Sound of violence ▬ Serafin

Falkenberg. Un trou perdu lui même habité par des causes perdues. Des meurtriers, des violeurs, des adeptes du sang... Des cinglés quoi. Personne n'aurait eut envie de vivre ici, de devoir s'y réveiller tous les matins et pourtant ce n'était pas mon pire cauchemar. Non je ne faisais pas partie de ces meurtriers, je n'étais pas non plus une fan absolue des tueurs en série. Pourtant Falkenberg n'était pour moi qu'une ville de plus avec une criminalité élevée. Allez dans les coins mal famés de Londres, Paris, Milan (etc) et au final vous vous retrouveriez avec un Falkenberg bis. Si ce n'est qu'ici nous n'étions pas libre de changer de ville pour échapper à tous ces vices. Mais pour le moment ça ne me dérangeait pas et ne m'empêchait encore moins de dormir sur mes deux oreilles la nuit. Bon il fallait admettre que ça ne faisait pas longtemps que j'étais ici. On m'avait posée ici la veille au soir comme un paquet sans importance un mouton de plus dans une ville de loup. En espérant que je ne me ferais pas manger, ce qui serait tout de même embêtant. Je n'avais pas encore cherché à prendre contact avec mon frère. Non pas que je n'ai pas eut le temps de le chercher mais j'avais besoin de faire le point. Sur les raisons pour lesquelles j'avais fini ici, pour lesquelles Azazel avait renoué des contacts avec la mafia jusqu'à aller tuer pour eux et surtout je si devais lui en vouloir ou non. C'était un fait que je lui en voulais. Mais pouvais-je réellement lui en vouloir ? Il traçait sa vie comme je traçais la mienne sans se soucier des dommages collatéraux avant que ceux-ci ne surviennent sur le chemin. Et je n'étais malheureusement pas très bien placée pour pouvoir dire quelque chose contre l'association de Az avec la mafia sachant que j'avais fini ici pour les mêmes raisons. Certes je ne tuais pas. Et ce n'était pas une association volontaire de ma part. Mais de tout de même.

Toujours était-il que finalement je commençais déjà à m'ennuyer dans cette ville peu distrayante. Peut-être était-il temps que je me lance à la recherche d'Azazel ? Hum non. Quelque chose me disait que je le trouverais plus facilement de nuit. Je commencerais plus tard à le chercher, quand je saurais quoi lui dire sur les raisons de ma présence ici. Pour le moment j'étais à la recherche d'une photo qui était toujours sur moi, que ce soit dans mes poches ou dans mon portefeuille. Et pourtant aujourd'hui impossible de la trouver. Disparue. Elle représentait pourtant beaucoup pour moi. Dessus y figurait ma mère, moi & Azazel peut avant avant le meurtre. J'avais trouvé ça chez Aleksey en fouillant dans ses affaires. Mon père quand à lui devait être au « travail ». Et tu parles d'un boulot que de servir de larbin pour des types de la mafia. Des pourris jusqu'à la moelle. Si j'avais été un temps réellement affectée par la mort de mon père, je n'en n’éprouvais maintenant que rancœur et déception. C'était de sa faute si notre enfance avait été gâchée. Enfin là n'était pas le problème. Je voulais retrouver cette photo. Réellement. Je ne savais pas ou j'avais pu la perdre. Peut-être au lac ? Peut-être était-elle encore miraculeusement là ? De toute façon qui ne tente rien n'a rien comme on dit et je n'avais pas grand chose d'autre à faire. Fallait-il encore que je retrouve le chemin du lac chose plus facile à dire qu'à faire. Je n'avais pas un mauvais sens de l'orientation mais de là à retrouver du premier coup le chemin que j'avais fait de nuit...

Bizarrement ce ne fut pas si compliqué que cela, peut-être tout simplement puisque le lac était visible d'où j'étais ? Hum sûrement mais je préférais me dire que mes talents d'orientation étaient en cause. Je finis par atterrir sur une rive du lac maintenant confrontée à un autre problème : mais où m'avaient-ils donc déposée hier soir ? Bonne question, très bonne question. Ah oui sûrement sur me débarcadère chose tout à fait logique finalement. Mais aucune trace de photo. Nul part. Que dal . Nada. Une sorte de désespoir mêlé à de la rage s'empara de moi. Comme souvent lorsque quelque chose m'énervais j'avais un besoin de tout faire sortir, de m'attaquer à quelque chose. Peut-être ressemblais-je plus à mon frère que je ne le pensais. Cette fois ci ce fut un cailloux qui fut l'objet de ma colère et indirectement un jeune homme. Dans ma rage je n'avais pas vu qu'il était dans la trajectoire de mon cailloux. Pauvre de lui. « Ah excuse moi tu n'étais pas visé, navrée ! »

M’ennuie. Je m’ennuie vraiment... Allongé sur mon lit, la tête à l’envers, je fixe le mur... Je m’ennuie... Il faut que je trouve quelque chose à faire, et vite. J’ai pas envie de partir en exploration, pas du tout. Pas aujourd’hui. Et puis je préfère éviter les ennuis moi... Alors je préfère me tenir tranquille pour une fois. Mais c’est pas drôle d’être sage... J’ai rien à faire... Et puis je peux pas jouer avec le feu à l’intérieur, c’est dangereux et là j’ai personne pour réparer les dégâts en cas de problème. Non, personne. Pff. Mon frère me manque... Au moins avec lui, je m’ennuie jamais, il trouve toujours quelque chose pour que je m’occupe. Et dans le pire des cas je l’embête, comme ça on parle tous les deux, moi je m’amuse, lui s’énerve un peu et tente de me virer et au final on rigole tous les deux ! C’est bien quand c’est comme ça, vraiment ! Sauf qu’il est pas là... Pas là du tout... Alors je ne sais plus quoi faire sans lui... Mais c’est pas plus mal qu’il soit pas là, parce que même si je ne peux pas le protéger, ça veut qu’il qu’il est sage et qu’il ne va pas venir risquer sa vie ici au milieu des loups. Je suis loup, moi ? Oui ! Mais peut-être pas pareil que les autres. Je sais pas... Moi je suis un grand méchant loup ! Heu... Bah oui, et toc ! Et même si je suis pas le plus fort je suis quand même un loup dangereux. Na.

Bon, je fais quoi moi ? Je reste la tête à l’envers jusqu’à me transformer en chauve-souris ? Hum... Naaan. Parce que j’ai que la tête à l’envers. Pour me transformer en chauve-souris, il faudrait que je sois accroché par les pieds et donc que je sois complètement à l’envers. Dans ces cas-là, ça fait mal à la tête. Même si ce serait drôle de me transformer en ça. Ce sont les vampires qui se transforment comme ça ! Oh ouais, devenir un vampire !!! Génial comme idée ! J’essaye ? Hum... Mais comment je fais moi ? Ah, première étape, fuir le soleil. Bah, c’est pas dérangeant de sortir que le soir. Dormir dans un cercueil ? Stylé ! Ouais mais faut qu’il soit confortable parce que sinon je dormirai pas. Quoi d’autre ? Peau pâle ? Heu... Ça c’est pas trop possible... À force de passer du temps dehors j’ai des couleurs... Bon, que un détail. Quoi d’autre ? Boire du sang. Heu... Beurk... Ça c’est pas drôle. C’est très dégoûtant. Autant ça me dérange pas de voir du sang, autant en boire... Beurk... Nan, j’aime pas ! Et en plus faut aspirer et moi j’ai pas des trous dans mes canines. D’abord. Alors en fin de compte, je peux pas devenir vampire ? Non... Bah je vais rester un simple humain et puis c’est tout. C’est très bien comme ça, parce que je peux sortir le jour et faire tout ce que je veux, sous le soleil ou sous la lune !

En fait je sais toujours pas ce que je fais... Je m’ennuie toujours autant... Je laisse mon regard faire le tour de la pièce... Et finalement je vois des pinceaux et une toile vide. Minute... Aaaaaah !!! Trouvé !!! Peinture !!! J’aime peindre alors je vais faire ça ! Je me relève d’un coup ! Avant de retomber... J’ai la tête qui tooouuurne... Pff. Pourtant je sais que je dois pas me relever trop vite : changement brutal de pression, pas bon pour la circulation ! Bref. Je me relève plus tranquillement... Oui, mieux. Puis je fouille la chambre de fond en comble ! Je sais que j’ai plein de tubes de peinture ! Je dois juste retrouver où ils sont. Alors... Le bleu est avec les bouteilles d’eau. Le vert... Avec les plantes ! Le rouge... Héhé, autour d’une pomme. Que je vais pas tarder à ranger d’ailleurs. Le violet bah sur le rebord de la fenêtre. Le noir dans un tiroir. Le blanc devant la toile vide. Et ainsi de suite, toutes mes couleurs sont éparpillées partout ! Mais je les retrouve facilement, parce que je sais exactement où elles sont rangées. Oui, rangement technique ! À ma manière. Ma manière à moi. Bref. Je rassemble tout ça, puis m’empare de ma toile et file en quatrième vitesse ! Je vais où ? Le lac !!!

Je remarque que des gens me regardent passer, avec mon sac plein d’affaires pour peindre et la toile sous le bras. Rien à faire ! Qu’ils me trouvent bizarre, c’est leur problème ! Moi je vais aller peindre !!! Je commence à connaître très bien la ville, encore plus le chemin qu’il faut faire pour aller au lac. Et puis en plus c’est pas compliqué, je dois tourner à droite, puis à gauche, puis deux fois à droite, tout droit, gauche, encore gauche, droite, tout droit puis encore gauche et je suis sorti de la ville ! Pas compliqué hein ? Moi je trouve pas. Enfin, moi c’est moi hein, tout le monde peut pas avoir mon sens de l’orientation ! Donc j’arrive devant le lac... Enfin, du calme ! Je suis hors de la ville, je suis bien... Maintenant je doit trouver un coin où me poser pour dessiner puis peindre. Hum... Près des embarcadères ? Oui tiens, pourquoi pas. Je suis sûr que je vais pouvoir me trouver un endroit confortable. Alors je parcours la plage, à mon rythme, regardant le lac... Aleksey... Il va venir me chercher quand ? Je suis là depuis pas encore trop longtemps, enfin je crois, je compte pas les jours, mais ça me semble si long... Mais après tout c’est une ville de criminels alors il va lui falloir du temps pour trouver une faille dans tout ça. Je cherche aussi de mon côté, mais doucement, à mon rythme, sans me faire repérer. Bref...

Je finis par trouver un coin pas trop mal. J’ai une belle vue sur le lac, l’endroit est confortable... Ouais ! Je m’assois sur le sol, pose mon sac à côté de moi, ma toile sur mes jambes... Et me met à dessiner ! Quoi d’ailleurs ? Hum... Bah le lac. J’imagine un peu ce que ça va donner au coucher du soleil... Les variations de couleur, l’impression de voir des flammes danser sur l’eau... Ouah... Oui, je vois ce que ça peut donner ! Je dessine donc les principaux éléments. J’aime dessiner... Mes traits sont rapides et précis. J’ai mon image bien en tête, pas le temps d’hésiter une seule seconde. Non, pas le temps. Je veux peindre, mais je peux pas si j’ai pas fini mon fond. Je relève de temps en temps la tête pour vérifier les détails... Je me sens bien comme ça, ça me détend. Je m’occupe, je m’ennuie plus du tout ! J’ai l’impression d’être de retour à Détroit, à peindre le lac... C’est tranquille, vraiment. J’oublie un peu où je suis pour juste peindre... C’est bien... Et lorsqu’enfin je finis mon décors je range mon crayon dans une de mes poches puis ouvre mes pots de peinture, un verre que je vais remplir d’eau, puis mes pinceaux. Et c’est parti ! Le lac, bleu profond au premier plan, prenant des couleurs plus orangées, plus rouges au fur et à mesure que je m’avance dans mes plans ! Je dois faire le lac et le ciel en premier, après je ferai le reste parce que c’est le reste qui déborde sur l’eau et le ciel, pas l’inverse. Et toc. Je continue, tranquillement, avec mes jeux d’ombre... je dois faire attention, parce que la première couche est importante, elle va déterminer les reflets pour après. Je ne regarde plus rien d’autre que ce qu’il y a devant moi, donc ma toile et le paysage. C’est bien. Parfois je pose mon pinceau sur mon oreille pour faire quelques détails du bout des doigts. C’est pas conventionnel, je m’en fiche, moi je peins comme ça ! Et puis c’est drôle de peindre avec les doigts ! Bon, j’ai plein de tâche de couleurs partout, même sur le visage parce que ça coule un peu de mes pinceaux... Bah, je nettoierai après. Pour l’instant je m’amuse ! Et soudain je me prend un un truc sur la main !

-Aïeu !

Je note qu’il y a un plouf dans le pot de peinture orange. Heu... Oui ? Je récupère deux de mes pinceaux et les utilise comme des baguette chinoises. J’en ressors un caillou. D’accord... Et pas vraiment petit en plus. Il a rebondi sur moi et atterrit dans le pot ! Ouah, bravo, parce que vu la taille il était difficile de le faire rentrer ! Une voix se fait rapidement entendre. Je n’étais pas visé ? Bah tant mieux pour elle. Et surtout heureusement que y’a rien à mon dessin parce que sinon j’aurais vraiment fait la tronche ! Mais là c’est bon... Je soupire un peu et pose le caillou maintenant orange un peu plus loin puis vérifie quand même que y’a pas de tâche orange. Hum... Non, là y’en a pas, là non plus... Et là non plus... Ok, c’est bon ! C’est parfait ! Enfin je lève la tête pour regarder qui est là pour râler un peu. J’aime pas qu’on m’embête quand je dessine. En plus elle a failli me faire louper mon dessin ! Je suis gentil avec les filles mais bon, je sais râler quand même !

-Oui, bah heureusement ! Parce que sinon j’aurais beaucoup râlé et je... Minute... On se connait non ? Je suis sûr qu’on se connait... Mais d’où ??? Heu... Attends... Je suis sûr que... Heu... Mais pas drôle, je sais qu’on se connait... Ah ! Voilà ! Pandora ? C’est ça ?

Si elle dit non j’aurais l’air idiot. Mais pas grave. J’ai été vachement surpris en la regardant... Mais c’est vrai que j’ai trop l’impression de l’avoir déjà vue... Et elle me rappelle Pandora. Pandora, une russe que j’aime bien même si je l’ai embêtée lorsqu’on s’est rencontré. Alors je lui adresse un léger petit sourire... J’ai bon hein ? Oui j’ai bon. De toute façon je ne me trompe jamais jamais ! Et toc ! Je garde juste la tête levée pour la regarder...