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 run away - zéphyr.

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Ebbe-Fridtjof G. Berg

Ebbe-Fridtjof G. Berg



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MessageSujet: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeSam 14 Avr - 13:54

RUN AWAY.

Il courait à pleine vitesse, son souffle était saccadé et ses jambes tremblaient tout autant que ses mains. La panique et la peur régnaient en maîtresse dans son esprit d'adolescent coupable. Depuis qu'il avait vu le cadavre ensanglanté, tout le monde l'effrayait. Alors il avait décidé de fuir Falkenberg, il ne voulait surtout pas être le prochain sur la liste du fou furieux qui avait commis cet ignoble meurtre. Son cœur galopait furieusement dans sa poitrine, il avait l'impression d'étouffer tellement il demandait d'efforts à son corps malingre. Il ralentit alors l'allure, comme il passait dans une ruelle étroite. Ebbe observait chaque ouverture avec un œil apeuré. Ses pas se faisaient pressants, il rasait les murs. Tout semblait étrangement vide autour de lui, depuis que la nouvelle du meurtrier se propageait dans Falkenberg. « Tout va bien, Ebbe, tout va bien. » il murmurait cela sans cesse, pour se rassurer lui même. Il n'en pouvait plus de fuir, de se cacher, de courir loin des démons qui le hantaient. Tout au fond de lui, il espérait trouver des bras dans lesquels se jeter, il voulait cesser d'être seul, échapper à la peur quotidienne qui l'habitait.

Après de longues minutes de marche rapide à arpenter les ruelles sombres de Falkenberg, Ebbe se laissa glisser contre un mur. Il observa la fenêtre dans laquelle son image était reflétée. Ses cheveux étaient en bataille, et ses yeux n'exprimaient que la peur et le désespoir. Il n'avait que seize ans, et il avait déjà l'impression d'être au fond du gouffre. Il songeait que jamais il ne pourrait tomber plus bas qu'ici. Tout dans cet endroit l'effrayait, même son reflet semblait aussi sale que la faute sur ses mains. Il avait perdu son sourire aguicheur, sa beauté juvénile semblait s'être teintée. Ses yeux se brouillèrent à nouveau, mais Ebbe ferma les vannes des pleurs. Il préférait tellement sa vie antérieure, avec de l'amour consommable à volonté, avec la course à l'argent. Tout ce qui faisait de lui un être à part. À présent, il était rangé dans la même classe que les autres meurtriers ici. C'était inconcevable, pour lui. Il avait tellement désiré être normal, vivre une vie comme les autres. Mais non, c'était un déchet de la société, un enfant que l'on piétine et que l'on rabaisse.

Il se releva, et se remit lentement en marche. Ses genoux étaient tremblants. Sa faiblesse venait autant de sa psychologie que de sa condition physique. Il se sentait fatigué, humilié, lassé de tout. Au recoin d'une rue, il aperçu une silhouette qui lui était familière. Son regard s'illumina. Les cheveux blonds de la demoiselle et son visage suffisaient à faire passer une expression de joie sur le visage d'enfant d'Ebbe. Il se mit à courir comme un fou vers Zéphyr, un sourire presque béat sur ses lèvres. « Zéphyr ! » s'écria-t-il d'une voix enrouée par le silence. Il se jeta presque dans ses bras, s'écrasant contre elle. En cette personne il avait trouvé un point d'ancrage, une bouée à laquelle s’amarrer dans les pires tempêtes. Il enfoui son visage dans le cou de sa protectrice. « J'ai peur, ici, tu sais. J'ai tellement peur de me faire charcuter par ce fou. Je ne veux pas rester ici, fais quelque chose s'il te plaît... » il n'avait plus la force d'avoir seize ans, il voulait être un enfant. Et c'était ce qu'il faisait, en serrant Zéphyr contre lui. Sa simple présence le rassurait. Et c'était déjà beaucoup.
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Zéphyr J. Bewstick

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MessageSujet: Re: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeDim 15 Avr - 7:55

Ses yeux s'écarquillent de stupeur à la vue du corps mutilé. Les plaies trop nombreuses sur le corps trop pâle. La chair ensanglantée, en lambeau, hante son esprit. Un haut-le-cœur traverse sa poitrine violemment. Et pourtant elle ne parvient pas à détourner son regard de ce spectacle morbide qui l'attire, attire son attention, comme la lumière attire les papillons. Elle s'efforce de détourner la tête. Fait volte face et se met à marcher, plus vite, de plus en plus vite, pour s'éloigner de l’œuvre d'art sanglante qui souillait le sol de sa couleur vermeille qui lui semblait si familière.

Elle déambulait dans les rues désertes sans savoir où aller. Falkenberg entier semblait s'être réuni autour du cadavre pour célébrer la mort du chef de la prison. Elle sentait l'angoisse lui serrer le ventre et la gorge mal-grès elle. Si plus personne ne s'occupait de faire régner l'autorité dans ce bagne, l'instinct féroce du monstre qui habitait en chacun allait se décupler. La faible impression de sécurité qui gouvernait la prison s'envolait peu à peu et elle était incapable de la retenir près-d'elle. Incapable de se dire que la mort de ce type ne changeait rien, que tout allait bien. Ce n'était pas le cas. Tout n'allait pas bien. Les ruelles lui semblaient plus glauque. Le ciel gris lui semblait lui-même menaçant. Elle s'arrêta le long d'un mur, inspira longuement. Son corps entier tremblait. Elle aurait pu être à la place de ce type dont le sang noyait la ville entière. Elle aurait pu être ce corps massacré, mutilé. Être la nouvelle œuvre d'art d'un psychopathe devenu fou. Ce n'était pas le cas. Elle n'était pas morte. Elle était toujours là. Elle ne pouvait pas se permettre d'apparaître aux autres comme une faible proie. Ou ce serait prochainement son corps à elle que l'on clouerait à l'asphalte.

« Zéphyr ! » . Elle se tourna prestement vers la source de ce cri mais n'osa pas répondre, l'émotion de l'instant d'avant lui gardant les lèvres closes. Ebbe. Ce n'était qu'Ebbe. Un maigre sourire étira ses lèvres. Un sourire de soulagement. Elle s'autorisa à souffler lorsqu'il se jeta dans ses bras. Ebbe.. Il n'avait rien à faire là. Il n'avait rien à faire parmi eux. Ce n'était pas un coupable, pas un psychopathe, pas un meurtrier. Elle entoura le corps frêle de l'adolescent de ses bras malingre et le serra contre elle, après une certaine hésitation. Elle n'était pas habituée à recevoir ou à témoigner de l'affection, Zépjhyr. Elle avait oublié. Il tremblait. Il semblait si faible entre ses bras, si faible. « J'ai peur, ici, tu sais. J'ai tellement peur de me faire charcuter par ce fou. Je ne veux pas rester ici, fais quelque chose s'il te plaît... ». Elle posa un doigt sur ses lèvres par lesquelles s'échappaient ces quelques bribes de mots affolés. Elle le serra d'avantage contre elle, comme pour le protéger des abysses noires qui les entouraient tout deux. « C'est rien, Ebbe, c'est rien.. ». Elle murmura ces paroles d'une voix enrouée à l'oreille du garçon, tentant de se convaincre elle-même de ce qu'elle affirmait. Ce n'était pas rien, non. « Il ne te fera pas de mal, je te le promet. Ils vont le retrouver et l'envoyer loin d'ici. 'Faut pas avoir peur, Ebbe. ». Elle le berçait contre son corps comme elle l'aurait fait pour apaiser les troubles d'un petit garçon. Mais Ebbe était un petit garçon. Il n'avait rien à faire là. Parmi eux. Il était le témoin de la folie des gens d'en bas qui avaient préféré l'envoyer dans un asile de fou plutôt que de s'occuper de lui normalement. « Je te le jure. Il ne te torturera pas. ». Elle répétait ces quelques mots en boucle pour se rassurer elle-même autant que pour le rassurer lui. Se sachant déjà trop faible pour apaiser ses propres craintes. Espérant naïvement pouvoir convaincre l'adolescent affolé qu'elle tenait entre ses bras.
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Ebbe-Fridtjof G. Berg

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MessageSujet: Re: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeDim 15 Avr - 15:53

Il recevait alors ce qu'il désirait par dessus tout : une étreinte, un regard, un minimum d'attention. C'est tout ce qu'Ebbe voulait, il n'en pouvait plus d'étouffer dans cette prison trop grande. On lui avait brisé les ailes tellement de fois qu'elle n'essayaient même plus de voler pour l'aider à remonter la pente. Il se sentait crucifié dans un Enfer où il n'avait pas sa place. Zéphyr le fit se taire, puis le serra contre elle. Il sentait enfin des bras chauds dans lesquels se lover quand plus rien n'allait. « C'est rien, Ebbe, c'est rien... Il ne te fera pas de mal, je te le promet. Ils vont le retrouver et l'envoyer loin d'ici. 'Faut pas avoir peur, Ebbe. » il renifla péniblement, et ses yeux s'embuèrent. Il se sentait traqué, et ne savait pas qui était le loup dans la bergerie. Chaque bruit le faisait sursauter, et il était victime d'insomnies. Tout ça n'était plus supportable. Son âme était fendue en deux, et c'était dans ce gouffre que sa faiblesse naissait. « Je te le jure. Il ne te torturera pas. » son cœur battit comme un fou dans sa poitrine alors que l'image du cadavre déchiqueté s'imposait à son esprit. De lourdes perles salées naquirent sur ses paupières, et il les laissa rouler sur ses joues creuses. Il se dégagea doucement de Zéphyr et la fixa de ses yeux rougis par les larmes. « Il faut fuir, il faut partir loin d'ici. Je préfère mourir de faim et de froid que de succomber à la folie d'un homme. » toute sa détresse était audible dans son ton désespéré. Il n'aspirait qu'à ça : fuir, le plus loin d'ici.

Ebbe tira la main de Zéphyr vers la sortie de la ruelle, pour l'inciter à le suivre loin de Falkenberg. « Allez, viens. On s'en va, on part. » il serra les doigts de Zéphyr contre les siens, comme pour en extraire la chaleur et la douceur, quelque chose qui tenterait de le rendre mieux sur le plan moral. Il marcha quelques pas, puis se retourna vers Zéphyr. Ses bras pendaient mollement le long de son corps malmené et trop maigre. Sur son visage, on pouvait lire tellement de choses. L'horreur et la tristesse étaient les plus visibles, mais au fond de lui-même, Ebbe était chamboulé par un trop plein de mauvaises choses. « On peut pas rester alors qu'on risque de se faire ouvrir et vider... » Falkenberg apparaissait pour Ebbe comme un champs de mines. Il avait l'impression que chaque membre de la prison était une mine et que s'il les touchait, il explosait. Son existence devenait pire qu'une nuit avec un mauvais client. Il préférait encore les pédés qui lui faisaient des choses immondes. À cette pensée, un rictus haineux vint déformer ses lèvres. Un frisson parcouru son échine alors que ces visions lui revenaient en mémoire telles des cauchemars. Il saturait tout simplement. Il était lassé de se cacher, de vouloir fuir la réalité. Il refusait de se confronter à ce qu'il se passait. Il ne concevait pas qu'il était enfermé ici pour toujours, qu'il était perçu et montré du doigt comme n'importe lequel des criminels présents ici. « Je suis pas un monstre, hein ? »
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Zéphyr J. Bewstick

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MessageSujet: Re: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeMer 18 Avr - 8:47

Elle se raccrochait à lui autant qu'il se raccrochait à elle. Comme un naufragé balancé à la flotte par la mer vengeresse qui se raccrochait au premier bout de bois flottant dans l'espoir vain de sauver sa vie. Ebbe était sa bouée autant qu'elle était la sienne. Elle voulait le serrer dans ses bras et ne plus jamais le laisser partir, par peur de sombrer doucement, comme toutes les autres victimes du naufrage. Elle le berçait tendrement entre ses bras comme si cela allait pouvoir changer quelque chose. Essayer de soigner les autres sans même pouvoir se soigner soi-même. Ironie. Trop faible, trop blasée, pour s'accrocher à un semblant d'espoir. Elle aurait voulu pleurer dans ses bras, se retrouver elle-même, cinq ans plus tôt, face à lui qui aurait eu 5ans de plus. Elle aurait voulu être celle qui se serait jetée dans ses bras pour y trouver un quelconque réconfort. Parce qu'elle même était trop incapable de le réconforter. C'était trop difficile pour elle de lui fermer les yeux, de lui dire '' Tu ne risques rien, Ebbe. Ne pleure pas ''. Elle voulait être le malade et non pas le médecin. La bête blessée qui hurle à la mort et que l'on vient apaiser. Elle était lâche. Si lâche. Lâche de le tenir dans ses bras et de lui dire que tout irait bien. Lâche de sécher ses larmes du revers de sa main. Lâche de le bercer comme l'aurait fait une âme aimante alors qu'elle n'était qu'une meurtrière. Lâche de le serrer contre elle alors que ces mêmes mains avaient fait couler le sang. Qui était-elle pour le rassurer quant aux actes de ses semblables ? Elle n'était rien, elle ne valait pas mieux que celui qui avait mutilé ce corps, elle ne valait pas mieux que ces criminels qui vous dévisageaient, le sourire du joker au visage. Parce qu'elle n'était rien.

« Il faut fuir, il faut partir loin d'ici. Je préfère mourir de faim et de froid que de succomber à la folie d'un homme. Allez, viens. On s'en va, on part. ». Partir. Ce simple terme lui retourne l'estomac. Elle sent son cœur au bord de ses lèvres. On ne peut pas partir, Ebbe. Arrête. Tais-toi Ebbe, par pitié. Falkenberg est ta maison autant qu'elle est ta prison. Tu ne peux pas fuir. Tu n'as pas le droit. « Ça va aller, Ebbe.. ». Mensonges. Rien n'ira jamais bien, dorénavant. Il tira sur ses doigts, l'entraînant sur quelques pas. Mais bientôt, celui-ci retomba mollement sur son flanc. Elle s'arrêta. Elle aurait voulu mourir ici et emporter Ebbe avec elle. Elle se sentait si sale. Si sale de ne pas pouvoir le suivre dans ses espoirs de fuites. Incapable de dire à la mort, cours, cours, tu ne m'attraperas pas. Elle aurait voulu gémir. Mais elle ne pouvait pas. Elle devait être la béquille. Pas l'estropié. « On peut pas rester alors qu'on risque de se faire ouvrir et vider... ». Ses mots lui déchiraient le cœur comme des coups de poignard. Elle se rapprocha de lui lentement. Son visage était vide. La crainte semblait l'avoir quittée depuis longtemps, emportant l'espoir avec elle. De ses yeux translucides, elle le dévisageait, comme si plus rien sur terre n'avait d'importance. Morte de l'intérieur. Le cœur en décomposition. Elle attrapa ses épaules de bonhomme trop frêle et le serra contre elle. « Je suis pas un monstre, hein ? ». Un frémissement lui transperça le corps. Elle le tourna vers elle et plongea ses yeux dans les siens, qui lui semblaient infiniment triste, infiniment beaux. « Putain Ebbe, dis pas ça. ». Ses paroles étaient semblables à des gémissements. Il n'avait pas le droit de dire ça. « T'es pas un monstre Ebbe. T'es pas un monstre. ». Elle le secoua doucement. Oh non Zéphyr, le monstre ici, ce n'est pas lui. C'est toi
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Ebbe-Fridtjof G. Berg

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MessageSujet: Re: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeMer 18 Avr - 10:36

Il sentit les mains de Zéphyr attraper ses épaules, elle le serra de nouveau contre elle et Ebbe se laissa aller dans cette étreinte qui lui faisait tellement de bien. Elle recula de quelques pas et planta ses yeux bleus pâles dans les siens, il avait du mal à se soutenir ce regard qui semblait le transpercer de partout. Les paupières du garçon papillonnèrent un peu, devenues soudainement lourdes. « Putain Ebbe, dis pas ça. T'es pas un monstre Ebbe. T'es pas un monstre. » la voix de Zéphyr était presque suppliante. Elle se donnait tant de mal pour le rassurer, et il trouvait cela beau. Le fait de l'entendre dire que non, qu'il n'était pas un monstre et qu'il n'était pas dans le même sac que les autres ici le rassurait. Ebbe l'avait tellement cherchée la tendresse, qu'il l'avait trouvée dans une personne beaucoup plus amochée que lui. Il osait puiser de l'amour dans Zéphyr, mais il en avait besoin. Il ne voulait pas être déshydraté par le manque de cette denrée rare. Mais maintenant il n'était plus seul, il avait des bras pour l'entourer, des mains pour le prendre par les épaules et le raisonner. Il avait tellement besoin d'être encadré, que l'on soit là pour lui donner des indications. Il avait peur de sombrer dans la mer de la folie, de se faire ballotter par des vagues furieuses. Zéphyr était son phare, il se dirigeait vers elle comme un papillon de nuit vers une lumière. Parfois, la lumière était terne, mais elle restait allumée. Ebbe se contentait d'être l'huile qui faisait brûler les flammes. Ainsi, à deux, ils se suffisaient. Et ils entretenaient cette relation comme on entretient un feu dans une cheminée.

Ses grands yeux vident l'observaient, et à l’intérieur, on pouvait voir qu'il la remerciait silencieusement. Il la remerciait d'être là, de le relever lorsqu'il tombait, de le tirer même s'il était lourd à porter. Comme un fardeau sur les épaules que l'ont ne doit pas abandonner. « Pourquoi tu es là pour moi ? » sa voix tremblait quand il s'exprimait. Elle qui se donnait tant de mal pour lui, Ebbe avait l'impression d'être inutile. Il recevait sans donner, et il se rendait alors compte qu'il était égoïsme. Il avait tellement été habitué à ce que rien en tourne en sa faveur qu'il pensait qu'il avait le droit d'être un roi. Peut-être pas tout le temps, mais au moins pour quelques instants. Dis moi, Zéphyr, pourquoi tu t'embêtes à t'accrocher à une épave que ronge le sel et le sable ? Les tempêtes de la vie m'ont salement amoché, elles ont même détruit la carapace que j'avais l'habitude de me forger. Dis moi Zéphyr, pourquoi faire tout cela ? Ebbe était lassé de sentir son cœur saigner, il n'en pouvait plus de subir les conséquences d'une enfance maltraitée. La solitude l'avait enfermée dans un mutisme profond, et il avait du mal à s'ouvrir pour la bonne raison qu'il était comparable à une huître. L'aspect extérieur montrait que la douleur l'avait envahi depuis longtemps, mais à l'intérieur, peut-être se cachait une perle, quelque chose qui faisait qu'il n'était pas qu'une épave. «  Zéphyr, je suis si désolé de ne pas t'apporter quelque chose, comme toi tu le fais pour moi. Je me sens tellement inutile quand tu me prends dans tes bras. Tu me dis toujours que ça va, que tout ira mieux. Mais moi, je ne fais jamais rien pour toi. » un sentiment de culpabilité l'envahissait. Il s'approcha de nouveau de Zéphyr et déposa un baiser sur sa joue, tout en lui murmurant un merci. Ce n'était pas le genre de merci que l'on dit dans le vent. Celui-ci venait du fond du cœur, il l'avait extrait de son soi pour l'offrir à Zéphyr.
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Zéphyr J. Bewstick

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MessageSujet: Re: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeMer 2 Mai - 14:27

Elle a envie de l'emmener loin, loin d'ici, avec elle. De parcourir le monde en le tenant par la main, de sauter de nuages en nuages, de villages en villages. De partir. De s'évader de cette prison dégueulasse qu'est la vie. De le prendre dans ses bras et de le bercer contre elle. Hilarante ironie. La dernière personne qu'elle a serrer dans ses bras, c'était le cadavre encore chaud de son père qu'elle venait de poignarder, à qui elle venait d'enlever la vie. Elle n'avait pas le droit de prendre Ebbe dans ses bras, de lui dire tout les mots doux possibles, de le rassurer quant à son avenir qui était déjà parti loin, si loin. C'était le bourreau qui consolait le condamné. C'était le loup qui rassurait la brebis galeuse qui avait perdu son chemin, s'éloignait déjà de la route que la vie avait soigneusement tracé. « Je suis pas un monstre, hein ? ». Lui ne l'était pas. Il n'était pas un monstre. Il n'était qu'une simple erreur de la justice. Une tâche d'encre sur un fichier blanc. Un dérapage dans le système. Il n'aurait jamais dû attérir à Falkenberg. Il n'aurait jamais dû voir ce cadavre mutilé qui saignait sa vie sur le pavé trop noir. N'aurait jamais dû croiser les regards que la mort hantait des criminels jugés trop coupables pour mourir. Elle avait pas voulu être coupable, Zéphyr. Elle aurait préféré mourir. Elle était trop lâche pour ça. La mort n'était pas son amie. Elle l'effrayait. La froideur des corps de défunts. Le sang qui sillonnait le parquet. La lame rougit, de cette si belle couleur rouge qu'était l’hémoglobine. Mourir noyée dans ce liquide poisseux qu'était la vie.

« Pourquoi tu es là pour moi ? ». Elle se noyait dans ses yeux trop grands d'enfant qui a vieillit trop vite. Elle sentait son cœur se tordre sous les mots d'Ebbe. Sa gorge se serrait lentement, tandis qu'elle s'accrochait à ses épaules comme l'on s'accrochait à une bouée en plein naufrage, ses mains se crispant contre le corps trop frêle. Elle aurait voulu émerger, Zéphyr. S'accrocher à la raison comme il s'y accrochait lui. Mais elle buvait la tasse. Le sel s'infiltrait dans ses narines. L'eau étouffait ses poumons. Elle se noyait dans sa folie. Y sombrait petit-à-petit. Elle ferma les yeux. Tout était fini. « Zéphyr, je suis si désolé de ne pas t'apporter quelque chose, comme toi tu le fais pour moi. Je me sens tellement inutile quand tu me prends dans tes bras. Tu me dis toujours que ça va, que tout ira mieux. Mais moi, je ne fais jamais rien pour toi. ». Elle rouvrit les paupières brusquement lorsqu'elle sentit les lèvres du garçon effleurer ses joues, pareilles à des ailes de papillons qui touchent une fleur. Son '' merci '' était plus beau que tout ceux du monde. Plus fort que n'importe quelle parole. Plus joli, logé au cruex de son oreille, que n'importe quelle mélodie. Ce n'était pas lui qui devait la remercier. C'était elle qui aurait dû le faire. Elle se contentait de mal jouer le rôle de protectrice, de grande sœur qui le sauvait des bras trop froids du monde. Elle n'arrivait même pas à se convaincre avant d'essayer de le convaincre lui-même. Elle en aurait hurlé. Elle effleura du bout de son pouce l'épiderme de la joue du garçon, y essuyant des larmes presque imaginaires. « Cest pas moi qui t'apporte quelque chose, Ebbe. C'est toi qui m'aide. ». Sa voix rouillée donne l'impression d'un vieux mécanisme qui se remet en route, péniblement. C'est pas un mécanisme qui se remet en route. C'est son cœur qui s'efforce de ré-apprendre à aimer.
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Ebbe-Fridtjof G. Berg

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MessageSujet: Re: run away - zéphyr.    run away - zéphyr.  I_icon_minitimeJeu 3 Mai - 15:13

Ils en avaient fait une véritable boucherie, de son cœur encore palpitant. Ils avaient coupé les veines, tranché le muscle avec un sourire morbide. Le plaisir de voir l'autre souffrir. Ce plaisir habitait n'importe quel être, à Falkenberg, c'était tellement lisible, dans le regard, cela se voyait par des gestes, des paroles. Ils te feront saigner, comme ils saignent un cochon à l'abattoir. Ebbe, il courait à sa propre perte, il croyait qu'il fuyait le danger alors qu'il s'y jetait aveuglément. Le pouce de Zéphyr effleura sa joue, ramenant l'adolescent à lui, évanouissant les cauchemars. « C'est pas moi qui t'apporte quelque chose, Ebbe. C'est toi qui m'aide. » un pauvre sourire fend son visage un peu trop pâle, un peu trop maigre. Il ne savait pas comment il l'aidait, mais pour une fois, il avait fait quelque chose de bien. Et rien que cela, ça comptait énormément. Il se sentait utile, apte à faire une action bénéfique. Il recula de quelques pas, mettant un peu de distance entre Zéphyr et lui. Ebbe s'appuya sur le mur le plus proche, et appuya sa tête contre, les yeux levés au ciel. Ses yeux se noyèrent de perles salées, elles étaient arrivées tellement rapidement qu'il n'avait pas eu le temps de les ravaler. Les larmes s'accumulaient tellement sur le précipice de ses paupières que sa vision s'en trouvait brouillée. Il n'y avait que du flou autour et en face de lui. Il ouvrit alors les vannes des pleurs. Elles roulaient en silence, suivant la courbe de sa joue, puis s'écrasant sur ses vêtements.

C'était un amas de tristesse, de haine, d'incompréhension et d'injustice qui éclatait. Et tout sortait, il n'y pouvait rien. Il ne maîtrisait pas ça. Il était l'esclave de sa douleur, tiré par des fils. « J'ai tellement mal, tu sais. C'est pas une douleur ténue, ni même sourde. » il marqua une pause, tendit les bras vers Zéphyr, paumes vers le ciel. « C'est partout. Dans mes mains, dans mes jambes. Mais c'est dans mon cœur où ça fait le plus mal. » c'est là où ça cogne le plus, c'est là où les bourreaux frappent. Ils arrivent au moment où l'on s'y attend le moins. Et ils frappent, sans jamais se lasser. Encore et encore. Il est plein d'ecchymoses, le petit Ebbe. Mais son bourreau, ce n'est pas n'importe lequel. Non. Son bourreau, c'est la vie. Elle l'amoche, cette putain de vie. Fais toi enculer par des pédés, puis pars en prison. Tombe au fond du gouffre, qu'on revoit plus ta tête d'enfant. Et pleure bien, surtout. Je veux voir les larmes sur tes joues tous les jours, je veux ressentir ta tristesse et ta haine. Je veux te voir tomber de fatigue, je veux entendre ton ventre hurler parce qu'il a faim. Je veux voir tes cauchemars la nuit. Je veux te voir souffrir, tout le temps. Cette voix murmurait sans cesse dans ses oreilles. Bourdonnement incessant. Les larmes séchèrent alors qu'Ebbe bouillonnait de colère. Il se retourne puis donna un coup de poing dans le mur. Puis un autre. Et encore un autre. « J'en ai marre de la vie, merde. J'veux pouvoir partir pour toujours, tu sais. » et il continuait. La peau sur ses phalanges s'étaient ouvertes à force de frapper le mur. Le sang coulait librement sur ses doigts. Il se retourna vers Zéphyr. Triste tableau du désespoir.
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