PRÉNOM/PSEUDO ◭ trololo. ÂGE ◭ tralala. COMMENT ES-TU ARRIVE SUR LE FORUM ◭ TON AVIS SUR LE FORUM ◭ CREDIT ◭ tumblr. UN DERNIER MOT ◭ CODE DU RÈGLEMENT ◭ tomber est permis, se relever est ordonné.

Coupable. Ce mot résonne dans ma tête, comme une sale mélodie qui ne veut pas partir. Assis sur le sol, je fixe l'horizon, le paysage qui s'offre à moi. Je suis qualifié de meurtrier, de bête, de monstre. Ce n'est pas de ma faute pourtant, je n'ai fais que donner un petit coup de pouce au destin. J'ai vu le désespoir se glisser dans leurs yeux, j'ai vu la tristesse transpercer leurs âmes. J'ai vu tout et rien en même temps. Un rire nerveux s'échappe de mes lèvres, je suis seul, seul. Néo n'est pas là, Néo me manque, j'ai besoin de lui. Je déglutis, me redresse et glisse mes mains dans mes poches. Je ne sais pas comment présenter Falkenberg, punition ou opportunité pour enfin partir, c'est étrange. C'est bizarre. Cette ville regorge de personnes en tous genres, de monstres assoiffés de sang. Je suis paniqué sans vraiment l'être, je suis heureux sans vraiment le vouloir. Je suis seul, j'ai perdu une moitié, un bout de moi. Néo, reviens-moi s'il te plaît. Falkenberg, je le sais, va me pousser à bout. Ou alors, peut-être vais-je renverser la cadence et pousser moi, cette ville à bout. Pousser les gens à commettre l'irréparable, la plus grande bêtise au monde. Il y a des méchants loups mais aussi des moutons sans défense. Ils sont seuls, perdus dans cette ville aux murs sales. Je vais les libérer, ou du moins tenter de faire au mieux. Parce que après tout, c'est ce que je sais faire. Libérer les autres, me libérer.

Je suis un trucage humain qui aspire à devenir un homme sans trucages.

8 ans.

Le sol est rouge, il devient tout rouge. Je suis à la terrasse et je vois maman. Maman, elle est en bas. Elle est souriante, mais elle ne bouge plus. Sa peau est pâle, blafarde, elle ne parle plus. J'admire ma mère, je l'aime fort, si fort. Elle est belle comme ça, à ne plus rien faire, à ne plus bouger. Ce regard vide planté dans le ciel. Quand je suis arrivé dans le salon, je l'ai vu sur la terrasse, pensive. Je me suis approché et elle a simplement murmuré. « Dit à ton frère de prendre bien soin de toi, tu sais, je t'aime Stojan ? Fort, très fort. » Elle m'a attrapé dans ses bras puis a déposé un baiser sur mon front. J'ai froncé les sourcils, je n'ai pas compris. Elle a enjambé la rambarde, puis, elle est tombée. Je la regarde depuis quelques secondes, le sol est rouge, tout rouge, comme un pot de peinture qui vient de se renverser au sol. J'entends un hurlement, une femme et tout à coup, des personnes s'approchent de maman. Il ne faut pas avoir peur, elle va se relever, elle va revenir et sourire comme avant. J'entends des pas rapides s'approcher de la terrasse, mon frère aîné de quelques secondes, paniqué regarde le spectacle. Les larmes aux yeux il me fixe alors, je vois qu'il ne sait pas quoi dire. Après tout, il n'y a rien à dire. « Elle va se relever, je le sais. » Je souris, naïvement, bêtement. Néo me prend dans ses bras et secoue négativement la tête, il tremble comme une feuille. Pourquoi est-ce que tu pleures Néo ? Hein ? Je lève mes yeux vers lui, il a tout juste deux centimètres de plus que moi, c'est surement la seule chose qui me différencie de lui. Le même visage, les mêmes expressions. « Elle reviendra pas. » Je déglutis. Il ment, ce n'est pas possible. Je sais qu'elle va revenir, elle n'a pas le droit de me laisser moi, Néo et papa. Elle a pas le droit, n'est-ce pas ? Je secoue ma tête négativement avant de reculer d'un coup sec. « Tu dis des bêtises. » Il y a du bruit, du bruit partout. Des voix, des hurlements, je n'arrive plus à suivre les évènements qui s'enchainent, j'ai mal à la tête. Je triture nerveusement mes doigts, dis-moi Néo, est-ce que j'ai fais une bêtise ? C'est à cause de moi tout ça, dis-moi ? Je sens mon pauvre coeur claquer contre ma poitrine, il hurle, il implose. Je sens mon corps me lâcher, je sens mon corps fatiguer. « Tu ment. Tu ment. TU MENT. » Je tremble, je panique, j'ai peur. Je préfère m'écrouler sur le sol de la terrasse, mon visage entre mes mains, répétant sans cesse qu'il ment. Pourtant, au fond de moi, une petite partie sait que Néo ne ment jamais, ne me ment jamais. Maman a sauté, maman m'a laissé tomber. Mais, elle est paisible, si belle avec sa peau blanche. Si belle, si belle.

16 ans.

Maintenant que j'y pense, elle a réussi à faire ce que je n'ai jamais pu faire de mon côté. Elle a osé, elle a sauté, elle a goûté à la liberté. Plus je fixe l'endroit où le drame a eu lieu, plus je me dis qu'elle a eu un courage incroyable. Un sourire s'accroche à mon visage à cette pensée, enjamber la terrasse et puis ... se laisser glisser. Sentir le vent claquer contre sa peau et finir tout en beauté sur le sol, mourir sur le coup. Pourtant, j'ai déjà essayé, j'ai déjà voulu faire comme elle. Mais, une chose m'en a empêché, je n'ai pas le courage, je n'ai pas ce qu'il faut pour pouvoir dire adieu à toute ma famille, je ne suis pas comme elle. Mes yeux se lèvent vers le ciel et je sens une main se poser sur mon épaule droite. « Tu crois que c'est comment, la mort ? » Néo commence à me caresser une petite partie de l'épaule de son pouce. Un être humain normalement constitué devrait être étonné de cette question, pourtant, lui ne l'est pas tellement. Je crois qu'il a fini par avoir l'habitude de mes questions étranges. Il fixe l'horizon, pendant que moi je jette un oeil sur lui. « Je ne sais pas. Peut-être tout noir, peut-être tout blanc, peut-être que tu te réincarnes et que tu ne meurs pas vraiment. Il y a beaucoup de possibilités, tu sais ? » Il ne pense pas vraiment comme moi, même si d'un côté, il a raison. Il y a énormément de possibilités, personne n'est jamais revenu des morts pour me dire, comment est l'au-delà. Je pense, qu'au moment de mourir, on doit se sentir libre, bien, tellement bien. Une fois arrivé au stade de mort, nous paraissons paisibles. Je revois à nouveau ma mère, sa chevelure sombre s'étalant sur le bitume et ce sang, tout ce sang sortant de son corps. Elle ressemblait à une oeuvre d'art à elle seule. « Surement. Tout est éphémère, tout peut se casser la figure en une fraction de seconde, c'est dingue. Tu trouves pas ? » Ses yeux s'écarquillent, il serre sa main sur mon épaule puis me retourne d'un coup sec. Je me retrouve face à lui, l'air curieux au visage. Il a l'air paniqué, je peux lire la peur dans ses yeux. « Fais pas l'idiot. » Je vois, il pense que c'est un adieu. Je me glisse dans ses bras et pose mon menton sur son épaule. Je le serre d'un coup. J'ai toujours été démonstratif avec Néo, contrairement à lui. Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. J'ai beau être une personne au même visage que lui, nous n'avons pas le même caractère. Le parfait et l'imparfait, le réglé et le déréglé. Il a toujours eu de la chance, réussi ce qu'il voulait. Je ne dirais pas que c'est une idole, mais juste une personne qui j'admire particulièrement. Je n'ai besoin que de lui pour continuer à vivre tranquillement. Après tout, si je saute, tu sautes, pas vrai ?

18 ans.

Ils appellent ça " une vague de suicides ". Ils sont bêtes, décidément, ne se rendent pas compte que je suis coupable. Coupable d'avoir murmuré au creux de l'oreille de cette fille, que le monde serait mieux sans elle, coupable de l'avoir poussé au suicide. Défenestration, pendaison, tranchage au niveau du poignet, je crois que tout est passé sous mes yeux. Plus je regarde le journal et plus je me dis que, tout est parfait. Tout est bien, je peux continuer tranquillement ce que je fais, sans jamais me faire attraper. Après tout, ce n'est pas de ma faute, je n'ai jamais obligé ces personnes à sauter, à dire bonjour à dame la faucheuse, ce sont eux. Roulant des yeux quelques secondes, assis sur ce banc, je vois une jeune femme me rejoindre, elle aussi, un journal en main. Elle est sublime. Avec sa chevelure rousse et ses yeux verts, sa peau blanche comme la neige et ce sourire scotché au visage. Je ne la connais pas, mais elle semble vouloir me connaitre moi. « C'est vraiment glauque tout ça, une vague de suicides ! Décidément Paris devient de moins en moins accueillant. » Son rire cristallin transperce le silence du parc. Elle a raison, Paris commence à devenir la ville phare de meurtres. New-York n'est pas la seule ville à subir la cruauté des hommes. Tout en faisant une boule avec mon journal, je la fixe dans le blanc des yeux. « C'est triste. Mais c'est comme ça, nous vivons, nous mourrons de façon quelconque. Eux c'est le suicide. » La jeune femme, tend alors sa main vers moi, toute sourire. « Nora. » Je sers alors sa main, répondant d'une manière simple. « Stojan. » Puis la conversation commence, elle parle, cause de cette vague de suicides, cette ignoble chose. Elle ne cesse de répéter que la mort est étrange, que tout est lié en fin de compte, que l'homme désespéré préfère disparaitre que de se battre. Nora, Nora, tu ne peux pas dire mieux. Et toi aussi, tu verras, d'ici quelques jours tu seras une pauvre femme désespéré. Tu n'aurais pas du me rencontrer, tu as fais l'erreur, la pire erreur de toute ta pauvre vie. C'est dommage, parce que tu es jolie. Mais, tout le monde y passe. Vivre, ou mourir.

22 ans.

« [...] Tu peux le faire Ariana, je le sais. » Elle est là, debout sur une chaise, la corde au cou. La peur se lit dans ses yeux, cette fille ... Je ne l'aime pas. Cette fille, c'est la petite amie de mon frère, elle ne le mérite pas. Elle pense que je suis lui, elle pense que je suis Néo, son " unique amour " qu'elle répète tout le temps. Je suis debout, face à elle. Sa main se glisse dans la mienne, des larmes dégoulinent sur ses joues. Un sourire désespéré s'accroche à son visage, elle doit partir. Elle n'a pas le droit de rester. Allez Ariana, saute, et va rejoindre l'au-delà, va rejoindre toute ta famille morte dans un incendie. Saute, saute. Elle inspire un long moment puis, saute. Un bruit sourd, lourd se fait entendre. Quelques secondes puis, plus un son. Le silence complet dans l'appartement. Je tiens toujours sa main, maintenant sans vie. Je dépose un baiser sur sa paume et je ferme les yeux. Ariana, tu es belle si belle au bout de cette corde. Tu as réussis à faire ce que je n'ai jamais fais et pour ça, même si je te hais, je te dois le plus grand respect au monde. Tu as du courage Ariana, du courage. Je pose mes pieds sur une chaise histoire d'être à sa hauteur, pour pouvoir glisser ma main sur son visage. Elle a l'air paisible. A cette pensée, je sens un sourire s'arracher à mon visage. Ariana, tu as beaucoup de chance tu sais ? Toucher à la liberté, la caresser du bout des doigts, ne plus avoir de problèmes. J'aimerais être comme toi, j'aimerais. Mais, je n'y suis jamais arrivé, jamais, jamais. J'entends des bruits de pas, quelqu'un est en train de courir, la porte s'ouvre d'un coup sec. Je le vois à l'encadrement de la porte, le souffle coupé, le regard posé sur moi et Ariana. Il écarquille les yeux, je sens que dans son horloge interne, tout s'arrête, se bloque d'un coup. Je me décide alors à descendre de la chaise, sourire aux lèvres. J'évite de murmurer quelque chose, il voit tout dans mon regard, il sait ce que je pense. Je suis connecté à lui par un fil invisible, il sait, il le sait que j'ai commis l'irréparable. Je ne veux pas me justifier, je ne peux pas. Je m'approche de lui, ma main se glisse sur sa joue. Il ne réagit pas, me fixe. Tu sais Néo, tout ça, c'est pour ton bien.