les phrases coulent comme du sang sur les pages usées, et bientôt elles deviennent illisibles, alors tu lèves enfin le crayon. Ca t’a fait du bien, te confiner tout ça dans le carnet. Lorsque tes yeux rencontrent à nouveau l’horizon, tu es prise d’une soudaine attraction pour l’étendue d’eau qui viendra bientôt lécher tes pieds.

Jeté à tes côtés, le cahier s’enfonce dans le sable qui le cache. La plage est déserte, et une formation rocheuse te cache du reste du monde. C’est sans réfléchir que tu détaches ton unique robe noire et que tu la laisses comme un chiffon sur le grain diaphane du sable. Nue, tu entres dans l’eau, oublies qu’elle est gelée et réprimandes tes frissons. La morsure du froid sur tes bras, tes jambes, tes seins. Bientôt, le bout de tes cheveux trempe à la surface immobile, et seul ton corps en mouvement dessine des creux dans un lac abandonné des courants marins, qui poussaient autrefois les remous d’un air salin jusqu’à tes narines d’enfant. Tu pénètres dans l’eau, y enfouis ton visage et cesse de respirer. Ca te brûle partout. Parfois, tu imagines rester là, laisser les abîmes de Falkenberg t’engloutir. Et tu as même oublié pour quelle raison tu chassais ces pensées et venais encore retrouver la surface.

icons: marley smith et glass skin.
quote: bruce chatwin.

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N. Daenarys Ashes

N. Daenarys Ashes



◭ messages : 279
◭ date d'inscription : 19/02/2012
◭ ancien métier : tatoueuse/artiste.
◭ âge irl : 31
◭ date de naissance : 20/03/1993

De quoi es-tu coupable ?
◭ mes complices: l'amour.
◭ mon crime: avoir créer les abîmes de feu, protéger celui que j'aimais dans leur chaleur.

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MessageSujet: Re: à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna    à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna I_icon_minitimeMer 22 Fév - 15:35

 à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna Tumblr_lzog3cVSJP1qf0ksao1_500

LIFE GOES, FAILURES STAY.

Je marche. Je marche sans vouloir m'arrêter, tuant le temps à chaque pas que je laisse derrière moi. Presque habituée à l'atmosphère lugubre qui règne en ces lieux, je laisse les brises volatiles s'échouer sur mes os frêles sans méfiance. Le claquement de mes talons contre le bitume délaissé résonne, laissant quelques échos insignifiants se perdre un peu plus loin. Toute l'amertume de mes regrets transperce le kérosène insipide. Assaillie par les mémoires nocives, j'entre dans cette phase incomprise. Mon venin se prolifère à l'intérieur des nerfs qui m'habitent. Mon sang bouillonne, il termine sa course en explosant dans les cavités de mon muscle moteur. Sans vraiment comprendre pourquoi, je n'ai plus la force de fuir cette inconnue que je suis devenue. Mes poumons essoufflés se déchirent presque lorsque l'oxygène glacé vient remplir le vide qui y siège. Dans l'enchaînement des non-dits, je laisse mes songes devenir poussières. Il n'y a pas de lieu auquel j'appartiens si ce n'est que cette fissure au centre du monde. Les âmes impures parcourent ce sol et leurs crimes apparaissent comme une nouvelle religion, dont la seule divinité se prénomme Cruauté. Des monstres, des doctrines brisées par des colosses dotés d'une réalité si coupante que la compassion n'est plus qu'un mythe. La navigation de mon instinct s'effectue dans l'inconnu qui parsème mes veines, un brouillard frivole se disperse dans les compositions infernales de mon être. J'ai été bafouée par les pêchés des limbes, laissée pour morte sur une route abandonnée par la raison. J'exulte mes peines dans les croquis fugitifs que ma main dessine et mon esprit s'endort sous la calomnie de mes désirs libertins.

Mes rêves ont été broyé par les duplications nauséabondes et mes sentiments n'ont enchaîné qu'un tourbillon dévastateur. Les mots que je chérissais tant font aujourd'hui partie de mes cauchemars les plus douloureux. Chaque lettre est écorchée, chaque ligne est supprimée par la haine de m'être laissée faire. Tout perdre n'est jamais facile. Il y a cette montagne en face de moi, la montagne des ruines de mon propre empire et j'en perds mon sang silencieusement. La cadence de mes réflexions personnelles m'a conduit jusqu'à la plage de l'Atlas. L'odeur marine s'infiltre dans mes narines. C'est comme un vent de liberté que personne ici ne peut toucher du bout des doigts. Le silence impassible de cette après-midi creuse un peu plus le vide régnant dans mon âme malade. J'observe d'un œil admiratif l'horizon insaisissable de l'Atlas. Cette limite entre nous et les autres, cette différence inconcevable qui nous vaut à tous notre place dans la ville des damnés. Assez inconsciemment, j'enlève mes talons pour sentir les grains de sable sous mes pieds. La température extrêmement basse ne m'empêche pas de vouloir sentir encore et encore. J'étais partie en quête de sensation, en tentant d'oublier cette insensibilité qui s'amuse à ronger les dernières douceurs naïves que mon squelette détient. Le vent s'amuse, il me porte presque à chaque souffle violent qu'il laisse s'échapper. La blancheur cadavérique de la plage apaise mes rétines sulfureuses. Je continue à avancer, marquant mon passage avec la forme indistincte de mes pas.

Une bouffée d'air frais, l'appellation des absents dans nos cœurs se réveille ici. À l'aube de notre enfer, l'autre monde ne peut comprendre ce sentiment. Il n'y a que nous, peuple oublié et délaissé dans l'anonymat le plus puissant. Le souffle violent fait tourbillonner mes cheveux usés. Ils se perdent devant mon visage osseux. Il fait froid mais je respire, comme si on m'offrait une trêve après tous ces mois de lutte et de guerres incessantes. Je suis conquise par la sérénité de l'eau immobile. J'observe sa surface obscure et brillante comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art. Je sens mon regard attraper le moindre détail, comme si mon inconscience me poussait à trouver quelque chose ou quelqu'un. Il y a cet oiseau noir qui transperce le ciel dans un croassement déchirant, il y a les bancs anciens et abandonnés par la vie et puis il y a cette forme rectangulaire, dissimulée par quelques grains de sable insignifiants. Le défaut éternel de la curiosité me fait m'asseoir aux côtés de l'objet inconnu. De ma main, j'enlève les grains vagabonds pour découvrir que l'inconnu est un carnet sans nom. Je l'attrape et l'ouvre en l'absence de son propriétaire. L'endroit est vide, aussi vide que le fond de mon regard. Ce dernier court sur les quelques lignes écrites à l'anarchie. Captivée par la découverte, mes prunelles fouillent à travers les lignes et dans une stupéfaction incompréhensible, elles se posent sur un prénom. Daenarys. Le rythme cardiaque s'accélère. J'entends son tambourinements au creux de mes tympans. Je parcoure les lignes, les pages et je comprends. Je devine à qui appartient ce carnet.

À cette idée, mes émotions s'entre-choquent. Les cendres cachées se rallument, je sens la chaleur remplir mes veines sans pouvoir l'arrêter. Je frissonne. Mes phalanges opalescentes tremblent qu'on puisse encore me donner une telle importance. Inconsciemment, ça me guérit mais je ne me l'avoue pas, non. Je ne veux pas le croire. Il ne faut pas. Pour son bien, pour ne pas la faire souffrir car je sais à quel point l'agressivité peut m'ensevelir et me tenir prisonnière. Les ombres qui m'écorchent sont trop brutales pour l'innocence qui remplit ses traits. Ivanna est cette luciole au fond de mes nuits, cette fragilité que je ne veux pas salir avec la démence. Elle mérite autre chose. Des sourires et des faisceaux lumineux pour la réchauffer de sa tristesse frigide. Il est impossible que je lui fasse subir une autre injustice, d'ailleurs qu'est devenue l'injustice ici ? Et pourquoi une personne aussi douce qu'Ivanna se retrouve à Falkenberg ? Stupidités. Ma cage thoracique se soulève toujours un peu plus à chaque ligne que mes yeux emprisonnent. Fallait-il vraiment que je lui cause autant de tourments ? Une furie incontrôlable s'empare de mes sens. C'est la furie de ma culpabilité, elle scarifie ma raison plus qu'elle ne l'est déjà. Bientôt tout retournera à la poussière. Mon corps sera oublié, dans ce lac ou même en enfer. Une tendre souffrance s'éprend de mon esprit lamentable face à ces mots déstructurés. Ivanna, j'aurais aimé savoir te donner cette force de t'échapper, de t'éloigner le plus loin possible de tout ce que j'incarne mais je ne suis qu'une égoïste et je suis en train de t'entraîner dans ma chute, alors que tu tentes certainement d'arrêter la tienne.

Cette colère que je ressens envers moi rend ma respiration difficile mais je suis incapable de détourner le regard des sentiments retranscrits sur le papier abîmé. Peut-être que je n'aurais pas du lire mais ce qui est fait est fait. Mes mèches de cheveux virevoltantes tentent d'arrêter ma lecture mais même le vent ne peut rien contre la vérité et la vérité, c'est sans doute que personne ne peut m'aimer sans s'en sortir vivant.
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Ivanna S. Mihailovic

Ivanna S. Mihailovic



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MessageSujet: Re: à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna    à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna I_icon_minitimeVen 24 Fév - 15:15


La langue râpeuse des fonds du lac vient lécher tes pieds, enroule son sable rendu visqueux par les eau noires autour de tes chevilles, et c’est presque comme si tu sentais des lianes entortiller tes jambes pour mieux te retenir. Te noyer, t’entraîner dans les monstrueuses abysses dormant sous la plage, et dans laquelle tu imagines déjà s’entasser les ossements des plus machiavéliques criminels. Sables mouvants. Tu t’enfonces, incapable de reprendre pied, et une décharge électrise ton pauvre cœur meurtri par la peur de rester enchaînée au fond de ce lac, offerte en pâture aux âmes décharnées, aux visages disséqués, aux envies meurtrières des plus dangereux qui en veulent encore à la chair et au sang. À imaginer les cadavres rongés par la mort comme si tu les voyais, tu sens presque les vers se tordre sous ta peau. Tu te débats malgré le froid qui t’étrangle et ankylose tes membres, te rappelant la seringue déchirant ton bras pour t’anesthésier et t’envoyer dans ce gouffre sans fin. Ce gouffre qu’ils appellent Falkenberg. Tu te débats mais tu n’y vois rien, et tes cheveux encerclent ton visage comme des serpents voraces. Partout, les crânes émiettés se réveillent et te pourchassent, et tu veux leur échapper, te secouant dans l’eau en oubliant qu’ils n’émergent que dans ta misérable tête torturée par la psychose. Tu sens encore le sable gratter ta peau, grimper, te ligoter, et à l’idée qu’il va t’arracher ta liberté, tu ouvres la bouche comme pour hurler. L’eau qui s’engouffre dans tes poumons te gèle de l’intérieur, elle est comme un million d’aiguilles venues te percer pour mieux te couler, et elle te fait un mal de chien.

Depuis combien de temps retiens-tu ton souffle ? D’un coup acharnée par l’envie folle de fuir les fantômes des tréfonds marins, tu pousses contre le sable et sens à nouveau l’air frais balayer ton visage, lui offrant l’échappatoire à cet enfer d’ombres mouvantes. Tu inspires et ça te brûle la gorge, et tu tousses, et tu craches tout ce qui s’était impitoyablement enfoncé dans ton corps. Tu sens comme des flammes te lécher les entrailles à mesure que tu te précipites vers la plage, enragée par la résistance que présentent les flots face à ton corps nu et qui te ralentit. Tu t’embourbes dans tes délires en imaginant encore les spectres décharnés tendant leurs longs doigts vers ton visage de poupée, tu trébuches, tu t’effondres misérablement à l’endroit où les flots viennent caresser le rivage. Les remous viennent fourmiller contre ta peau ; tu les sens qui montent, descendent, remontent. Lorsque tu redresses la tête, tout ce qu’il y a de moins blanc que le sable, c’est cette silhouette assise quelques mètres plus loin et que tu reconnaîtrais entre mille. La blondeur opalescente de ses cheveux danse au hasard autour de ses traits fins, s’accrochant parfois aux lèvres rosées qui font, de leur expression, écho à la surprise plaidée par le bleu de ses yeux. La première chose qui te frappe, c’est sa beauté presque irréelle. Mais, lorsque tu reprends tes esprits, ce dont tu te souviens, c’est que tu es parfaitement nue ainsi écroulée dans le sable boueux, et que nulle part tu ne vois contraster, avec cette blancheur à en crever les yeux, la forme noire de ta robe. Les yeux s’écarquillent, les mains essayent de cacher tes formes les plus intimes dans un réflexe censé. Tu te rappelles encore la première fois que vous vous êtes rencontrées, Daenarys et toi. À ce moment là, la pudeur semblait s’être totalement évaporée de ton corps. Mais maintenant, tu es prise de panique, car tu es dans l’une de ces phases que les médecins évoquaient sous l’appellation de « dépression, » et tu fais marche arrière pour que l’eau reprenne ton corps et le cache. Tu voudrais cracher tellement tu maudis celui ou celle qui a volé tes vêtements, et tu es tétanisée à l’idée de devoir restée éternellement plantée dans cet effrayant lac. Ton cerveau commande d’appeler Daenarys à l’aide, mais l’ordre se perd et tes lèvres ne font que trembler dans le silence, alors qu’en toi c’est l’explosion la plus forte.

Ca fait bien une cinquantaine de fois que ton regard balaye l’étendue déserte de la plage à la vaine recherche de ce putain de bout de tissus. Comme des essuies-glace, sauf qu’il n’empêchent pas les larmes de remplir tes yeux. Tu grelottes maintenant, tu réalises à quel point il était dément de venir te baigner nue dans cette eau à moins tu ne sais pas combien. Tes mains pantoises s’agrippent à la peau rétractée de tes bras, et tu sens les poils se hérisser sur tout ton corps dégingandé. Impossible de te réchauffer. Tu vois d’ici tes lèvres violacées, gercées. Et si tu crevais de froid, te transformais en statue et restais plantée là pour l’éternité ? Tu repenses aux monstres qui rôdent sous la surface et le cri reste bloqué dans ta gorge. Tu ne parviens qu’à murmurer dans un bégaiement pitoyable : « Da… Daenarys… » Et si elle ne venait pas t’aider ? Laissait ton être tout entier se froisser, se recroqueviller, se briser… L’image de ton corps en morceaux flottant sur le lac noir comme la mort te remue le ventre d’un tressaillement violent. Tu te sens chanceler. Les ongles crochus des défunts doivent sûrement se planter dans tes jambes pour t’attirer dans leurs bras disloqués… De toutes façons, comment savoir ? Paralysée par le gel, tu ne sens plus rien. Plus rien que cette brûlure corrosive mangeant ton épiderme comme avec le lugubre désir d’en voir toute l’intériorité. Que trouverait-on en t’ouvrant la poitrine ? As-tu toujours un cœur normal, que la folie n’a pas encore rongé ? « J’ai… f… froid… » Il ne reste plus longtemps avant que tes genoux ne ploient, plus longtemps avant que les cadavres ne déchiquètent ton corps, plus longtemps avant de t’endormir pour toujours dans les entrailles de Falkenberg… Tu trembles, tu tombes, et ton visage se perd sous la surface. Tu n’as même pas eu l’idée d’inspirer à fond. L’air t’es compté. Tu sens d’ici le parfum sinistre de la mort.

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N. Daenarys Ashes

N. Daenarys Ashes



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MessageSujet: Re: à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna    à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna I_icon_minitimeMar 20 Mar - 20:58

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Le silence s'engouffrait dans mes poumons comme une piqure de rappel. Je me souvenais de ces atrocités qui polluaient mon oxygène pour éteindre ma respiration déjà haletante. Le son percutant de mon cœur qui s'écrase contre ma poitrine était la dernière chose que faisait de moi une humaine. Un monstre fait de chair et de sang dévastant l'amour avec le vice de l'assassinat. Les sentiments que mes mains avaient enterrés dans l'abîme de mes souvenirs titillait ma démence avec provocation. Le monde déchiré sur lequel mes pieds se perdent n'est qu'un ramassis de mensonges délavés par la crainte et le déni. La division de mon esprit me permettait de choisir la folie ou la raison. Je ne faisais que naviguer entre deux eaux, incapable de choisir ma voie. Mon âme enfantine était bien trop éloignée de mes songes pour que je puisses être entièrement consciente de mes actes. Je suis le peut-être de mon existence. Je suis l'incompréhension qui noie mes propres désirs dans la lave irradiante de mes sentiments. L'exagération de mes émotions me rendaient confuse. Je refermais le carnet trouvé et le laissais tomber à nouveau contre le sable. J'ai discipliné les quelques mèches qui n'avaient cessé de s'aventurer sur mon visage scié par le néant pour ensuite porter mon regard sur l'étendue d'eau, paraissant infinie qui se trouvait face à moi. C'est à cet instant que je l'ai aperçu. Elle était là et sa tête s'échappait dans les tréfonds de l'obscurité humide. À la dérive. Sa silhouette s'effaçait dans les profondeurs de Falkenberg et une paralysie inconsciente s'est mise à dévaler dans mes muscles fragilisés pas l'absence de mouvement. Des morceaux de mon cœur se sont arrachés, en tranchant mon âme avec leurs rebords barbelés. Peut-être que je devrais la laisser mourir, pour ne plus jamais lui causer de tort. Laisser l'eau devenir maîtresse de ses poumons afin d'emplir sa poitrine enfantine. Les secondes filaient entre mes doigts, tout comme la vie s'échappait du corps de la fille à la chevelure semblable à la lune. Le doute résonnait dans mon esprit comme un meurtrier indompté. J'étais pétrifiée par mes propres pensées et soudain, je me suis rappelé que ces lignes et de cet amour qu'elle me portait mais que je ne méritais pas. J'ai enlevé ma veste et j'ai couru jusqu'à la rive pour finalement immerger mon corps tout entier dans la froideur du lac. L'eau était tellement froide. Tellement morte.

En plongeant dans la noirceur du lac, mon épiderme se mortifiait sous l'enfoncement des couteaux gelés du froid dans ma chair. Mes muscles se crispèrent dans un instinct de recule et pourtant ma conscience m'empêchait de sortir de ces eaux, de laisser mourir la douceur de cette jeune femme avalée par l'Atlas. L'obscurité m'empêchait de l'apercevoir, ma main s'avançait dans l'inconnu pour tenter d'attraper la fragilité des phalanges d'Ivanna. Ma vue ankylosée par le liquide glacial du lac. La cadence de mes battements s'amplifiait et le manque d'oxygène fissurait mon assurance jusqu'à ce que finalement ma main s'accroche à la sienne. Je la tiens, je lui attrape finalement le bras en tentant de la remonter à la surface avec le peu de force qu'il me reste. Et puis. La brûlure de l'air qui se jette dans ma trachée. Les filaments de mes cheveux s'emmêlent devant mon visage. Je nage, tout en emportant le corps d'Ivanna avec moi. Les griffes du sable se glissent à nouveau sous mes pas. Mon regard s'attarde sur la jeune femme qui tente difficilement de recracher l'eau s'étant enfoncé dans sa gorge quelques minutes plus tôt. Elle est nue et certainement crucifiée par le froid. J'attrape ma veste, laissée à l'abandon mais pourtant sèche et je la lui met sur les épaules pour qu'elle puisse se couvrir. Je m'assis à ses côtés, tout en l'entourant de mes épaules en la frictionnant maintes fois afin qu'elle puisse récupérer un peu de chaleur. Le chamboulement de mes pensées me rendait confuse. J'étais partagée entre le regret de l'avoir sauvé et le soulagement de la voir encore respirer. Si ces eaux l'aurait emporté, elle n'aurait plus jamais eu à souffrir par ma faute. Et elle n'aurait pas pris le risque de me donner cette importance qui m'assassinait sans qu'elle ne s'en rende compte réellement.

Tout en continuant à tenter de la réchauffer, je forçais la noirceur de mon âme à s'enterrer six pieds sous terre. Il fallait que tout cela cesse. Je n'étais plus certaine de savoir garder toute cette confusion en moi, je n'étais plus certaine de pouvoir regarder Ivanna dans les yeux après que l'idée de la laisser mourir m'est frôlée l'esprit et pourtant j'y avais bien pensé. Ma psyché monstrueuse s'était emparé de ma raison et je savais que c'était la dernière fois que je la sauverais en cas de danger. Peut-être qu'elle aussi s'en doutait.. Peut-être. « Ivanna, fais un peu plus attention à toi. » soufflais-je. Puis je me détachais de son corps, mettant une distance entre elle et moi. Mon regard ne la frôlait même pas, il s'était perdu dans l'horizon. Je ne sentais pas le froid me transpercer l'échine. Je ne sentais que le vide constant, cette masse nichée dans ma poitrine à la place du cœur.
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MessageSujet: Re: à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna    à l’horizon, la terre et le ciel sont confondus dans la même absence de couleurs ✈ daenarys&ivanna I_icon_minitime

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