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Zéphyr J. Bewstick
◭ messages : 366 ◭ date d'inscription : 27/03/2012 ◭ ancien métier : Prostituée ◭ localisation : Derrière toi
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: Vous. ◭ mon crime: Exister.
| Sujet: I can kill you - CZESLAW Jeu 12 Avr - 17:58 | |
| Il fait noir. Sombre. Le ciel est d'une sale couleur d'encre qui semble vouloir engloutir Falkenberg en entier. La lune est ronde, pleine, mais les nuages lourds semblent vouloir priver le pays de cette lumière blafarde. Quelques échos de cris, au loin, de hurlement funestes, lui parviennent. Ils lui tiennent compagnie. Remplaçant le silence qui absorbe sa personnalité. Elle marche, mécaniquement. Sans savoir où elle va. Sans savoir où cette marche répétitive va la mener. Traîne son corps décharné sur ses jambes trop maigres. Anorexie, culpabilité. Elle revoit le psychologue. Elle revoit son visage avant qu'il ne l'ait croisé. Et celui qu'il avait après. Le sang s'écouler de ses plaies. Encore, toujours plus.
Son corps est ici, mais son esprit n'est pas là. Elle croise des gens comme l'on croiserait des fantômes, ignorant leurs regards qu'elle sentait peser sur ses épaules. La foule l’oppresse presque autant que la solitude. Elle suffoque. Perdue entre le vide et le trop-plein. La peur et la colère. Cherche à se mêler au peuple autant qu'elle cherche à le fuir. La folie a entamé de dévorer son âme depuis longtemps déjà. Combien de temps lui reste-il avant qu'elle ne finisse par l'étouffer ? Elle sent comme une présence derrière son dos. Une présence menaçante. Inquiétante. Tu ne devrais pas être là. Elle la sent siffler dans son coup, murmurer au creux de son oreille. Elle se retourne. Ce sont les yeux des personnes qui l’entourent qui la poursuivent. Elle observe sans mot-dire la foule qui semble vouloir l'entraîner vers le bas, la noyer. Leurs regards indifférents, transparents, intéressés, haineux. Elle détaille chaque visage, dévisage le meurtrier, défigure mentalement la mère de famille qui a tué son bébé, juge sans mot dire le tueur psychopathe qui a ravagé un quartier. Elle observe ces gens et se sent intruse parmi les siens. Étrangère dans sa famille.
Elle attrape par la manche un gros barbu aux airs de travestis et lui taxe une cigarette. Se barre sans rien dire avec le briquet du type à la main. Il ne dit rien. Peut être a-t-il peur d'elle ? Elle sourit tout en le glissant dans sa poche après avoir allumé son joint. A Falkenberg, tout le monde à peur de tout le monde. Que peut bien cacher cette gamine de 17ans derrière ses nattes blondes ? Ce père de famille blafard qui bégaye quand il vous parle ? Tout le monde ici a un passé, un présent. Mais pas d'avenir. A partir du moment où tu traverses le lac à bord de cette barque. A partir du moment où le juge prononce « Coupable ». Lorsque tu sens pour la première fois le sang d'un autre tâcher tes avants-bras. A partir de ce moment-là seulement, tu te sais condamné. Condamné à errer dans les rues comme un clochard, condamné à vivre, respirer, manger, boire, dormir. Comme n'importe quel être humain. Sauf qu'à Falkenberg, il n'y a pas d'humain. Plus précisément, il n'y a pas d'humanité. Des loups dans la bergerie, bestiale comédie. Vivre ici c'est quelque part, être mort. Être mort intérieurement et condamné à errer.
Elle porte le joint à ses lèvres et expire la fumée dans l'air glacé lentement. Les rues se sont vidées. Il est tard. Très tard. Trop tard. Zéphyr s'adosse au mur d'un bar duquel s'échappe des effluves d'alcool. La lumière tamisée, les conversations qui s'enflamment, le bruit d'un coup de pistolet. Des coupables victimes de leurs folies venus oublier leur passé dans l'alcool, venant noyer leurs conneries dans un verre de whisky. Tout le monde est coupable ici, même les plus innocents. C'est sans doute ce qui rend ce bagne si effrayant. Parler, tout en sachant à qui tu parles. Tout en sachant que tu parles à un meurtrier, un violeur, un voleur, un menteur. Un coupable victime de son crime. Devoir se réveiller le matin sans savoir si tu vas te rendormir le soir. Devoir marcher tout en sachant que demain, tu n'auras peut-être plus de jambes pour te porter. La vie est si cruelle en comparaison avec la mort. Et pourtant, s'imaginer entre quatre planches, le corps rigide et froid, paraît plus dur encore que de vivre.
Le froid glacial qui balaye la rue glace son épiderme. Recroquevillée contre la surface rugueuse du bâtiment, elle attend. Sans savoir ce qu'elle attend. Sans savoir pourquoi elle attend. Se contentant de tirer une nouvelle bouffée de fumée et de l'expulser dans l'air. Évacuant poison, douleurs, questions. |
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A. Czeslaw Jakotrovietch
◭ messages : 767 ◭ date d'inscription : 15/01/2012 ◭ ancien métier : Tueur à gage, qui exerce toujours d'ailleurs. Ahem. ◭ localisation : Qu'est-ce que ça peut te faire ? Pour ne pas dire autre chose.
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: La Mafia Russe. ◭ mon crime: Tellement de choses... A commencer par ne pas être mort avec les miens, et certainement quelques exécutions et autres trucs pas clairs. Mais bon, entre nous, qui n'a jamais rêvé d'étrangler son patron ?
| Sujet: Re: I can kill you - CZESLAW Jeu 12 Avr - 21:08 | |
| dit, tu veux jouer avec moi ? De toute façon, c'est pas comme si tu avais le choix. Les effluves d'alcool lui enivraient l'esprit, sa tête en tournait, mais il ne pouvait en sourire qu'un peu plus. Oh que oui, il en souriait... Il était assis à une table d'un des bars de Falkenberg. Le... Red Lantern, c'était ça ? Apparemment. Qu'est-ce qu'il en avait à faire, strictement rien... Tant qu'il y avait à boire, de l'alcool, des clopes et tout ce qu'il voulait à volonté, il n'en demandait pas plus. Toujours est-il que la soirée était déjà bien entamée, étant donné que le temps qu'il avait passé dans ce truc miteux se comptait désormais en heures. Il était autour d'une table, avec d'autres gars du coin, des gens qu'il ne connaissait même pas. Et après ? Il n'y avait pas de règle, pour jouer. Ce n'était pas un club privé... Verre à la main, il rejoignait donc la partie. Que pouvaient-ils bien miser, ces pauvres bougres, piliers de comptoir pour la plupart ? Le peu d'argent et de raison qu'il pouvait leur rester. Et même si Czeslaw était loyal, ça ne l'empêchait pas de tricher de temps à autres... Oui, même en prison, il parvenait à faire marcher le commerce, si c'était pas beau ça ! Sauf que problème, il avait juste un verre de trop dans le nez. Pourquoi boire, alors qu'il y avait tant et tant de choses à faire ? Le cinéma, le théâtre, l'opéra... Non, pas ce soir. Ce soir, il voulait s'amuser, et vu qu'il était un peu rouillé, l'alcool était là pour l'aider. Il tenait plutôt bien la liqueur, alors, il devait y aller franchement pour obtenir un résultat à peu près convainquant. Bon, le moins que l'on puisse dire, c'est que ce soir, il avait mis la dose... Entre jeux d'alcooliques et bouteilles à volonté, on ne l'arrêtait plus, le soviétique... Il en avait l'esprit complètement embrouillé. Et il avait si chaud... Tellement chaud... Non, il se refusait à se déshabiller, car même complètement bourré, il gardait un minimum de dignité. Donc, pour se rafraîchir un peu, rien de mieux qu'une petite promenade nocturne. Il sortait du bar, le boulevard était toujours aussi noir de monde. Ne dormaient-ils donc jamais, tous ? C'était à en perdre toute notion de temps. D'ailleurs, il ne savait plus vraiment quelle heure il était... La vision légèrement troublée par la quantité monstre d'alcool qui se pavanait dans ses veines, l'ouïe toute aussi perturbée, il déambulait sur le long boulevard. Qu'attendait-il ? Que cherchait-il ? Rien, juste prendre l'air, avancer, rencontrer quelqu'un. Une soirée banale quoi. En attendant, il sortait une clope de son paquet, la portait à ses lèvres. Une première allumette grillée, un léger tremblement imperceptible, et celle-ci tombait avant même qu'il n'ait pu embraser le bout du bâtonnet de nicotine. Deuxième tentative, toute aussi vaine. C'en devenait vraiment agaçant ! Il passait pour quoi dans ça hein ? Pour un abruti ? Oui, et puis, de toute façon, ce n'était que ce qu'il était dans cet état second. Il n'était pas vraiment lui. Ou plutôt sa partie sombre décuplée. Enfin, l'ultime tentative fut la bonne, et c'est avec satisfaction qu'il tira une première fois dessus. Amer goût de victoire. Cette dure étape franchie, il continuait d'avancer, titubant légèrement par moment. Quelques personnes ne l'ayant pas vu sortir du bar auraient juré qu'il n'était pas net. Remarquez que dans cet état, il n'était pas net non plus. Souriant aux anges, il poursuivait sa route. Pourvu qu'il trouve un peu de distraction avant d'arriver chez lui ! Et pendant ce temps, le froid continuait de mordre ses avant-bras qui restaient nus. Il n'avait pas de veste, pas de manteau sur lui. Juste une chemise blanche comme la neige. Presque aussi pâle que son teint. Il faisait froid, mais s'en rendait-il vraiment compte ? L'alcool le réchauffait. L'ambiance le réchauffait. Plus rien ne fonctionnait correctement chez lui, et ça l'amusait. C'est alors qu'il l'aperçut... Elle, une pauvre inconnue, adossée contre un mur. De loin, ce n'était qu'une tache. Ma sa curiosité maladive l'avait poussé à se rapprocher, alors, n'écoutant que son instinct, il s'était exécuté. Une jeune femme. Peut-être une dame de joie. Après tout, ainsi installée contre un mur à attendre le levé du jour... Allait-il se ridiculiser ? Oui, peut-être, et après ? Il était bourré, il ne s'en rendait pas compte. Et puis, qu'est-ce qu'il en avait à faire franchement. Il s'approchait de la demoiselle, posant une main contre le mur pour s'appuyer, et il se contenta de la fixer, le temps de jeter son mégot au sol. Un léger hoquet venait le troubler, mais il n'y prêtait pas attention. « Que prendrait *hips* mademoiselle pour passer une nuit *hips* en une si charmante compagnie que serait la mienne ? *hips* ». Il posait une main sur sa joue, et souriait, de manière totalement débile. Il voulait s'amuser un peu. Comment réagirait-il si elle le repoussait ? Il aviserait, comme d'habitude, sauf qu'il n'était vraiment pas d'humeur patiente... [HJ : Pour l'instant, il ne l'insulte pas, mais il n'avait pas de raison pour donc je pense plutôt qu'il va piquer sa crise à cause de Zéphyr. ]
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Zéphyr J. Bewstick
◭ messages : 366 ◭ date d'inscription : 27/03/2012 ◭ ancien métier : Prostituée ◭ localisation : Derrière toi
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| Sujet: Re: I can kill you - CZESLAW Sam 14 Avr - 9:40 | |
| La fumée l'enveloppait, l’entourait complètement. La rue était déserte. Elle s'était vidée de sa population. C'est fou. Quelques secondes plus tôt, il y avait des gens. Maintenant, il n'y avait plus personne, si ce n'était Zéphyr et le fantôme de sa solitude. Elle étouffa un rire nerveux et manqua de s'étrangler avec le nuage gris qui envahissait ses poumons. Quelques loubards passaient de temps en temps, rapidement, sans se préoccuper de sa présence. Elle se sentait invisible. Irréelle. Les gens passaient sans la voir. Semblaient fixer le mur derrière elle sans pouvoir discerner sa silhouette. Invisible. Elle s'affala davantage contre le mur et tira sur sa cigarette, les yeux clos. Se renfermant sur elle-même, se protégeant du monde extérieur, trop froid, trop dur. C'était pas une meurtrière, la Zéphyr. C'était un pantin démantibulé auquel on avait coupé trop de fils, trop tôt. La jeter dans cette prison c'était comme jeter une brebis dans l'enclos des loups. Un petit amuse gueule pour les plus gros poissons. On attendait de voir à quel moment elle se ferait gober.
Elle sentait ses pensées qui s'envolaient avec les volutes de nicotine qui franchissaient allègrement la porte de ses lèvres entrouvertes. Quelques mois plus tôt, elle se trouvait encore à Boston. Une fille normale parmi des gens normaux. Un mouton se mêlant à la masse bêlante. Sans se poser de question, sans se demander où est-ce que la vie allait la mener, elle avançait. Quelques secondes avant d'avoir tué cet homme qui avait été son père en un jour lointain, elle était innocente. Lorsque l'ultime souffle du géniteur avait été craché à la figure de la mort, elle était coupable. C'était trop compliqué, trop dur, de penser à vivre une vie normale au milieu des gens anormaux qui peuplaient son nouveau pays. Le mieux à faire, c'était de se fondre dans le décor. De disparaître au milieu du mauvais béton qui composait le mur et de se faire oublier. Si tu gueule trop fort ici, tu ne te relèvera pas. La loi de la survie impose aux faibles de faire profil-bas.
Un hoquet l'arracha de ses pensées. Elle ouvrit les yeux pour se trouver nez-à-nez avec le regard sombre d'un espèce de dépravé qui la dépassait d'une demi-tête environ. Elle se contenta de le dévisager, impassible. « Que prendrait *hips* mademoiselle pour passer une nuit *hips* en une si charmante compagnie que serait la mienne ? *hips* ». Ses paroles avaient l'odeur enivrante de l'alcool dont on a abusé. Elle tressaillit. Que prendrait mademoiselle... L'ancienne Zéphyr aurait demandé 200dollars. Mais l'ancienne Zéphyr n'existait pas. L'ancienne Zéphyr n'existait plus. La prostituée de Boston qui tue son propre père était partie. Ce poivrot ne la connaissait pas. Il ne pouvait rien savoir de son histoire. Et pourtant, elle se sentait agressée dans son passé. Sa gorge se serra, tandis que la colère lui prenait les tripes. Elle essaya de taire la petite voix dans sa tête qui lui disait d'éclater son poing dans la figure de ce parfait inconnu.
Il était proche d'elle. Trop proche. Elle n'aimait pas le contact physique, Zéphyr. Elle avait appris à le haïr au fil des jours, des années passées à jouer le rôle de la femme de joie. Du vide-couilles ambulant. Le visage impassible de l’extérieur. De l'intérieur tourmentée par sa propre haine. Le contact de sa main contre sa joue lui arracha un frisson ainsi qu'une grimace de dégout. Elle attrapa son poignet et l'éloigna de son visage, non sans l'avoir tordu légèrement au passage. Elle porta de nouveau son joint à ses lèvres, sans rien dire, et souffla un nuage de nicotine à la figure de ce parfait crétin qui gâchait le plaisir de son joint, lui crachant sa fumée et sa haine à la figure. « Et que prendrait monsieur, pour aller se faire voir ? ». Elle lui lança ces paroles d'un ton glaciaire en détachant chacune des syllabes pour que le cerveau embrumé de son interlocuteur puisse parfaitement assimiler l'information. Elle s'efforçait de feindre l'indifférence totale. Ce qui était dur. Trop dur. L'odeur de liqueur qui émanait de l'inconnu lui donnait la migraine, lui filait la gerbe. Elle voulait qu'il parte. Parce que sinon, elle savait qu'elle allait craquer. Qu'elle allait lui écraser sa main dans la figure avant de se barrer en courant comme la pire des lâche. Et il ne fallait pas. Qu'il aille se trouver quelqu'un d'autre à emmerder. Maintenant. |
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A. Czeslaw Jakotrovietch
◭ messages : 767 ◭ date d'inscription : 15/01/2012 ◭ ancien métier : Tueur à gage, qui exerce toujours d'ailleurs. Ahem. ◭ localisation : Qu'est-ce que ça peut te faire ? Pour ne pas dire autre chose.
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: La Mafia Russe. ◭ mon crime: Tellement de choses... A commencer par ne pas être mort avec les miens, et certainement quelques exécutions et autres trucs pas clairs. Mais bon, entre nous, qui n'a jamais rêvé d'étrangler son patron ?
| Sujet: Re: I can kill you - CZESLAW Lun 16 Avr - 17:20 | |
| en plus, je suis galant, un vrai gentlemen. Je te traiterai comme une princesse. ou pas. Désespérant. Il était désespérant, infernal même. Un vrai lourd de service, quand il était bourré. Mais qu'y pouvait-il ? Ca ne changerait pas comme ça, du jour au lendemain. Et puis, c'était lui qui avait choisi de se défoncer pour ce soir. Il en assumait pleinement les conséquences, maintenant. Il était chiant, méchant, agressif, et parfois violent quand on lui refusait quelque chose. Il était impatient, et légèrement capricieux, mais aussi extrêmement bagarreur... C'était pourquoi, le croiser dans un tel état, était vraiment déconseillé. Se faire voir, ainsi, embrouillé par les vices de l'alcool pourrait détruire son image ? Sa réputation ? Rien du tout. Sa réputation à Falkenberg, il l'avait monté en moins d'une semaine, et personne n'avait jamais réussi à la détruire. Alors, ce n'était pas une soirée avec la tête à l'envers qui allait inverser la tendance... Et puis, une fois de temps à autres... Ce n'était pas un pilier de comptoir non plus, alors un écart ou deux, ce n'était pas la fin pour lui. En réalité, si ce n'était pas dangereux pour sa réputation, c'était plutôt dangereux pour lui, pour sa personne. Il y en avait pas mal, à Falkenberg, qui souhaitaient sa mort. Par simple vengeance. Ou par un élan de haine. Czeslaw avait fait beaucoup de mal, autour de lui. Mais c'était juste pour le boulot, ou juste pour survivre par ici, dans ce parc à loup. Il était un loup, pas un agneau. Sauf qu'il était fort possible que quelqu'un profite de ce statut de poivrot pour régler ses comptes avec le Russe. Il se battrait quand même, jusqu'au bout. Mais il n'était pas un super-héro, il n'avait pas de super pouvoirs et il n'avait jamais prétendu en avoir. D'autant plus bourré. Les réflexes, défenses et attaques divisés par deux, donc, il serait vite au tapis.
Bref, boire pour oublier hein ? Pas vraiment dans son cas, si on allait dans son sens, c'était plutôt pour s'amuser un peu. Donc ne pas penser à des choses négatives. De toute façon, quelque chose lui avait bien vite fait perdre toute idée trop sombre. Une jeune femme, une inconnue qui se fondait dans le mur auquel elle était adossée, fumant. Elle était seule, une frêle jeune femme sans défense. C'était triste, mais plutôt amusant pour les personnes comme Jakotrovietch. Il allait s'amuser un peu. En fait, non, il la voulait pour lui. Juste l'histoire d'une nuit. Après tout, elle était là pour ça non ? Femme de joie, toute fine, à d'apparence chétive. Il doutait qu'elle lui fasse du mal... En fait, même s'il se méfiait toujours, Czeslaw doutait beaucoup que quelqu'un ose l'attaquer. Lui, supérieur ? Pas du tout. Il savait qu'il était, voilà tout. Et il savait que si on voulait rentrer le soir à la maison, il ne fallait pas lui chercher les noises. Pourquoi s'être fait une réputation de grand méchant loup ? C'était le seul moyen d'acquérir le respect des autres. Ici, tu étais sur le trône, ou au sol, comme une merde. Lui, suivant ses principes était grimpé bien vite. Non sans quelques cicatrices, non sans quelques règlements de compte. Ici, à Falkenberg, c'était simple. Il n'y avait qu'une règle. Tuer ou mourir. La première option consistait à buter tous les éventuels obstacles. La seconde elle, c'était de faire profil bas jusqu'à ce qu'une âme charitable ne vienne vous achever.
Enfin bon, il s'approchait de la belle inconnue, mode charmeur en application. Charmeur bourré, et lourd plutôt. Lui et son charme légendaire, accompagné d'un tout aussi magnifique hoquet vinrent aborder la jeune femme. La dépassant d'une demi-tête, il la regardait, droit dans les yeux, alors que celle-ci venait juste de les ouvrir. Voilà, c'était dit, la demande faite. Quelle classe, franchement. Et pourquoi est-ce qu'il passait au final ? Pour un dépravé, un poivrot à la recherche d'une partenaire pour une nuit endiablée. Il passait pour un abruti, un coureur de jupons invétéré. C'était pathétique, pitoyable que d'avoir ce genre d'attitude pour une personne comme lui. Mais, ô combien merci l'alcool, de le rendre si pitoyable. Il attendait tranquillement la réponse à sa requête, cachant tant bien que mal cette impatience légendaire qui le rongeait. Il déposait sa main contre une de ses joues, notant au passage un certain dégoût chez l'autre. Elle retira sa main, attrapant son poignet. Il ne tenta pas de résister, puisque de toute façon, il savait parfaitement qu'il aurait toujours le dessus. Alors cette fois, il laissa passer. Il suivait des yeux chacun de ses mouvements sans broncher, détaillant ses attitudes dans l'attente. Elle lui cracha presque la fumée au visage. Pas de chance, lui aussi avait l'habitude de ce genre de substances, ça n'allait certainement pas le faire réagir. « Et que prendrait monsieur, pour aller se faire voir ? » Elle était d'humeur joueuse, la demoiselle. C'était marrant, lui aussi. Lui aussi, il voulait jouer, et il n'était pas prêt de la lâcher. Elle ne pouvait pas parler plus doucement ? Ce n'était pas qu'il était bourré que son esprit peinait sérieusement à détacher chaque syllabe... Mais...
Il se redressa très légèrement, imposant une fois de plus sa présence, son statut, se montrant supérieur. Il était plus grand, plus fort. Et ici, dommage, mais c'était la loi du plus fort. En clair : elle devait faire profil-bas et se laisser faire si elle voulait fuir les emmerdes. Un sourire en coin vint étirer ses lèvres, il était espiègle, il voulait s'amuser. Son hoquet s'estompait très légèrement, maintenant qu'il était un peu plus stable, et de ses yeux, il ne s'arrêtait plus de la regarder. De haut en bas. De bas en haut. Non, ce n'était pas pervers, pas du tout. Quoique. Non. Il laissa glisser sa main le long du bras de la jeune femme, juste pour venir lui piquer son joint sur lequel il tira une fois. Une seule fois, et il le gardait à la main. A son tour, il souffla une fine fumée au visage de l'inconnue, alors qu'il continuait de lui sourire. « C'est marrant, j'aime qu'on me résiste. » Il posa son autre main sur la paroi, emprisonnant ainsi la jeune femme d'une barrière de fer. Qu'elle essaye de le repousser, qu'elle essaye. Il était d'humeur joueuse, et en bon impatient, il faisait déjà des siennes. Il rapprochait doucement son visage du sien, et se figeait, son regard faisant d'inlassables aller-retour entre ses yeux et ses lèvres. Jouer, non pas au chat et à la souris, mais plutôt au loup et à l'agneau. Mauvaise nouvelle pour ce dernier, le loup gagnait toujours. |
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Zéphyr J. Bewstick
◭ messages : 366 ◭ date d'inscription : 27/03/2012 ◭ ancien métier : Prostituée ◭ localisation : Derrière toi
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| Sujet: Re: I can kill you - CZESLAW Mer 18 Avr - 9:50 | |
| Elle aurait tellement voulu disparaître. Être cet oiseau qui s'envole d'un seul battement d'aile et s'arrache à tout jamais des griffes de ce lieu qui puait le désespoir. Être dominant ou dominé. Un simple retour à l'état de bête sauvage qui écrase les autres sur son passage. Elle aurait voulu retrouver son putain de trottoir à Boston, retrouver ses clients dégueulasses, retrouver cet appartement qui semblait si vide, qui sentait encore cette odeur de mort. Cette odeur de cadavre qui vous collait à la peau, qui suintait sous les portes, coulait sur le parquet. Elle aurait voulu retrouver son connard de père vivant et se jeter dans ses bras. Lui dire, tu m'as laissée toute seule, mais je ne t'en veux pas. S'il-te-plaît, rentrons à la maison.. Ce n'était pas possible. Ce n'était plus possible. A partir du premier pas qu'elle avait fait dans son cabinet de psychologue. A partir du premier coup qui était parti. A partir de la première goutte de sang qui s'était écrasée sur sa joue, comme une larme mortelle. A partir du premier souffle qu'elle avait lâché sur les terres de Falkenberg. Il y avait eu trop de moment. Trop de fondations enlevées à son château de carte. C'était fini, maintenant. Tout était fini. Tout était désert. Il ne restait rien. Il ne restait rien de la Zéphyr d'avant. La jolie prostituée qui avait passé son enfance en enfer, finirait sa vie dans les bras d'un énième mercenaire. Un autre tueur qui viendrait achever son âme et son égo.
Elle rasait les murs, touchait les pierres, comptait les fissures. S'empêchait de tomber dans le gouffre qui s'ouvrait petit à petit à ses pieds. Évitait le pas de travers qui aurait foutu sa vie en l'air. Si quelqu'un s'approche de trop près, cogne en premier. Des réflexes de survies bestiaux. Des mots acerbes, des regards noir. Elle était la brebis déguisée en loup. Qui, pour éviter de montrer son pelage blanc d'innocence, maculait son visage d'un rictus haineux. Retroussait les babines pour effrayer l'ennemi qui se faisait plus oppressant, de jour en jour. Son petit numéro de loup parmi les loup prendrait bientôt fin. Elle n'avait tué personne depuis son arrivée à Falkenberg. Son déguisement tombait en lambeau, ses rictus vengeurs arrachaient des sourires vicieux plutôt que des signes de terreur. Elle le sentait, quelque part. Elle allait tomber. Faire office de proie au premier requin venu. Paraître ne suffisait plus. Et elle ne voulait pas être. Elle ne pouvait pas.
Elle le dévisageait. Tentait de sonder son âme du fond de son regard sombre, flouté par l'alcool. Dissimulait ses craintes derrière son visage de demoiselle blasée. Combien de temps ? Combien de temps avant que l'animal apeuré ne reprenne le dessus ? Combien de temps avant qu'elle ne tente de s'enfuir comme un lapin, comme un lièvre qui se savait pris au piège par le loup ? Elle l'ignorait. S'accrochait à son masque d'impassibilité profonde comme l'on s'accroche à une bouée de sauvetage en plein naufrage. Elle dû fournir tout les efforts du monde pour ne pas se recroqueviller lorsqu'il se redressa. Il lui inspirait le mépris autant que la haine, de tenter de s'imposer ainsi à elle par sa taille supérieure. Elle puisait dans ces sentiments pour lui faire face. Pour ne pas détourner le regard. Elle tira sur son joint et lui souffla la fumée à la figure. La petite voix dans sa tête lui disait cours, cours, casse-toi Zéphyr, rentre chez toi. Mais elle ne voulait pas écouter cette petite voix. Elle ne voulait pas montrer que le loup intimidait la brebis. Elle voulait se montrer aussi forte que lui. Plus forte que lui. Elle voulait qu'il s'arrache de là comme il était venu. Elle voulait lui faire ravaler son sourire d'abruti. Inspire. Expire. Elle se tendait imperceptiblement sous son regard. Lorsqu'il attrapa sa cigarette pour lui souffler la fumée au visage, elle grimaça. « C'est marrant, j'aime qu'on me résiste. ». Un profond sentiment de répulsion, de révolte, lui prenait les tripes. Elle se contenta de peindre un regard méprisant sur son visage. « Moi, j'aime pas qu'on me fasse chier. ». Elle aurait souhaité reprendre le joint et tirer dessus rien que pour se donner une autre source d'attention.. Souffler des volutes de fumée grise dans l'air noir. Des signaux qui auraient signifié '' s'il-te-plaît, laisse-moi tranquille. Laisse moi paraître loup un peu plus. Je ne veux pas être l'agneau ''. Elle reporta son regard vers lui. Il s'était rapproché. Trop rapproché. Elle se sentait mal entre ses bras qui lui faisaient comme une prison. Comme une cage. « Dégage. ». Tout le mépris qu'elle éprouvait pour lui en ce moment se confondait dans ses paroles. Elle voulait lui arracher les globes oculaires pour qu'il arrête de la regarder, parce qu'elle n'allait pas pouvoir soutenir son regard longtemps. Elle recula d'avantage contre le mur et se cogna la tête. Elle aurait aimé se fondre à la pierre. Disparaître dans l'asphalte. S'échapper à son regard qui devenait insoutenable. |
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A. Czeslaw Jakotrovietch
◭ messages : 767 ◭ date d'inscription : 15/01/2012 ◭ ancien métier : Tueur à gage, qui exerce toujours d'ailleurs. Ahem. ◭ localisation : Qu'est-ce que ça peut te faire ? Pour ne pas dire autre chose.
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: La Mafia Russe. ◭ mon crime: Tellement de choses... A commencer par ne pas être mort avec les miens, et certainement quelques exécutions et autres trucs pas clairs. Mais bon, entre nous, qui n'a jamais rêvé d'étrangler son patron ?
| Sujet: Re: I can kill you - CZESLAW Sam 21 Avr - 12:19 | |
| je suis ton loup, toi ma brebis. tu devrais coopérer, ça fera moins mal. La confiance. C'était bien un truc de naïf, un truc que tu avais plutôt intérêt à oublier quand tu posais pour la première fois les pieds à Falkenberg. Ce n'était pas le pays des bisounours, loin de là, et il fallait s'y faire si malgré tout, tu voulais rester dans la course. Ici, dans ce fichu pays de Suède, tu ne pouvais accorder ta confiance à personne. Ou du moins, pour très très peu. Tu pouvais te faire des amis, des centaines si tu voulais, tu trouverais bien quelques abrutis pour te suivre dans tes idées... Mais, dans tout ça, il fallait laisser la confiance loin. A quelques pas de là. En réalité, il suffisait de l'abandonner dès que tu descendais de ce bateau miteux qui te déposait ici, dans le trou de bal du monde. Certains y arrivaient très bien, comme Czeslaw. Même si d'un côté, lui n'avait jamais vraiment fait confiance en personne... La seule créature humaine à laquelle il avait fait confiance, c'était Pandora, sa soeur. Et peut-être Aleksey, son oncle. Mais c'était tout, strictement tout. Alors en arrivant ici, sans l'un ni l'autre... C'était mort, c'était cuit. Sa confiance, il ne l'accorderait plus à personne, jamais. Sauf que personne n'était lui, personne ne suivait forcément ses idéaux, ses méthodes... Et encore heureux, sinon, Falkenberg n'en avait plus pour longtemps ! Rayé de la carte d'ici peu, et ses prisonniers libérés à travers le monde entier. Il voulait de sa liberté, vraiment. Et rester ici... C'était tout sauf être libre. Mais bref, nous parlions donc de confiance. Certains futurs habitants de ce centre de détention naturel arrivaient comme si de rien était. Et à partir de là, on pouvait les diviser en deux catégories. La première, c'était celle qui n'avait qu'une semaine à vivre. Des abrutis qui tenaient à garder un minimum d'humanité, à jouer les grands justiciers, ou encore, à faire confiance à n'importe qui, n'importe où. Eux, c'était une semaine, rarement plus. Comment finissaient-ils ? Morts, sur la chaussée, dans des ruelles, dans le lac, dans la forêt... La deuxième catégorie, c'était celle des pseudos intelligents, et les vrais psychopathes. Ces derniers duraient le plus longtemps en général, puisque c'étaient à eux de tuer les plus faibles... Alors, penchons nous plutôt du côté des intelligents. Soit ils se faisaient le plus discret possible, rongeant les murs pour se faire oublier... Soit ils se montraient rusés, et ils vivaient comme les autres. Non pas comme une brebis, mais comme un loup. De toute façon, la morale était là : pour survivre, il fallait être fêlé du bocal, ou être un excellent comédien.
Tout ça pour dire que par ici, il n'y avait qu'un seul mot d'ordre : la méfiance. De tout le monde, il fallait se méfier de tout le monde. Votre voisin, soeur, ami, coup de foudre. Peu importe qu'il était dans votre entourage, il pouvait se révéler être une des pires ordures de ce gourbi. Ils pouvaient tous jouer double pour vous planter dans le dos par la suite... C'est pourquoi cette méfiance extrême était de mise. Mais quand vos sens étaient totalement engourdis, comme ceux de Czeslaw à cette heure... Engourdis, bousillés par l'alcool le temps d'une nuit... Et Dieu savait qu'une nuit suffisait amplement pour l'anéantir... Au minimum, il pouvait tenir deux heures... Ce n'était pas un sur homme, loin de là. Il maîtrisait parfaitement les arts de combat, son corps en était devenu une machine à tuer... Mais ainsi bourré se laissant aller par un parfum de décadence... Il était comme les autres. Il était juste une pauvre merde qu'un croche pied ferait tomber d'un instant à l'autre. Il l'avait mérité, il l'avait cherché, maintenant, il devait assumer. Pourquoi ne pas aller se planquer chez lui, en attendant de sortir de ce putain d'état second ? Parce que c'était un joueur, tout simplement... Il jouait avec sa vie, il n'en était qu'à moitié conscient... Et après ? Franchement, cela ne lui faisait ni chaud ni froid... Il s'en amusait même... Pourquoi ? Certainement car il n'avait plus peur de crever, voilà tout... Autant jouer avec le feu un maximum. Jusqu'à ce qu'il se brûle... Qu'il se consume, et qu'il ne meurt... Mais bref.
Il l'importunait, pas vrai ? La jeune femme qui était là, plantée contre un mur à le dévisager. Oui, il l'embêtait... Et Dieu savait à quel point il pouvait être lourd quand il avait un verre de trop dans le nez. Pourtant, d'habitude, même bourré, il semblait à peu près normal... Là, c'était... Il s'était complètement lâché, allez savoir pourquoi. Pauvre demoiselle d'ailleurs... Mais lui ne le voyait pas de cet oeil non... Lui en souriait. Il était content de lui. Il la voulait, pour lui tout seul. Il voulait sa peau, ses lèvres. Il voulait la baiser, pour tuer l'ennui certainement. Pour s'amuser. Pour quelle autre raison aurait-il pu le faire, de toute façon ? Il était mauvais, il n'avait plus de sentiment. Il ne croyait pas en l'amour, l'amitié, la loyauté. Il croyait en lui, c'était tout et c'était largement suffisant. Quoi qu'il en soit, il s'approchait un peu plus d'elle, l'emprisonnait de ses deux bras qui tendaient vers les murs. Comme si elle avait le choix... Elle n'aurait jamais dû sortir ce soir-là, jamais... Mais bon... Il attrapa le joint, lui souffla à la figure comme elle l'avait fait quelques instants auparavant, et enchaîna. Oui, il aimait qu'on lui résiste, ça l'amusait. « Moi, j'aime pas qu'on me fasse chier. » Au moins, voilà quelque chose qui avait le mérite d'être clair... Et quelque chose lui disait qu'elle n'allait pas se laisser faire aussi facilement. Il se contentait de la fixer, de l'emprisonner un peu plus. De lui faire comprendre que tout était fini. Elle était l'agneaux, lui était le loup. Il était inutile de nier l'évidence, chacun savait parfaitement comment tout cela allait se terminer. « Dégage ». Elle était franche, et il aimait ça. Mais encore une fois, comme si elle avait le choix. Un sourire carnassier venait étirer ses lèvres, il se penchait un peu vers elle, rapprochait lentement son visage du sien. Il venait sentir son parfum, découvrir les quelques frissons de dégoût qui pouvaient parcourir sa pâle peau. Et il en souriait un peu plus. Il était un gentlemen, normalement. Mais à cette heure-ci, dans ce contexte... Il n'était qu'un dépravé de plus à la recherche d'une proie, de sa conquête d'une nuit. « Non, ce n'est pas vraiment dans mes projets, tu vois. » Quels étaient ses projets, alors ? Était-ce vraiment si dur que ça à deviner ? Pathétique. Mais il s'en fichait pas mal, de ce qu'elle pouvait penser de lui. Alors, il s'approchait encore un peu, bien que déjà très proche. Il descendait un peu, ses lèvres venant, sans aucune retenue, frôler le cou de la jeune femme. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire hein ? Le frapper ? Il en riait d'avance. Elle n'avait aucune chance. Elle était l'agneaux, il était le loup. Il traquait sa proie, et pour l'instant, tout allait dans son sens. Elle devrait courber l'échine, comme cette pauvre brebis. Et il l'achèverait, parce qu'il était loup, et que le loup gagnait toujours.
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Zéphyr J. Bewstick
◭ messages : 366 ◭ date d'inscription : 27/03/2012 ◭ ancien métier : Prostituée ◭ localisation : Derrière toi
De quoi es-tu coupable ? ◭ mes complices: Vous. ◭ mon crime: Exister.
| Sujet: Re: I can kill you - CZESLAW Mer 2 Mai - 17:28 | |
| C'était sans doute naïf d'avoir cru pouvoir se fonder dans la meute de loups féroces, pouvoir se coudre un pelage tout de gris et de noir, pouvoir sourire d'un sourire carnassier, ensanglanté, de ces rictus bestiaux qui vous glacent les sang, vous hérissent l'échine. C'était peut-être stupide. Peut-être enfantin. Cracher à la gueule de la vérité comme si le mensonge était mère de sûreté. S'enferrer soi-même petit à petit dans un truc qui vous dépasse totalement, un piège de fer qui n'attend à aucun moment pour vous empoigner et vous aider à sombrer. Dériver dans les bras du courant et l'aider un peu plus à vous entraîner vers le fond. C'était fini. La pièce de théâtre était finie. Son costume s'émiettait à en redevenir poussière. Son masque était éclaté sur le bitume, les morceaux gisaient dans le fossé. Elle avait oublié le script et les dialogues. Il en était fini de jouer. La comédie prenait une autre tournure. Le protagoniste venu briser ce rêve d'un refuge sécuritaire dans son rôle venait d'entrer en scène. Ses pas résonnaient dans sa tête comme sur un parquet trop ciré. Elle dévisageait l'assassin, le coupable, celui qui faisait tomber le rideau sur une réalité sordide, on ne peut plus véritable que sa pièce dé théâtre. Les premiers pas avaient été les plus difficiles. Le reste avait suivit tout seul. Si bien qu'elle n'avait plus su si elle était Zéphyr la proie ou Zéphyr le prédateur. Zéphyr la brebis, ou Zéphyr le loup. Lécher des crocs imaginaires. Hurler d'un ton menaçant alors que le seul cri que vous étiez capable de produire était un maigre bêlement qui s'évadait dans les airs, engloutis par un monde trop impitoyable. L'illusion du magicien tombait en morceau, le lapin préférait rester terrer dans son chapeau. La mélodie du virtuose se voyait brisée par une simple fausse-note glissée parmi tant d'autres. Elle butait sur son intervention comme sur une évidence. Alors, c'était fini ? Tout était fini ? Son rôle dans la pièce allait se terminer ici ? Son parcours de comédienne s'achevait sur ce mur effrité, ce décor serait le dernier. Tu joue tu t'enferre. Tu vie pour mieux mourir. Triste réalité. Ultime comédie. Les derniers pas sur scènes, la fin d'une valse, le temps d'une seule nuit. Le château à l'assaut des assaillants allait finir par céder. Ce soir, un soir, ou un autre soir.
Elle fichait ses yeux délavés dans le regard salement flou de l'inconnu. Son regard à lui la happait. Il l'engloutissait. Elle ne se sentait pas de taille à jouer le rôle. Pas avec lui. Pas avec son regard qui la transperçait. Ses bras qui l'enfermaient petit à petit. Elle déglutit. Imperceptiblement, petit-à-petit, tous ses muscles se tendaient. Elle se retrouvait dans le rôle de la petite chèvre de monsieur Seguin, qui se battait, se battait encore et encore, jusqu'au levé du jour, avant de se laisser aller dans la gueule du loup. Se battre était vain. Abandonner aurait été lâche. Elle était de ces coupables qui s'échinent à crier leur innocence, Zéphyr. De ces condamnés à mort qui engagent un combat avec le bourreau. Le fardeau de la mort pèse trop lourd sur ses épaules. Elle ne veut pas se laisser écraser. Quitte à courber l'échine, petit-à-petit, lentement, sans doute trop. Avant de se briser la nuque. Elle ne voulait pas être une victoire facile. Tout simplement, elle ne voulait pas être une victoire. Un trophée. Une tête accrochée au mur. Elle déglutissait péniblement. Sa gorge était sèche. Sa langue lui semblait lourde. Une angoisse insupportable lui tordait les boyaux, s'insinuait comme un poison dans son cerveau. Un poison mortelle qui envahit sa réflexion, atténue ses réflexes. Doucement, sûrement, il détruit. Broie entre ses doigts ce qu'il lui reste de sa raison. Respire, Zéphyr. Ce serait dommage de mourir étranglée entre les mains vicieuses de la peur affreuse.
Elle voit son visage se rapprocher millimètres par millimètres, sûrement. Le sourire carnassier peint sur son visage affole les battements de son cœur. Ce traître trop sensible qui s’apeure à chaque faux pas, à chaque approche. Le parfum idyllique de l'alcool qu'il avait ingéré s'insinuait dans ses narines, lui donnait mal au crâne. Elle recule la tête, souhaite disparaître entre les zébrures et les tags qui strient le mur. Elle se raccroche à son rôle de toutes ses forces. Ses forces qui s'échappent, s'écoulent entre ses doigts. Sentir son souffle dans son cou lui arrache un rictus de dégoût. « Non, ce n'est pas vraiment dans mes projets, tu vois. ». Il lui semblait que ses tripes faisaient des nœuds dans son estomac. Garder un visage de pierre était dur, trop dur. Elle a l'impression de se laisser mourir. A tout instant, elle va s'écrouler entre ses bras. Inerte. Froide. Elle soutient son regard insoutenable. Regarde ce qui est in-regardable en face. Lorsqu'elle sent ses lèvres se poser dans son cou, caresse paraissant violente qui lui brûle la peau, un coup de poignard lui traverse le ventre. « Arrête ça. ». Sa voix tranche dans la nuit sombre comme une flèche qui siffle avant de se planter dans un arbre. Ce n'est qu'un murmure rauque qu'elle lui crache à la figure avec toute la répulsion dont elle est capable. Que deux mots trop faibles, des paroles qui s'évaporent sans laisser trace. Il y en a certains à qui la crainte donne des ailes. Il y a d'autres qu'elle paralyse. Sans doute faisait-elle partie de la seconde catégorie. La mauvaise catégorie. Celle qui ne possédait aucun réflexe de survie. Mais elle n'avait pas peur d’amocher sa gueule d'ange déchu, non. Elle avait peur qu'il rende les coups. Avoir crainte de souffrir. « J'ai pas peur de toi. ». Tu mens, Zéphyr. Tout les pores de ta peau te trahissent. Ton regard qui se voudrait fuyant. La peur suinte de ton être entier. La seule chose, c'est que tu n'as pas la force de l'avouer. De te l'avouer. |
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