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 You and I, we were born to die. - Stojan

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Zéphyr J. Bewstick

Zéphyr J. Bewstick



◭ messages : 366
◭ date d'inscription : 27/03/2012
◭ ancien métier : Prostituée
◭ localisation : Derrière toi

De quoi es-tu coupable ?
◭ mes complices: Vous.
◭ mon crime: Exister.

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MessageSujet: You and I, we were born to die. - Stojan   You and I, we were born to die. - Stojan I_icon_minitimeDim 1 Avr - 16:16

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Elle avance dans le dédale des rues de Falkenberg sans destinations précises. Se laissant guider par ses pas, totalement indifférente au monde qui l’entoure. Les cernes qui soulignent ses yeux délavés et sa peau trop pâle donnent au spectacle quelque chose d'étrange, de fantomatique, à cette silhouette décharnée qui se traîne inlassablement parmi les ruelles. Le sol est humide, les pavés glissants et ruisselant encore de la pluie d'hier soir semblent vouloir lui faire des croches-pieds. Le soleil est à peine levé et seuls quelques rayons de soleil isolés viennent se refléter dans les flaques d'eau. Elle marche sans s'arrêter, pour oublier. Oublier la veille, l'avant-veille et tous les jours qui les ont précédés. Oublier tout, jusqu'à en oublier son passé, son propre nom, son identité. Les rues sont désertes. Quelle heure est-il ? Quatre heure ? Cinq heure ? Elle l'ignore. Ignore ou peuvent bien être les autres. Des spécimens étranges, tous plus dangereux les uns que les autres. Malades, incompris, parfois innocents, souvent victimes. Victime d'une folie commune qui les avait tous absorbé les uns après les autres. Ce n'était pas les gens forts, qui logeaient à Falkenberg. C'était les gens faibles, qui s'étaient laissés prendre au jeu de la tuerie, au délice du meurtre et des délits. Les personnalités fortes résidaient à l'extérieur de ce monde qui était leur prison, s'étaient protégé des erreurs de l'humanité en les rangeant dans un coin. Ils avaient peur d'eux. Peur de ce qu'ils pouvaient leur faire. N'était-ce pas comique ? Le loup qui a peur de la brebis galeuse. Le médecin qui a peur du malade. Leur maladie à eux était contagieuse. Chaque semaine, de nouveaux atteints étaient lâchés dans la jungle de Falkenberg. Certains survivaient. D'autres y trouvaient la mort.

Elle releva les yeux. Devant-elle se tenait une grille à moitié arrachée, d'un noir sinistre. Sans se questionner, elle la poussa, s'aventurant dans ce lieu qui dégageait un aura morbide. Un pas. Deux pas. D'un regard, elle balaya les allées de sépultures. Reposaient-ici des âmes oubliées dont l'identité s'était perdue au fil du temps. Des défunts à qui personne ne rendait jamais visite. Car quelle-était la valeur de la mort, ici ? La mort était une chose anodine, bénigne. On vivait et on mourrait. C'était un cycle. C'était ainsi. Zéphyr s'approcha lentement d'une des tombes. Aucune inscription ne venait troubler la surface trop lisse du marbre. Comme si l'on avait enterré ici un parfait inconnu dont personne n'avait daigné reconnaître le visage. C'était comique, dans le fond. Naître, vivre, mourir sans que personne n'y accorde d'attention particulière. Un rire suraigu s'échappa des lèvres de la demoiselle. Un malaise profond face à ses tombes qui ne comportaient aucune écriture, une envie pressante de combler le silence. Un silence si oppressant. Un silence qui lui opprimait les poumons. Sans états d'âmes, elle se posa sur la tombe en pierre et attrapa une fleur morte qui trônait dessus pour en arracher les pétales, un à un. C'était stupide, cette manie qu'avaient les gens de fleurir la sépulture du défunt. De là où il était, il se moquait bien des bouquets que l'on pouvait poser au-dessus d'une boîte qui renfermait son cadavre.

Un mouvement furtif vers l'entrée du cimetière attira son attention. Sans prendre la peine de tourner la tête pour s'informer de l'identité du nouveau venu, elle lança « C'est étrange, la mort, non ? Un instant avant, on est vivant et celui d'après, on est mort. ». Un rire enfantin s'échappa de sa gorge. Folle. Il allait la prendre pour une folle. Mais ce n'était pas bien grave, il n'y aurait pas méprise. Car folle, elle l'était bel et bien.
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Stojan Gautier

Stojan Gautier



◭ messages : 261
◭ date d'inscription : 24/03/2012
◭ ancien métier : étudiant en parapsychologie.
◭ localisation : ici, puis là.

De quoi es-tu coupable ?
◭ mes complices: elle, lui, eux, un peu tout le monde en fait. Mais, surtout moi.
◭ mon crime: le suicide. C'est déprimant, non ?

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MessageSujet: Re: You and I, we were born to die. - Stojan   You and I, we were born to die. - Stojan I_icon_minitimeMar 17 Avr - 16:42


Tout est ennuyeux, tout est fade ici. Je n'ai plus la même liberté qu'avant, je n'ai plus cette liberté de geste que je pouvais avoir. Pour tout dire, je n'ai presque plus rien. Tout s'estompe, devient flou. Falkenberg sera ma fin, mon chapitre final, mes derniers mots. Glissant le long des rues, je touche de mon doigt le mur. Je pense, peut-être trop. Je fatigue, je m'ennuie. Il y a des personnes fragiles certes, mais ce n'est pas pareil. Ou plutôt, ce n'est pas simple. Le jeu devient de plus en plus compliqué, les cartes sans défenses sont rares, très rares et il faut utiliser bien plus que la manipulation pour arriver à ses fins. C'est étrange, amusant sans vraiment l'être. Parfois, je suis nostalgique, de Nora, d'Ariana. Oh oui, Ariana. La plus simple à faire tomber du gouffre, elle a commencé à mourir de l'intérieur, puis elle a fini par laisser tomber. Lâcher prise. Fermer les yeux, rester dans le noir à jamais. Cette douce occupation me manque, me ronge de l'intérieur. Comme un drogué voulant sa poudre, un alcoolique cherchant sa bouteille en vin. Lâchant un vague soupir, je vois face à moi un lieu bien commun. Mais, pourtant particulier à mes yeux. Il est sombre, parfois qualifié de morbide, mais ici il y a la paix. Il y a ce silence qui ferait presque peur, cette ambiance sans vie, ces fleurs qui fanent. Le cimetière. Je ne sais pas qui est mort ici, peut-être de simples prisonniers qui n'ont pas eu de chance ? Mais au fond, je veux juste admirer. Me souvenir d'avant. Avant, tout était bien, tout était bien proportionné. Maintenant, la tournure change, prend un chemin, le mauvais chemin. J'approche, j'entre et je suis émerveillé. Cimetière signifie mort, mais mort signifie liberté. Renouveau. Mon coeur s'emballe, se met à revivre tout à coup. Une excitation violente, nouvelle qui prend possession de mon corps. La joie, oh oui la joie. Parmi eux, je suis bien, parmi eux je sais qu'ils emporteront mes secrets quelque part. Où ? Allez savoir. Personne n'est revenu à la vie pour me le dire, aucun mort n'est venu me le murmurer à l'oreille. Sourire aux lèvres, mes yeux se balancent sur une tombe, une autre, puis encore une autre. Chacune est différente, elle a sa particularité, sa couleur, sa phrase et surtout sa date. Il en faut peu pour être heureux, je crois que cette phrase n'a jamais prit autant de sens à mes yeux qu'en ce moment même. Sauf que quelque chose me coupe dans mon élan de joie. Une chevelure blonde au loin, un corps frêle qui paraitrait presque fragile et ce regard perdu dans le vide.

Je sais, je la connais. Zéphyr. Cette fille est étrange, assez fascinante même. Mais, profondément fragile. Je le sais, je le sens, comme un sixième sens. Elle dégage quelque chose de profond, de tragique. Après tout, quasi tout le monde à Falkenberg, a ce côté perdu, enfant triste et vie sans joie. Déprimant. Ma première tentative de lui parler, a été catastrophique. J'ai tenté de fouiller, justement trop, à un point tel qu'elle a préféré partir sans me donner de raison. Maintenant, je sais, je vais jouer la carte du pauvre gamin sans défense qui est là .. pour rien. Après tout, quand on y pense, je n'ai rien fait. Mains dans les poches, je la fixe pendant un instant. Sa voix résonne alors dans ce lieu de repos. « C'est étrange, la mort, non ? Un instant avant, on est vivant et celui d'après, on est mort. » Un rire, un rire tellement naturel qu'il en est ignoble. Un être humain normalement constitué devrait partir en courant, la traiter de folle. Pourtant, Falkenberg c'est ça : un repère de tout et n'importe quoi. D'innocents et de timbrés. De moutons et de loups. La chasse est ouverte. Je fixe alors une tombe, l'air de rien, comme un type qui viendrait se recueillir. « C'est la triste fatalité. Une chute dans l'escalier, un incendie, une noyade. La mort est un peu partout, c'est assez flippant tu ne trouves pas ? » Sourire candide aux lèvres, je me permet de la regarder alors. Zéphyr n'est pas désagréable à regarder, Zéphyr est meurtrie. Zéphyr perd petit à petit la raison - si ce n'est pas déjà fait. J'inspire un long moment puis tout en me mettant accroupis face à la tombe, j'ajoute. « Je suis ... vraiment désolé pour la dernière fois. Je suis allé beaucoup trop loin. » Je joue le masque du tendre, le type qui veut se faire pardonner, celui qui est conscient de sa bêtise. La tombe est lisse, il n'y a rien. Mes yeux s'écarquillent à cette vue, c'est frustrant, hallucinant, impensable. Puis, un élan de souvenirs m'envahit. Moi, mon frère, un enterrement, une femme à l'intérieure du cercueil, de la pluie. Intérieurement, je commence à prier qu'elle soit d'accord de passer l'éponge, me croire et si ce n'est pas le cas ... Je vais devoir passer à une autre jeune femme comme elle. Une femme qui continue à se battre alors qu'au fond, elle n'a aucune raison de continuer.
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Zéphyr J. Bewstick

Zéphyr J. Bewstick



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De quoi es-tu coupable ?
◭ mes complices: Vous.
◭ mon crime: Exister.

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MessageSujet: Re: You and I, we were born to die. - Stojan   You and I, we were born to die. - Stojan I_icon_minitimeJeu 19 Avr - 17:09

Et elle arrache, enlève un-à-un, les pétales de cette fleur fanée, avec la cruelle impression que c'est son cœur qu'elle déchire, que ce sont ses sentiments affolés qui tombent au sol lentement, si lentement. Sa douleur qui se répand, balayée par le souffle du vent. C'est sa vie qui s’effeuille sous ses yeux de meurtrière inavouée. Elle était bien ici. Tristement bien. Elle aurait pu s'allonger sur cette tombe et se laisser mourir lentement. Elle aurait pu se laisser tomber sur la pierre et fermer les yeux à jamais. Tout paraissait si simple. Tout était si compliqué. Elle jeta la brindille dénudée au sol. Sans ses pétales, cette tige n'était qu'une herbe folle sans importance. Sans écritures, gravures, dates, ces tombes n'étaient que des pierres ordonnées, tristement disposées en allées parfaites. Elle laisse sa main aller sur le marbre lisse et froid. La perfection, dans le fond, n'est que le sombre reflet de la tristesse. Elle arrache sa main à ce contact comme si il l'avait brûlé, avant de porter son regard sur la silhouette qui vient de franchir les portes du sinistre sanctuaire.

Stojan. Ce nom s'impose à elle comme une évidence. Elle murmure son prénom du bout des lèvres, comme si l'identité du nouveau venu l'avait frappée au point qu'elle ne parvienne pas à la garder pour elle. Une profonde nausée s'empare d'elle. Elle ignore si elle doit courir vers lui pour le frapper. Ignore si elle doit s'enfuir aussi bien que la dernière fois, aussi facilement. Tout est trop compliqué ici, si tu savais. Un frisson lui transperça l'échine. Elle ne détachait pas son regard du jeune homme qui fixait une tombe d'un air apaisé. Il semblait normal. Si terriblement normal parmi des gens anormaux. Si stupidement normal en compagnie de la personne anormale qu'elle était. « C'est la triste fatalité. Une chute dans l'escalier, un incendie, une noyade. La mort est un peu partout, c'est assez flippant tu ne trouves pas ? ». Elle laisse son regard se perdre dans le vide un instant, avant de le reporter sur lui. Elle ne peut pas se permettre de trouver la mort terrifiante. Cela aurait été admettre que le meurtre qu'elle avait commis était horrifiant, qu'il avait peiné sa victime. Elle ne voulait pas penser comme ça. Elle voulait penser naïvement que la mort était une autre chance, quelque chose de beau. Elle voulait se donner une conscience. Elle voulait se sentir humaine. Penser qu'elle avait rendu un service ultime à son paternel, et non pas qu'elle avait mis court à une chose si belle qu'était la vie. La vie n'était pas belle. La vie était affreuse. La mort se devait d'être plus douce. Il ne pouvait pas en être autrement. « Ce n'est pas flippant. ». Sa voix siffla dans l'air, sèche. Plus agressive peut-être qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle n'avait toujours pas digéré sa rencontre avec Stojan. Elle n'avait toujours pas digéré ses mots trop bien dirigés, qui lui avaient tellement rappelé ceux du psychiatre qu'elle avait croisé avant d'arriver ici. « C'est ainsi. C'est pour ça que nous sommes nés, non ? On n'y peut rien. Il faut qu'elle vienne à un moment ou un autre. ». Elle déglutit en secouant la tête. Ses mèches folles dansaient devant ses yeux. Elle voulait qu'il acquiesse. Elle voulait qu'il comprenne. Qu'il la comprenne.

« Je suis ... vraiment désolé pour la dernière fois. Je suis allé beaucoup trop loin. ». La sincérité qui lui semble s'échapper des lèvres de Stojan fait fondre la méfiance hautaine qu'elle entretenait à son égard. Peut-être qu'elle est trop paranoïaque. Peut-être qu'elle devient folle. Peut-être qu'il voulait juste apprendre à la connaître. Ce sont trop de '' peut être ''. Trop de '' peut-être '' auxquels elle accorde sans doute trop d'importance. Sa gorge se serre tandis qu'elle laisse échapper ces quelques mots ; « Ça n'a pas d'importance. ». Ça a de l'importance. Tellement d'importance. Elle le sait. Et il le sait sans doute aussi bien qu'elle, peut-être même mieux. Aujourd'hui, elle ne veut pas se méfier. Aujourd'hui, elle n'en a pas la force. Elle veut croire que le monde est gentil, que le monde est beau. Elle veux croire qu'elle pourra faire de Stojan un ami. Quelqu'un de compréhensif. Un appui. Elle veut être crédule. Elle veut être enfant.
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