PRÉNOM/PSEUDO ◭ Tatsuki. ÂGE ◭ 19. COMMENT ES-TU ARRIVE SUR LE FORUM ◭ Oh, la concernée se reconnaitra. TON AVIS SUR LE FORUM ◭ Contexte qui me plait beaucoup ! *-* CREDIT ◭ Tatsuki. UN DERNIER MOT ◭ Miam. (Bah quoi, c’est un mot.) CODE DU RÈGLEMENT ◭ Ok par prince Sethounet.

-Coupable, coupable, coupable... Pff, pourquoi Aleksey est intervenu ? Je voulais pas qu’il s’attire des ennuis moi...
-La ferme.
Je lance un regard noir à l’autre qui vient d’oser me dire de la fermer. Je fais ce que je veux, nan mais oh ! Mais je me tais et observe l’eau. J’aime bien être sur l’eau. C’est calme, ça tangue un peu mais pas de quoi me déstabiliser. En même temps, j’ai fait de l’aviron et plein d’autres activités nautiques, j’ai l’habitude de l’eau. Même si c’est absolument pas mon élément. Mon élément... Aleksey n’aurait pas dû intervenir pendant le procès. Jamais. Je savais que je pouvais m’en tirer seul, avec juste une peine, des travaux publics, ou au pire un petit séjour à l’asile, ce qui aurait été le cauchemar soit dit en passant. Mais non, que lui prenne ma défense... Je sais que les autres l’aiment pas, il sait beaucoup de choses mon Aleksey... Alors si on a l’occasion de le mettre hors circuit, les autres auraient pas hésité à lui renvoyer l’affaire ou à l’accuser de complicité. Et moi j’ai été finalement obligé de plaider coupable... C’est nul mais j’avais pas le choix hein... Je pouvais pas le laisser se mettre dans les problèmes... Et c’est allé un peu plus loin que je pensais. Mais au moins maintenant j’aurais plus les autres de Detroit sur le dos, c’est cool ! Plus de psychiatre à voir ! Les vacances !

Enfin m'y voilà. Débarqué sur la plage. Bon, je fais quoi maintenant ? Demi-tour ? Ah mais nan, les autres sont déjà repartis... Je peux les rattraper en nageant vite ? Heu... Je mets les pieds dans l’eau... Brr... Même à travers mes chaussures je sens le froid... Mauvaise idée, je dois trouver autre chose. Ah, mais... Je suis tout seul ! Pourquoi j'ai plus Aleksey avec moi ??? Il m'a jamais laissé tout seul trop longtemps, jamais. Alors il va venir me chercher. J'ai juste à attendre, non ? Oui, il va venir me sortir de là... Et pas y rentrer comme moi, il est trop gentil, trop innocent pour finir comme moi... Je me poste dans un coin et me met à fixer l'horizon, attendant sans faire le moindre geste... Une heure, deux heures, trois heures... Combien de temps je passe ainsi assis ? Aucune idée. Et puis de toute façon je finis par sortir mon briquet et mettre le feu à des petits trucs que je trouve pour passer le temps. Et ce jusqu’à ce que la nuit finisse par tomber. J'ai passé combien de temps dehors ? J'en sais rien du tout mais j'ai très froid.

-Atchoum ! ... Aleksey !!! Viens !!! Je veux rentrer à la maison !!! Je vais être sage, promis !!! Mais viens, je veux pas me retrouver tout seul !!!

... Ça sert à rien ce que je dis. Je le sais pourtant, je vais devoir me débrouiller tout seul... La barbe. C'est mieux quand ce sont les autres qui s'occupent de moi, c'est trop barbant de devoir s'occuper de soi. Nul. Mais là j'ai pas le choix. Je suis coupable qu'ils ont dit... Mais pauvres humains, si vous saviez que ces flammes qui m’ont envoyé ici, mes flammes ne sont rien comparé à ce que je peux faire, ce que j'ai déjà fait... Ils m'ont envoyé là... Très bien, je serai plus libre qu'enfermé dans un asile psychiatrique. Je vais juste devoir faire gaffe parce que je sais qu'ici il y a des criminels... Tout comme des personnes innocentes. Je vais devoir me méfier des premières et pouvoir jouer avec les secondes ! Oh oui, jouer ! Et arrêter d’être pathétique comme ça. Oui, je suis pathétique. J’ai l’impression de pleurer alors que c’est même pas vrai. Bon oui, d’accord, il me manque déjà... Mais assez resté sur le passé.

En fin de compte je me relève, bien décidé à aller découvrir cette fameuse ville... Enfin, au début je voulais. Mais je ne peux pas, je préfère rester planté face au lac... Qu'est-ce que je vais faire sans Aleksey ? On n'a jamais été séparés et si je peux me débrouiller sans lui, je sais pas si l'inverse est possible... J'espère que oui... J'espère aussi qu'il n'a pas été trop affecté par tout ça... S'il y a une seule chose que je dois regretter c'est de l'avoir perdu, lui... Mais je le reverrai un jour hein ? Oui, il m'a juré de trouver un moyen de me faire sortir de là ! En espérant que ce ne soit pas a l'état de cadavre mais bon... J'ai pas de soucis à me faire dans ce cas. Alors je vais aller profiter de mes vacances ici ! J'espère que je vais bien m'amuser ! Les autorités d’ici ? S’il y en a, je jure qu’elles ne m’arrêteront pas. Parce que je suis Serafim Volkoff et que je crains rien ni personne.

Vous savez pourquoi je suis ici ? C’est bien, vous pouvez aller manger une glace. Mais sinon bah vous pouvez rester pour m’écouter raconter. Aleksey serait pas d’accord mais il est plus là pour me sermonner... Qui c’est Aleksey ? Mon grand frère préféré ! Bah aussi c’est le seul donc c’est normal, non ? Je peux pas préférer quelqu’un d’autre ? Mon poisson rouge par exemple ? Heu... Bah non, j’ai pas de poisson rouge et c’est même pas mon frère... Alors donc Aleksey est bien mon grand-frère préféré, même s’il me dispute tout le temps... Alors heu... Pourquoi je suis là... Heu... Faut remonter loin je crois... Très loin. Bah oui, parce que les autres ils m’ont dit que tout s’était accumulé au fil des années. Mais ils ne savent rien, absolument rien... Pauvre petits humains, vous n’avez pas idée de qui je suis... Mais passons à l’histoire.


-Je m’ennuie.

Oui, je m’ennuie sérieusement là... Allongé sur le dos, bien sur la table de la cuisine, juste en face de ma toile, je peins des flammes la tête à l’envers, ces flammes qui me fascinent... C’est beau le feu ! C’est coloré, c’est chaud, ça détruit tout sur son passage... C’est génial ! Et moi je le dessine. Enfin j’essaye. C’est compliqué, parce que dans ma tête les flammes dansent sans cesse et j’ai du mal à capturer leur mouvement. Je veux rendre cette impression mais j’y arrive pas. Et c’est pour ça que je m’ennuie. C’est nul. Mais je peux faire quoi d’autre ? Aleksey veut pas que je sorte tout seul et lui il travaille sur son ordinateur pas très loin de moi... J’agite les jambes, je veux faire autre chose que m’ennuyer. Pourquoi il répond pas ? Je veux l’appeler mais si je dis son prénom il va râler... Alors comment je fais pour le faire réagir ? Bah... Je continue, me mettant de la peinture sur le visage mais je m’en fiche.

-Je m’ennuie. fais-je pour la trentième fois en dix minutes.
-Bon sang, Murtagh ! Je sais que tu t’ennuies mais tu ne peux pas me laisser bosser tranquillement ? J’ai du boulot, je dois finir mes programmes et je suis incapable de résoudre un bug ! Alors tu m’excuseras mais là je suis pas du tout d’humeur à supporter tes crises de gamin.

… Je fronce les sourcils et m'assoit sur la table avant de tourner la tête vers lui. Il a l’air de s’énerver contre son ordinateur... Bon, bah je pose mes pinceaux directement sur le bois puis me lève. Oooh, j’ai fais plein de tâches colorées sur la table... M’en fiche, c’est pas moi qui nettoie. Donc je viens voir ce qu’il fait. Ah, encore un programme compliqué. Il est doué avec les ordinateurs mon grand-frère. Très doué. C’est pas pour rien que la mafia Russe lui demande de l’aide. Oui, ils ont besoin de lui. Mais je ne dois pas me mêler de ça. Moi je regarde. C’est plein de lettres partout. J’aime pas le lettres, c’est long à lire. Je préfère les dessins. C’est plus joli les dessins. Ou alors on fait des formes avec les mots. Ça c’est bien, c’est plus drôle à lire. Je le regarde parcourir du regard ce qu’il a fait puis je fais pareil. Il a un bug ? Je regarde bien...

-LÀÀÀÀÀ !!!

Quoi, comment ça j’ai hurlé ? En tout cas mon frangin a fait un grand bond et en est tombé de son siège. Et la mine complètement ahurie qu’il a... Bah j’éclate de rire, c’est trop drôle ! Il est tout décoiffé, il a les yeux complètement écarquillés et il respire fort et vite ! Je lui ai fait super peur ! Et moi ça me fait trop rigoler ! Il s’énerve très vite aussi... Ohoh, il va me disputer... Vite, je me calme et je lui fais un grand sourire innocent. J’ai rien fait du tout ! Genre... Bon, d’accord, j’ai crié mais pour la bonne cause. Je pose un doigt sur ses lèvres, lui fait un trèèèès grand sourire puis lui montre une ligne sur son écran. Il se penche, j’attends un peu... Puis je lui explique puisqu’il n’a pas l’air d’avoir compris.

-T’as utilisé une boucle sur un nombre fini. Faut en faire une conditionnelle à cet endroit là.
-Mais comment est-ce que...

Je sais ? Bah, facile. J’ai juste compris le programme en lisant en diagonale. Pas compliqué. Et puis je sais comment il fonctionne. Il devrait compliquer ce qu’il fait, franchement. Bon, il ne dit plus rien et retourne à sa programmation en murmurant un petit « Merci » que j’entends tout juste. Je sais que ça va lui prendre un moment pour tout adapter, il va pas pouvoir jouer avec moi... Pas drôle... Je soupire profondément et regarde autour de moi. Je fais quoi alors, si je peux pas jouer avec lui ? Ma peinture ? Nan, pas envie. J’y ai passé toute ma matinée et la moitié de mon aprem, je veux faire autre chose. J’aime beaucoup peindre, en même temps c’est que ça que je fais de mes journées et Aleksey les vend après alors bon. Mais là je veux me détendre. Tiens, et si j’allais regarder les dossiers ? Oui, bonne idée ! Je vais ouvrir un meuble et sort plusieurs pochettes en carton... Alors, laquelle ? Hum... Et si j’allais dans la chambre d’Aleksey pour regarder ses nouveaux trucs avec la mafia ? C’est super bien caché mais moi je sais où c’est... Heu... Non, je vais attendre qu’il soit parti. Je regarde les pochettes que j’ai dans les mains... Celle du psy tiens, c’est très drôle aussi ! Oh que oui, très drôle. Donc j’ouvre la pochette et jette un coup d'œil aux petits récapitulatifs...

Nom du patient : Fillin M.S. Volkoff
Âge : 10 ans.
Symptômes : Troubles mineurs du comportement, refus de grandir, impossibilité à tenir en place et de rester concentré plus de quelques minutes.
Suivi : Aucune précaution particulière à prendre, simple prise en main des parents et quelques calmants devraient faire l’affaire.

Nom du patient : Fillin M.S. Volkoff
Âge : 12 ans.
Symptômes : Impossibilité de répondre correctement à une question, comportement enfantin poussé à l’extrême, passion prononcée pour le feu, absence totale de sentiments.
Suivi : Troubles peu communs à surveiller attentivement mais ne nécessitant pas une prise en main particulière.

Nom du patient : Fillin M.S. Volkoff
Âge : 13 ans.
Symptômes : Se moque complètement de l’autorité, comportement anormalement enfantin, très nette tendance à la pyromanie, absence de sentiments.
Suivi : Cas inquiétant , suivi obligatoire.

Nom du patient : Fillin M.S. Volkoff
Âge : 16 ans.
Symptômes : Asociabilité importante, comportement déplacé pour son âge, troubles du comportement, manie de mettre le feu à ce qui lui passe sous la main.
Suivi : Cas grave, suivi imposé. Passage impératif à l’hôpital pour un suivi psychiatrique pour une durée indéterminée.

Nom du patient : Fillin M.S. Volkoff
Âge : 20 ans.
Symptômes : Comportement enfantin, défiance à l’autorité, profère des menaces, responsable de plusieurs incendies.
Suivi : Aucun possible, le patient ayant clairement fait comprendre qu’il ne voulait plus remettre les pieds à l’hôpital.

Je souris... Bien mon parcours hein ? Mais si l’autre savait combien je me fichais de lui pendant les séances... Oh que oui, je me fichais complètement de lui. C’était si drôle de regarder sa tête d’ahuri lorsque je répondais à côté de la plaque. Et puis en plus lui il avait peur du feu donc je m’amusais bien avec mon briquet... Mais il m’a quand même fait enfermer à l’asile... Et ça j’ai pas aimé ! Non, je déteste cet endroit ! Je suis pas cinglé moi, juste un peu gamin ! Et les gens là-bas me parlaient comme à un bébé, mais par derrière je sais qu’ils me droguaient pour que je reste tranquille... Bah oui, j’ai plusieurs fois essayé de partir mais ils m’ont souvent récupéré. Ça a duré combien de temps ce manège ? Quatre mois ? Cinq ? Je sais plus. Mais j’ai beaucoup raté l’école. Et je devais tout rattraper après, c’était pas juste ! Je déteste être attaché... Attaché au lit, ou simplement les mains liées pour m’éviter de faire n’importe quoi... Je déteste ça, plus jamais. Non, plus jamais ! J’ai quand même fait semblant que ça marchait leur truc, comme ça j’ai pu sortir rapidement... Mais plus jamais je n’y mettrai les pieds ! Sauf si ça arrange Aleksey... Mais je sais qu’il me laissera pas partir. Tiens, en parlant de lui, je l’entends me dire de ranger les papiers. Bah, comment il sait que je relis ça ? Il sait tout... Je suis sûr qu’il a mis des caméras partout dans la maison pour m’espionner !!! Demain je fouille la maison pour trouver !

Finalement je range puis reviens dans le salon, mon regard faisant le tour de la pièce... Et je tombe sur une vieille photo. Très vieille... J’avais quoi ? Douze ans ? Nan, à mon anniversaire les parents étaient plus là. Alors heu... Ah, oui, j’avais onze ans et six mois. On est tous les cinq. Mon papa, ma maman, Aleksey et Katerina. Ma Katerina... Elle était belle ma petite sœur... Avec ses grands yeux verts, ses longs cheveux ondulés retombant toujours en cascade sur ses épaules, sa peau pâle et son sourire d’ange... Oui, elle était belle ma petite sœur du haut de ses presque dix ans... Je me sens mal et préfère regarder autre chose. Pas de chance, c’est cette fois sur un trou dans le mur que je tombe. Y’a encore la balle dedans, j’ai interdit à tout le monde d’y toucher. Une balle ? Oui, d’un révolver. On a bel et bien tiré dans le mur dans cette pièce. Moi je m’en souviens... Je suis le dernier à m’en souvenir. Ça aurait été mieux qu’il n’y ait qu’une balle dans le mur. Cette fois je peux pas échapper au souvenir...

Katerina et moi on jouait à cache-cache dans l’appartement... C’était marrant... Ma petite sœur était douée à ce jeu, très douée ! Je passais des heures à la chercher partout ! C’était si amusant ! Mon frère était parti pour je ne savais quoi mais papa et maman discutaient tranquillement tous les deux. De quoi ? Hé bien... De ce qu’on ferait le weekend suivant. Un tour en plein lac Érié ? Génial ! Je devais retrouver Katerina pour lui dire ! J’ai donc filé voir dans les placards... Au moment où on a frappé à la porte. Surpris, moi j’ai pas tout compris et je suis allé jeter un coup d'œil alors que maman ouvrait... Un coup de feu... Et elle s’est écroulée... Du sang... Y’avait plein de sang sur le sol... Son sang... À elle... Et moi je ne savais pas quoi faire... On m’a pas vu, je le sais, mais moi je voyais... Et papa qui a filé dans le salon... Ils étaient même pas masqués les autres, je les ai vu... Mais Katerina est arrivée à ce moment là, elle était sortie de sa cachette... Alors moi j’ai fait la seule chose que je pouvais faire pour la protéger et parce que je savais que mon papa voulait pas qu’on soit là : je l’ai poussée dans un placard plein de bazar, je suis entré dedans et j’ai refermé derrière moi. On était bloqués mais à l’abri... Puis de nouveaux coups de feu... Le bruit raisonnant dans mon crâne, encore et encore... Mal... Ça faisait mal... Mais aux oreilles, mal au cœur... J’avais l’impression de sentir les balles me traverser... Et ma petite sœur qui pleurait, j’ai été obligé de lui dire de se taire...

Et au bout d’un moment plus rien du tout. C’est pas bien de s’enfermer dans un placard, alors moi je sais comment ouvrir les portes de l’intérieur. Je fouillai dans mes poches... Et trouvai une carte. Vieille carte d’abonnement dont les parents ne se servaient plus mais très utile à moi. J’ai juste eu besoin de la faire glisser entre l’embrasure et la porte pour ouvrir... Voilà, libres ! Plus personne... Alors je me suis précipité dans le salon. Mon papa y était. Les yeux grands ouverts, fixés sur le plafond, une énorme tache rouge au niveau du cœur, une autre dans le ventre... Non, mon papa était... Mort... Non, il n’avait pas le droit... Parce que comme il disait tout le temps, si tomber est permis, se relever est ordonné... Mais non, il avait abandonné... Il était vraiment mot... Mort, mort... Un seul mot à raisonner encore et encore dans mon esprit, des jours durant... Mes parents étaient... Morts... Je sais pas si je me souviens de ce que ça a été les jours suivants... Je veux pas me souvenir, c’est trop nul... Mais en tout cas j’étais moins agité après ça... C’est Aleksey qui s’est occupé de nous... Bah oui, il a six ans de plus que moi donc il était majeur. Et puis c’était compliqué d’aller en Russie. Alors on est resté tous les trois. Je secoue la tête, suffit les souvenirs.

J’ai besoin de prendre l’air. Sérieusement. Je vais faire un tour dans ma chambre et récupère mes affaires pour sortir. Mon révolver et une dague que j’accroche à ma ceinture, sous la veste que j’enfile par-dessus, puis mon briquet. Je ne sors jamais sans mon briquet et un paquet d'allumettes. Jamais. C’est un principe ! Et le reste ? Oh, juste la même chose que d’habitude. Papa disait toujours qu’un Russe doit savoir utilise armes blanches comme armes à feu, surtout dans une ville telle que Detroit où il y a plusieurs meurtres par jour. Moi je maîtrise. Je suis le seul, mon frère veut pas toucher à ça... Raison de plus pour continuer à maîtriser, non ? Oui. Par contre je sais pas utiliser mes poings... Pas plus que le strict minimum... C’est nul... Je réfléchis un peu, regarde toutes mes affaires... Puis opte pour mes baguettes spéciales manipulation du feu. Plus d’autres trucs inflammables auxquels je ne tiens pas. Je mets tout dans un sac à dos que je place négligemment sur l’épaule gauche puis je file à toute vitesse. Aleksey n’a pas le temps de dire un seul mot que je suis déjà parti en lançant un simple :

-Pause détente, je sors, je reviens dans une heure ! Bisous ! Bosse bien !

Oui, je parle très vite quand je veux. Mais je veux pas l’entendre m’interdire de sortir avec mon briquet, sinon je serai obligé de lui obéir et ça c’est nul. J’ai besoin d’avoir de quoi faire du feu sur moi, sinon je suis pas à l’aise. Bref. Je dévale les escaliers des six étages à toute vitesse. Enfin, descendre les escaliers... Au bout du deuxième étage j’en ai marre et je m’assois sur la rambarde pour me laisser glisser. Mieux hein ? Ouais, beaucoup mieux. Y’a une des voisine qui me lance un regard ahuri et bourré de reproche mêlé d’inquiétude. Moi je suis fais juste un grand sourire. On pourrait presque voir l’auréole au-dessus de ma tête ! Si si, je vous jure ! C’est drôle, j’ai rien fait de mal moi, pourquoi on se méfie de moi ? J’en sais rien du tout. Enfin arrivé en bas je fais un coucou et un grand sourire à la concierge puis file.

Me voilà dans la ville où je suis né, la ville où j’ai grandi. Je me sens bien ici, même si y’a toujours des idiots qui viennent me chercher. Depuis toujours on m’embête... Mais ces derniers temps ils ont arrêté. Pourquoi ? Parce que j’ai failli tuer un de ceux qui m’embêtaient ? Peut-être. Mais j’ai pas frappé fort. Juste planté ma dague dans son ventre. J’aurais voulu le tuer j’aurai visé la gorge, plus rapide. Mais c’est bien qu’on me cherche pas. Je me sens bien. Et là je crains rien, parce que je suis Serafim Volkoff, que je suis le loup ardent et que de toute façon la seule personne à avoir le droit de me donner des ordres, hé bah elle est restée à l’appart. Et na !

Mais pourquoi je me retrouve dans cette rue moi ? Héhé, je passe devant une ancienne planque calcinée depuis un de mes passages... Ça date de très loin ça. Enfin, très loin pour moi... J’avais quoi à l’époque ? Ah bah oui, tout juste vingt ans. Juste après le dernier passage du psy. Aleksey a jamais su... C’est pas compliqué de savoir ce que j’ai fais, quand on me connait. J’ai cherché les types qui avaient tué mes parents pendant des années et des années. Très long comme travail, très ennuyeux aussi de faire toute la paperasse... Mais je voulais le faire tout seul. Parce que j’ai rien pu faire pour mes parents, j’ai rien pu faire pour Katerina... Rien pour les sauver... Alors autant les venger. Oui, c’est ça que j’ai fais pendant très longtemps : chercher les responsables. Et lorsque je les ai retrouvés, complètement par hasard... Bah j’ai tout organisé. Espionnage pour trouver leur planque, pour repérer le terrain... Pour comprendre aussi qu’ils reprochaient à mon papa d’interférer dans leurs plans...Katerina, Aleksey et moi ils s’en fichaient... Tant pis pour eux.

Le jour J j’ai juste drogué mon frère. Triple dose de somnifères. Il pourrait pas comprendre. Il ne saurait rien du tout. Puis je suis parti comme ça, avec les bombes fumigènes et tout mon matériel pour faire joujou avec le feu. Et mon revolver et ma dague aussi. D’abord bloquer toutes les issues possibles sauf la principale. Long à faire, très long, mais je connaissais chaque geste à effectuer... Et puis je mettais ma vengeance en place, c’était suffisant pour ne pas être ennuyeux non ? Oui, bien sûr. Alors bloquer portes comme fenêtres sans me faire repérer... Ça m’a pris plusieurs jours en fait, parce que je voulais éviter de me faire choper donc j’avais préféré commencer en avance. Je crois qu’on a du me voir à un moment mais personne n’a jamais rien dit donc je sais pas et je m’en fiche, le résultat est pareil. Alors j’ai continué mon travail... Jusqu’à avoir tout fait. Puis j’ai un peu attendu... Juste histoire d’être sûr de ne pas rater mon coup, histoire d’être sûr que ceux que je voulais étaient là au moment prévu... Oui. Alors j’ai pris de belles pierres que j’ai enroulé dans des chiffons... J’ai trempé le tout dans l’essence... Et j’ai balancé ça dans les fenêtres, après deux bombes fumigènes. C’était drôle. Et j’ai terminé en envoyant des mini baguettes de bois enflammées à la suite. C’était beau de voir les flammes prendre rapidement ! Très beau ! Du rouge, du orange, du jaune ! Un peu de violet aussi... Curieux... Mais c’était trop beau !!! Et entendre les autres crier aussi c’était bien. Moi, sadique ? C’est quoi ce mot ? Connais pas. En tout cas je me suis bien amusé ce jour là. Je suis pas resté longtemps, mais y’en a un qui a réussi à sortir... Bah tiens, justement celui qui avait tué maman... Alors j’ai juste sorti mon revolver et j’ai tiré. Pas dans le cœur, non. Dans la gorge. À bout portant. J’avais plein de sang sur mes vêtements après... Beurk... J’ai été obligé de mettre ma veste, mon pantalon et mes chaussures dans les flammes après avoir condamné la dernière sortie. Plus de traces, plus rien pour savoir que c’était moi. Rien du tout. Et je suis rentré à l’appart. Il faisait chaud et un peu sombre, heureusement, sinon me promener en caleçon c’était un peu la honte. Mais je m’en fichais moi, j’étais content. Meilleur souvenir de toute ma vie !

Et aujourd’hui je suis encore là, à regarder les traces de cet incendie... On n’a jamais su que j’étais lié à ça. Je crois qu’ils ont dit que c’étaient des ennemis de ces types qui les avaient fait cramer. Pff. Je me mêle pas à leurs stupides histoires moi. Enfin bon. C’est drôle qu’ils ont jamais voulu détruire l’endroit. Enfin moi je m’en fiche, j’ai un bon souvenir ici. Mais je peux pas rester planté là, à juste regarder, donc je reprends ma route. J’ai envie de jouer. Je sors une de mes baguettes spécialement conçues pour faire des figures avec le feu et je la prépare toute en marchant. Lorsque c’est tout bon je sors mon briquet... Qui veut pas s’allumer. Naaaan !!! Marche !!! Ça fait qu’une heure que je l’ai pas utilisé, il peut pas me faire la tête et refuser de s’allumer ? Ah, ouf, non. La petite flamme de d’habitude apparaît... Et j’enflamme ma pseudo-torche. Génial ! Je la fais tourner et retourner dans mes mains, laissant les flammes former des ronds, des ovales, des serpents... Les gens s’écartent sur mon passage. Quoi ? Je compte pas les brûler ! Quoique... Non. Pas d’humeur...

Par contre, je finis par arriver là où je voulais. En soi l’endroit a rien de spécial. C’est vieux, c’est moche, y’a plein de loubards partout... Et y’a un vieil immeuble normalement abandonné juste là. J’aime pas cet endroit, je devais passer par là en allant à l’école... Et y’a toujours eu plein de problèmes... C’est là que j’ai perdu ma Katerina... C’était débile... Un règlement de compte, ma petite sœur et moi passant par là pour aller au collège... Une balle perdue... Pas plus compliqué que ça... Les types ont pris la fuite quand ils ont vu ça... Et moi je pouvais rien faire... J’ai rien pu faire pour la sauver... Elle est morte, elle avait onze ans... Elle était trop petite, trop mimi ma sœur... Et elle est morte comme ça, dans une rue... À cause d’idiots... Si j’ai rien fait ? Est-ce que le seul truc que j’ai fait sous le coup de la colère compte ? Non, pas vraiment, parce que ça n’a servi à rien... Je me suis à moitié fait assommer et rien de plus... J’ai rien pu faire pour la protéger, pour la sauver non plus... Elle est morte parce que je l’ai fait passer par ce chemin, parce que je n’ai pas pu soigner sa blessure, parce que j’ai rien pu faire contre cette balle qui lui a percé les poumons... Même le temps d’aller chercher des secours elle aurait déjà été morte... J’avais plein de sang partout, son sang à elle... Là je suis coupable. Oui, coupable d’incapacité... J’ai été nul, pire que nul, pire qu’inutile... Alors moi, aujourd’hui, je lui rends hommage, j’essaye de me faire pardonner. Regarde petite sœur, y’aura plus de crétins dans cet endroit. Non, y’en aura plus parce qu’ils n’auront nulle part où aller.

Ma torche tourne encore et toujours entre mes mains... Et j’entre dans le bâtiment. La porte ne tient pas, je le sais très bien. Y’a plein de bazar partout, plein de trucs inflammables. C’est facile de préparer un incendie. Très facile. Je regarde les objets, puis les murs... Endroit stratégique : les escaliers. Je réfléchis un peu... Puis je laisse tomber ma torche. Pour toi ma Katerina. Je regarde les flammes lécher doucement tous les objets entassés, puis s’en emparer petit à petit, les dévorant à vitesse croissante... C’est beau... J’aime le feu... C’est chaud, c’est coloré, ça éclaire... Je resterai bien là moi. Les flammes se rapprochent de moi d’un côté, vont s’emparer de la bâtisse de l’autre... Je bouge ? Non, pas envie. Je continue de regarder... Voilà qu’elles s’attaquent à la rambarde. Oui, grimpez ! Un truc brûle bizarrement, ça fait plein de fumée, ça me pique les yeux, j’ai un peu de mal à respirer mais je reste encore un peu alors que je sens la morsure de l'incendie à travers mes vêtements. J’aimerais savoir ce que ça fait de se consumer vivant. Ça doit faire mal je pense. Plus mal que ce que je sens pour le moment. J’adore mettre le feu, c’est ma passion. Encore plus que peindre ! Le feu m’aime aussi. Il est doux avec moi. Ou alors c’est parce que je fais juste attention ? Je sais pas et je m’en fiche. Moi j’aime le feu, c’est mon jouet préféré. Je commence à avoir mal là... Mais je passe ma main dans les flammes, rien que quelques petites secondes... Le temps d’avoir vraiment très mal ! Je grimace et finit par faire un bond en arrière. Aïe ! Mais heu... Enfin... Un dernier coup d'œil à mon travail, à ce magnifique tableau jaune-orangé dévorant, noircissant les murs gris... C’est beau. Très beau. J’ai un nouveau tableau à peindre ! Génial !

Fier de cette idée je finis par m’échapper de cette fournaise avant de me faire piéger. Génial, vraiment ! Je regarde encore un peu... Puis je retire le peu de cendre qui s’est déposé sur mes vêtements tout en respirant tranquillement. Bien mieux. Tout est ok ? Oui, je peux rentrer à l’appart ! J’espère que Aleksey a fini son programme, comme ça on pourra jouer tous les deux ! Et hier il a promis de m’apprendre un nouveau jeu de cartes alors je vais l’obliger à tenir parole. Et na. Des cris de panique ? Je me retourne un peu... Oups, y’a du monde dans l’immeuble. Je fais quoi ? Hum... Bah je m’en fiche, ils n’ont rien à faire là. Leur faute, pas la mienne. Donc pas mon problème. Et puis si je reste je vais être en retard et là mon grand-frère, hé bien il va me disputer et j’aime pas quand il le fait. Je mets donc les mains dans les poches et prend le chemin du retour sans un regard en arrière. En chemin je croise les pompiers. Ils ne m’ont pas vu. Bah, ils vont comprendre que c’est encore un de mes incendies ? Je sais pas et je m’en fiche. Je regagne l’appartement tranquillement, je refais un grand sourire innocent à la concierge... Puis prend l'ascenseur. Bah oui, c’est pas drôle de remonter les escaliers. C’est très fatiguant même et moi, bah j’ai faim. Je veux des tartines grillées. Oui, des tartines !!! Avec pleeeiiiin de confiture !!! Miam, ouais, je vais aller manger. Ah, j’aurais pu ramener des croissants... Oui mais non, j’ai pas pris d’argent sur moi donc je pouvais pas. Les portes s’ouvrent, je passe sur le palier... Et entre sans frapper, comme tout le temps. Ah, il est encore sur son ordinateur...

-T’es en retard. Tu as eu un problème en route ?
-J’ai croisé les pompiers. dis-je joyeusement.

Il me regarde et fronce les sourcils. Bah quoi ? C’est pas la première fois que ça arrive ce genre de chose. Je les croise tout le temps ! Et surtout quand je refais une petite crise de pyromanie. C’est que là je voulais juste rendre hommage à ma petite sœur, à notre petite sœur... Il va encore me disputer je suis sûr. M’en fiche, c’était drôle. Vivement que je recommence ! Même si ça fait bizarre de savoir que y’avait des genres que je n’avais pas prévu... Ça va faire une différence quand la police saura ? Enfin, les flics sont incompétents... Donc quand les autorités sauront ? Même rengaine... Heu... Bref. Oui, ça va faire bizarre, pour une fois que je blesse involontairement... Bref. En attendant je vais chercher un jeu de cartes. Il finit par soupirer et se lève de son siège. Ouais !!! Je m’installe à la table, je pousse mes pinceaux, je peindrai l’immeuble en flammes plus tard, j’ai les images en tête, puis j’étale les cartes devant lui.

-Et je fais quoi si on vient me dire que tu as encore mit le feu à une maison ?
-Tu me laisses faire. On joue ?


Alors, vous dormez pas ? Ah, dommage... Hein ? Non non, j’ai pas d’arrière pensée hein ! Quoique... D’accord, d’accord, je me tais. Bon, c’est bien, vous avez mérité une glace. Une glace flambée ! Bah, partez pas, je vais pas vous faire cramer ! Ou alors juste un peu... Un tout petit peu si vous êtes méchants avec moi... Mais sinon je suis très gentil moi !!! Vous voyez, j’ai pas de raison d’être là moi !!!