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 we lose ourselves. (zephyr)

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N. Bleuenn Wentworth

N. Bleuenn Wentworth



◭ messages : 95
◭ date d'inscription : 12/04/2012
◭ ancien métier : étudiante en psychologie.
◭ localisation : quelque part dans les ténèbres.
◭ âge irl : 29
◭ date de naissance : 09/11/1995

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MessageSujet: we lose ourselves. (zephyr)   we lose ourselves. (zephyr) I_icon_minitimeSam 14 Avr - 18:22

we lose ourselves. (zephyr) 120414073443635680
we lose ourselves...
Ses pas l'avaient conduits au vieux cimetière de Falkenberg sans même qu'elle ne s'en rende compte. Et Blue était là, slalomant entre les tombes avec un regard absent. Cela allait faire trois semaines qu'elle était dans ce lieu de désolation, dans ce pays chaotique ou elle n'avait même pas sa place. Au début, elle avait tenté de se dire qu'elle avait été transférée à Falkenberg pour des raisons valables. Elle avait tué, elle devait être punie. Mais au fur et à mesure des heures, des jours, elle s'était sentie oppressée, et la sensation de suffoquer était quasi permanente. Alors pour ne pas avoir de regret sur ce qu'elle aurait dû faire - ou plutôt ne pas faire - lorsqu'elle n'avait pas encore de sang sur les mains, Bleuenn s'était mise à tuer. Des plus faibles qu'elle, des plus vulnérables. Pour donner un sens à sa présence à Falkenberg. Se sentir comme une criminelle valait mieux que de se sentir innocente et punie pour des chose que l'on a pas faites. Ou du moins, c'est ce qu'elle avait cru. Elle avait espéré vainement qu'être un monstre la libérerait de ses remords, de sa souffrance. Mais tuer encore n'avait fait que décupler sa culpabilité.

Tout allait mal, et l'optimisme insensé qu'elle s'était découverte en arrivant à Falkenberg était loin dans ses souvenirs. Bleuenn avait envie de crier, de pleurer, de cracher sur sa vie, sur ce que l'amour en avait fait. Amour cruel et destructeur. Injuste et douloureux. Elle avait cru naïvement que savoir Noé souffrant et pleurant la mort de sa dulcinée réussirait à effacer la rage de sa vie jusqu'à la fin de ses jours. Mais c'était le contraire qui s'était produit. Elle avait détruit deux vies, lacéré deux destins. L'idée de savoir Noé détruit révulsait Blue. Malgré tout le mal qu'il lui avait fait, elle s'était rendue compte après ces heures entières passée à regarder le ciel sombre de Falkenberg qu'elle voulait le savoir heureux, rayonnant. C'est comme ça qu'il était le plus beau, le plus irrésistible. La vengeance ne vous apaise que quelques temps. Après ce court répit, les malheurs reviennent.

Regrets. Ce mot ne faisait que passer et repasser dans l'esprit de Bleuenn. Si elle avait pu réécrire son histoire, elle en aurait effacé la quasi totalité, à commencer par ses meurtres et sa rencontre avec Noé. Si elle avait pu oublier... Dans la période qu'elle vivait, Blue aurait tout donné pour oublier. Effacer peine, douleur, remords, culpabilité.

Blue traînait les pieds entre les pierres tombales. Le silence était total, le temps semblait figé. Elle tentait de forcer ses yeux à rester secs, sans résultat. Elle sentait les larmes commencer à couler, elle sentait cette boule dans la gorge annonciatrice de cris désespérés. A bout de forces, elle se laissa tomber à genoux devant une pierre tombale. De loin, on aurait pu la croire entrain de prier pour un mort. Les doigts plongés dans la terre, points crispés sur le sol, sa bouche était tordue en un rictus. Ne pas pleurer, ne pas crier. Rester maître de sois même. Elle releva la tête, et son regard croisa la pierre tombale devant laquelle elle était agenouillée. Un gémissement désespéré s’échappa de ses lèvres crispées. « À la mémoire de Barbara Campbell, morte de maladie. 1875 - 1904. »


Dernière édition par N. Bleuenn Wentworth le Dim 22 Avr - 5:16, édité 1 fois
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Zéphyr J. Bewstick

Zéphyr J. Bewstick



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◭ date d'inscription : 27/03/2012
◭ ancien métier : Prostituée
◭ localisation : Derrière toi

De quoi es-tu coupable ?
◭ mes complices: Vous.
◭ mon crime: Exister.

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MessageSujet: Re: we lose ourselves. (zephyr)   we lose ourselves. (zephyr) I_icon_minitimeMar 17 Avr - 15:56

Elle observait la silhouette qui se déplaçait dans le cimetière avec une attention particulière. Cachée derrière les arbres qui bordaient les allées de sépultures sinistres, elle guettait, depuis le début, cette jeune femme qui se déplaçait dans le cimetière d'une démarche gracile. Qui était-ce ? Que venait-elle faire là ? Zéphyr s'en moquait. Elle était sa distraction du moment. Terrée entre les platanes qui effleuraient son visage de leurs feuilles impertinentes, elle attendait. Sans trop savoir ce qu'elle attendait. Se contentant d'épier de sa cachette de fortune l'elfe chevelue venue égayer cet après-midi trop terne, trop morne.

D'une âme d'enfant innocent qu'elle n'avait jamais eu, elle se planquait dans sa cabane imaginaire et se rêvait invisible. Elle était l'oiseau en eau de cette cime d'arbre qui chantait gaiement. L'oiseau qui s'était trompé d'endroit, qui n'avait décidément rien à faire là. La petite poupée oubliée sur le banc du jardin d'enfant. La marionnette poussiéreuse qui souriait toujours, les lèvres cousues, au fond de la malle de bois multicolore. Aujourd'hui, elle ne voulait pas être Zéphyr. Elle voulait être cette petite fille aux nattes blondes qui venait vous demander, tout sourire '' dis, pourquoi il pleut ? '', être cette petite chose trop fragile que l'on protégeait de tout. Elle voulait pouvoir nier son crime, chanter en sous-vêtements sous la pluie, rire de tout et de n'importe quoi. Rire du sang qui avait ruisselé sur ses mains en rivières morbides. Rire de cet homme décédé qui gisait six pieds sous-terre. Rire du poivrot qui s'était noyé dans son propre vomi. L'envie de n'être qu'un rêve, qu'un mirage, qu'un enfant, lui serrait le cœur. Et elle aurait voulu mêler l'inconnue qu'elle observait en souriant futilement à ses jeux. Elle aurait voulu l'entraîner dans une valse de puérilité, lui proposer de construire une cabane, rire à deux des choses si graves. C'est pourquoi elle sortit lentement de sa cachette, faisant bruisser les feuilles sur son passage.

L'autre était au sol, les épaules affaissées, comme si toute la misère du monde avait décidé de peser aujourd'hui sur ses épaules. Mais ce n'était pas le cas. La misère du monde répartissait son poids sur chaque épaule des habitants de Falkenberg. Inégalement. Faisant s'écrouler les uns, ployer les autres. Zéphyr ne savait pas quel poids la culpabilité avait décidé d'ajouter sur ses épaules, elle ne savait plus. Elle voulait oublier. Elle ne voulait pas être la meurtrière noyée petit-à-petit dans sa folie, aujourd'hui. Elle voulait simplement être cette gamine qui sautillerait jusqu'à la demoiselle au sol pour essuyer ses larmes. Celle qui lui dirait '' ne t'en fais pas, tout va bien, ce n'est qu'un mauvais rêve. ''. Cela ne serait pas vrai. Cela serait un mensonge. Comme celui qu'elle avait dit à Ebbe en lui disant qu'il allait s'en sortir, que personne n'allait venir l'embêter. Comme celui qu'elle se répétait en boucle, remâchait maintes et maintes fois. '' Ce n'est pas de ta faute, Zéphyr. Tu n'es pas coupable ''. C'était faux, elle le savait. Se le répéter n'était pas utile. C'était stupide. Alors tant pis. Elle souhaitait être stupide et incompréhensible toute sa vie.

Elle s'approcha sans un mot. Bleuenn. Elle ne su pas trop comment réagir. Sourire ou se méfier ? Peut-être l'inviter à jouer ? Ce n'était pas le moment. Alors, silencieusement, elle déposa une main trop maigre sur l'épaule de la jeune femme et lui posa la question la plus stupide du monde. « Tu la connaissais ? ». Bien sûr que non. Elle ne la connaissait pas. Personne ne connaissait cette Barbara Campbell. Mais ce n'était pas grave. Elle ne voulait pas poser de questions intelligentes. Elle voulait simplement meubler le silence. Ce silence qui ne riait pas assez à son goût.
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N. Bleuenn Wentworth

N. Bleuenn Wentworth



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MessageSujet: Re: we lose ourselves. (zephyr)   we lose ourselves. (zephyr) I_icon_minitimeDim 22 Avr - 5:59

Le cœur de Bleuenn rata un battement avant de repartir de plus belle, dans un rythme désespéré qui lui meurtrissait la poitrine. Ses poumons s’acharnaient à se remplir d'air, mais celui ci lui semblait dénué d'oxygène. Elle étouffait. Sa main vint se poser sur la pierre tombale avec frénésie, espérant ne trouver que du vide. Ça devait être un rêve. Une simple hallucination. Mais la tombe était bien là. Ses doigts caressaient les vieilles inscriptions émoussées, suivant le contour des lettres. Barbara. Et à ce simple nom, tout son corps, tout son être lui envoyait des signaux de détresses dans des éclairs gelés. Ses membres tremblaient, ses joues étaient inondées de larmes.

Criminelle. Monstre. Ces mots tournaient en boucle dans l'esprit épuisé de Bleuenn, la narguant, la torturant toujours un peu plus. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser sous la pression de son dégoût envers elle même. Barbara n'avait pas mérité de mourir. N'importe qui aurait agit comme elle. Non, Noé aurait dû être envoyé six pieds sous terre, pas Barbie. Et Blue se sentait tellement coupable, tellement sale. Cette tombe devant laquelle elle était agenouillée n'était même pas celle de sa victime. Seul leur prénom leur était commun. Mais cette simple évocation à ses douloureux souvenirs avait plongée Blue dans des ténèbres poisseux et collants dont elle aurait du mal à se débarrasser. Le fantôme de Barbara la suivait partout, cherchant vengeance dans son désespoir d'être à Falkenberg. Et comme pour illustrer cette conviction, une voix s'éleva dans son dos et une main se posa sur son épaule. « Tu la connaissais ? » Blue sursauta. Sa main glissa de la pierre tombale pour venir essuyer ses joues, y laissant quelques résidus de terre. Elle se retourna, et eu la certitude que cette fois ci, elle allait devenir folle.

Trop de coïncidences pour que ça en soit vraiment. Devant elle, la surplombant en hauteur, Barbara était là. Son premier réflexe fut de se débarrasser de sa main d'un brusque coup d'épaule tandis qu'elle reculait précipitamment. Pendant quelques secondes, elle eu la certitude de se retrouver devant un fantôme. Puis ses yeux se plongèrent involontairement dans les iris de la jeune femme qui venait de l'aborder. Nulle expression de rage ou de vengeance dans ces yeux là. Juste de la curiosité et de la compassion. Zéphyr. Oui, bien sur, c'était elle. Comment ne pas l'avoir remarqué plus tôt ? Certes elle ressemblait énormément à Barbie, mais ses traits avaient conservé quelque chose d'un peu différent. Blue eut un pincement de soulagement au cœur, essayant tant bien que mal de reprendre un souffle régulier. Pendant quelques secondes, elle fut incapable d'articuler le moindre mot. Assise à même le sol, elle tourna de nouveau le regard vers la pierre tombale, laissant ses yeux se perdre sur la courbe des sillons creusés dans la pierre pour y former ce nom maléfique qui semblait la suivre partout. « D'une certaine manière, je.... je crois, oui. » Elle ressemblait à une demeurée, avec sa boue sur les joues, ses yeux rouges de pleurs et ses cheveux emmêlés. Un air de panique flottait encore sur son visage, et les battements de son cœur lui explosaient les tympans.

Trop de coïncidences. Ses pensées ne cessaient de se retourner vers ces trois mots. Quelle probabilité y avait il pour qu'elle s’effondre sur la seule pierre tombale portant le nom de Barbara de tout Falkenberg ? Quelle probabilité que Zéphyr, son parfait sosie, arrive au même moment ? Blue sentit un frisson parcourir sa colonne vertébrale de haut en bas. « Tu me suis ou quoi ? » Ton agressif, menaçant. La peur est présente dans la moindre petite parcelle de son corps, la moindre cellule. Et si Zéphyr n'était autre que la réincarnation morbide d'une Barbara désireuse de voir couler les larmes de sa meurtrière ? Ces pensées sont absurdes, et pourtant elles trouvent un certain poids dans l'esprit de Bleuenn. Elle est à Falkenberg, après tout. Tout est étrange et surnaturel sur ces terres désolées.

Blue se passa une main tremblante dans les cheveux. Ses paupières se fermèrent quelques instants, son esprit essayant de retrouver la voie de la raison. « Excuses moi, j'ai l'esprit un peu embrouillé ces derniers temps. Tu dois me prendre pour une folle. » Elle se releva, ses jambes frêles chancelant sous son poids. Une fois sure qu'elle allait conserver son équilibre, elle épousseta sa peau nue des brindilles venues s'y coller.


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