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PRÉNOM/PSEUDO ◭ Meghann / Vishetani. ÂGE ◭ 17 y-o. COMMENT ES-TU ARRIVE SUR LE FORUM ◭ Grâce à Roxanne 8D TON AVIS SUR LE FORUM ◭ C'est tellement de la merde que je m'y suis inscrite (a) CREDIT ◭ TUMBLR UN DERNIER MOT ◭ ici. CODE DU RÈGLEMENT ◭ Ok par le Russe

Falkenberg ? Ce que j’en pense ? A vrai dire, rien à foutre. J’ai jamais été un putain de matérialiste. Prendre des points de repères, m’attacher à un lieu, tout ça, ça a jamais été mon truc. D’ailleurs, j’me demande même comment font la plupart des gens pour donner une valeur sentimentale à certains endroits particuliers. C’est vrai, moi, partout où je vais, ce que je vois, c’est des maisons, des routes, des immeubles, et ça s’arrête à ça. Enfin, ce n’est que ma façon de voir les choses, bien entendu. Concernant les individus qui peuplent cette étrange contrée ? Même chose : rien à foutre. Je fais partie de cette catégorie de personnes auxquelles la présence des autres n’est pas indispensable pour survivre. Si j’étais un animal, on dirait de moi que je n’ai pas l’instinct grégaire. Or je ne suis pas un animal – enfin, sur le plan physique – , du coup, les psychiatres et autres médecins dont les faibles et les égocentriques représentent le gagne-pain se sont contentés de me qualifier de « sociopathe ». J’suis pas d’accord avec eux. Sociopathe, c’est vachement péjoratif comme terme. Je suis loin d’être indifférent aux personnes qui m’entourent comme le prétendent ces guignols. Non, c’est juste que les gens ne valent pas la peine que je leur porte de l’intérêt, nuance. D’ailleurs, tout ce qui m’intéresse chez mes congénères, ce sont leurs cadavres. Mon passe-temps favori ? Repérer les humains les plus beaux pour figer leur expression à tout jamais et pouvoir les admirer à ma guise des heures durant. Dans mon garage est exposée une collection entière de macchabées vidés et empaillés. Inutile de préciser que j’ai mis un soin particulier à tuer chacun d’eux, je suppose ? Bref, je m’égare. Mes craintes ? Aucune connue à ce jour. Enfin si, j’ai peur de la vie parce qu’on ne peut tout simplement pas prédire ce qu’elle nous réserve. Et ce qui ne peut pas être calculé à l’avance a la fâcheuse tendance de me taper sur le système. Avec la mort, au moins, on sait à quoi s’attendre. Ca doit être quelque chose de beau. La preuve, personne n’en est jamais revenu. La personne qui me manque le plus à ce jour, c’est sans aucun doute Toby. Toby, rottweiler, 14 ans, emporté par la vieillesse. Mon plus grand regret ? Qu’il n’ait pas rendu l’âme plus tôt. Au moins comme ça, j’aurais pas eu à attendre autant d’années avant de me découvrir une passion pour la taxidermie et de ce fait, avant d’empailler mes premiers animaux. Mes premiers chefs d’œuvre.

Alors que la plupart des autres gosses de mon âge jouaient encore aux p’tits soldats, moi, je m’adonnais à des loisirs un peu plus morbides. Mon truc, c’était la chasse aux animaux de tout genre et de toute espèce. Je passais de longues journées à traquer mes proies, me fondant avec le décor pour leur tomber dessus au moment où elles s’y attendaient le moins. La discrétion avait toujours été mon point fort. Ma collection d’animaux s’agrandissait de jour en jour. J’employais toujours le même procédé pour venir à bout de mes victimes : première étape, je les noyais dans une bassine d’éther pour les assommer. Deuxième étape, je les disséquais et je les vidais de leurs organes. Troisième étape, je dessinais ce que je voyais pour pouvoir consulter mes observations à tout moment de la journée sans avoir à faire un nouveau mort. Mon mode opératoire n’avait pas changé quand j’étais passé aux humains. Ma piaule débordait de fardes regorgeant de croquis en tout genre. Chacun de mes jouets – parce que c’est en tant que tel que je les voyais – avait eu droit à son portrait, que ce soit du point de vue interne ou externe. Comme la plupart des enfants renfermés sur eux même, j’avais un bon coup de crayon. Pourquoi je me donnais tant de mal alors qu’il suffisait d’ouvrir l’oreille au cours de biologie pour apprendre tout ce que je découvrais par moi-même ? Tout simplement parce que je n’en avais rien à foutre de ce que le professeur de sciences pouvaient bien nous raconter sur l’anatomie animale. Je ne faisais confiance à personne, et ce n’est pas parce qu’il était doté d’un diplôme universitaire que j’allais faire une exception pour lui et boire ses paroles. Je faisais partie des gens qui ne croyaient que ce qu’ils voyaient. De ce fait, il fallait que je mène mes propres expérimentations. Mon instruction en dépendait. Toby, mon chien m’accompagnait lors de chacune de mes expéditions sauvages. Depuis tout petit, j’avais démontré une incapacité à me lier d’amitié avec mes camardes humains. A chaque fois que j’essayais d’entrer en contact avec eux, je me sentais immédiatement agressé et je laissais mes poings parler à ma place. Les relations sociales, ça n’avait jamais été mon truc. Toby, lui, au moins, n’était pas encombrant comme les autres élèves de ma classe. Il savait se faire discret quand il m’accompagnait dans ma solitude. Il respectait le silence que j’appréciais tant sans m’assommer de paroles inutiles. C’est pour cela qu’il était devenu mon plus fidèle compagnon. Autant je n’avais aucune pitié pour les animaux innocents qui se retrouvaient sous mon scalpel, autant la perte de mon animal de compagnie m’attrista énormément. A un tel point que j’exigeai de mes parents qu’ils le fassent empailler par mon oncle qui était un taxidermiste de renommée. J’ai insisté pour pouvoir assister à son empaillage et après avoir fait de la résistance pendant quelques heures, mes vieux avaient fini par accepter.

Ce jour a été le plus beau jour de ma vie, celui qui a allumé ma passion pour la taxidermie. Je me rappellerais toujours de ce moment. Il était gravé à jamais dans ma mémoire. J’me revois encore, observant les moindres faits et gestes de mon oncle, photographiant visuellement la plus minime de ses manipulations pour pouvoir la répéter plus tard. J’étais complétement envoûté par son travail. Et pour la première fois de ma vie, je m’étais senti dans mon élément. Après avoir suivi une courte formation à ses côtés – il faut dire qu’une fois que j’étais intéressé, j’emmagasinai la moindre information à la vitesse de la lumière pour ne jamais l’oublier –, je devins à mon tour un taxidermiste professionnel. Puis arriva le jour où les animaux ne me satisfirent plus. J’avais ressenti le besoin de passer à la vitesse supérieure. Mon goût des belles choses me poussa alors à me mettre à la recherche de beaux modèles humains. Le genre de modèles que j’apprécierais beaucoup voir exposés dans mon salon, à côté des dizaines d’animaux empaillés qui y trônaient déjà. J’évitai cependant de chasser aux alentours de mon village, pour ne pas éveiller les soupçons. J’ai parcouru des kilomètres et des kilomètres pour trouver des personnes dignes de mon attention. Ensuite, c’était simple : après les avoir repérés, j’usais de mes charmes naturels avant de les capturer et de m’emparer de leur corps pour leur offrir la beauté éternelle. , je les capturai et je m’emparai de leur corps pour leur offrir la beauté éternelle. Alors que la plupart des mecs de mon âge étaient attirés par les filles, moi, j’étais attiré par les mortes. J’avais plus de mal à tuer les individus de sexe masculin. Pourquoi ? Simplement parce que j’ai toujours été un sexiste dans l’âme. Les filles n’ont aucune valeur à mes yeux. Et à part celles qui sortent vraiment du lot, je les considère toutes comme des moins que rien qui ne méritent pas de vivre. Etrange, je vous l’accorde mais je suis comme ça, on ne me changera plus.

C’est par une sombre soirée d’automne que mon jeu prit fin. J’avais beau être discret comme pas deux, le fait que je sois toujours dans les parages lors de disparitions mystérieuses n’avaient pas échappé à la perspicacité de certaines personnes. Lorsque les flics avaient débarqué chez moi, j’étais assis en tailleur devant mon éventail de cadavres. On pouvait lire l’admiration dans mes yeux. J’étais en transe devant ce spectacle aussi immobile que macabre. Et plutôt que de les laisser emmener mes bijoux et les enfermer dans des boites inutiles et ridicules plus communément appelées cercueils – quel gâchis –, j’ai préféré les immoler par le feu. C’est ainsi mon ancienne maison avait disparu en même temps que ma merveilleuse collection. Ma vie se résumait à présent à un tas de cendres. Mais moi, j’étais content. Rien ni personne n’arriverait jamais à entamer cette espèce de joie morbide qui m’illuminait depuis que j’avais découvert la taxidermie. Pas même ces guignols.

Vinrent ensuite ces innombrables journées que j’avais passées au commissariat à me faire bombarder de questions auxquelles je refusais souvent de répondre, plongé dans un profond mutisme. Quand j’acceptais de prendre la parole, un coup je plaidais coupable, un coup je réagissais en parfaite victime de cette maladie mentale qui me rongeait, semant le trouble dans leurs esprits. Ce sont ces brusques changements de comportement qui avaient alarmé les médecins et qui les avaient amenés à se pencher sur mon cas. Une décision fut alors prise à mon sujet. Ils étaient tous unanimes là-dessus : ma place n’était pas en prison. Falkenberg, me voilà.