PRÉNOM/PSEUDO ◭ Vous pouvez m'appeler Amandine. ÂGE ◭ Celui de ton père. COMMENT ES-TU ARRIVE SUR LE FORUM ◭ Un transsexuel m'a fourni l'adresse. TON AVIS SUR LE FORUM ◭ C'est un énorme coup de cœur, autant au niveau design qu'au niveau contexte (: CREDIT ◭ IselinResseland. UN DERNIER MOT ◭ Je sais c'est mal de poster une fiche à peine entamée. MAIS IL N'EST QUE 7H DU MATIN ALORS VOUS POUVEZ PAS M'EN VOULOIR. CODE DU RÈGLEMENT ◭ okéd'acc par Stoo.

Marche droit et regarde devant toi. Pas un pas de travers. Lève le menton. Ici, tu marches ou tu crève. Ici, les gens sont fous. Comme toi. Coupable. Ce mot résonne dans ta tête. Il te semble presque doux. Il se répercute dans ta boîte crânienne. Le gens sont étranges, ici. Ils te dévisagent comme une bête curieuse. Certains pensent peut-être à la facilité qu'ils auraient à briser tes os entre leurs doigts. Certains pensent peut-être à ce qu'ils pourront te dire pour te faire tomber. Tomber, encore et encore, sans plus jamais essayer de se relever. Mais c'est inutile. Tu le sais, toi. Tu es persuadée de ne jamais pouvoir tomber plus bas. Jamais. Tes pieds frôlent le bitume dans une démarche traînante. Tu regardes autour de toi. Des bâtiments dégueulasses aux briques délavées. Ce lieu pue le désespoir. As-tu peur, Zéphyr ?. Peur ? Tu ne sais plus si tu as peur. Ce monde est le tien, ce monde n'est pas le tien. C'est un lieu aussi funeste que la mort, aussi désagréable que l'enfer, aussi libre que le paradis. Et toi, tu ne sais plus si tu dois craindre cet endroit. Dans ta tête, tout est flou. Les images défilent encore et encore sous tes yeux, sans que tu parviennes à assimiler ces informations. Tu revois tes mains couvertes de son sang. Rouges. C'est une jolie couleur, le rouge. Rouge sang. Et parfois, tu pleures, seule. Petite poupée brisée entre les mains du diable. Coupable. Ils avaient peut-être raison. Tu es coupable de ta folie. Tu es coupable de la perte de ton identité. Tu es coupable parce qu'on ne te comprend pas. Tu es dure à comprendre, tu sais. Regarde toi. Tu ne sais même plus qui tu es. Qui es-tu, Zéphyr ?

Le couteau s'enfonce dans sa chair sans difficulté. La lame de l'arme disparaît dans son ventre. Envolée. Un coup. Deux coups. Quatre coups. Douze coups. Elle ne sait plus, elle a oublié. Ses yeux se révulsent enfin. Il ne crie pas. Un simple souffle rauque s'échappe de ses lèvres, tandis que ses yeux se révulsent. Il semble regarder vers le ciel. Est-ce que la mort est là ? Elle la sent dans son dos. Elle sent la main de la mort appuyée sur son épaule. Le sang tâche ses mains. Rouge vif. Petit à petit, le corps de sa victime devient froid et son teint prend une couleur cireuse. La couleur de la mort. Elle arrache son poignard du cœur du cadavre une dernière fois. Mort. Cette vérité lui saute au visage, lui prend les tripes. Prise d'un incroyable fou rire, elle gloussa. Son corps entier était parcouru par des spasmes dûs aux rires enfantins qui s'échappaient de ses lèvres. Et brusquement, elle éclata en sanglot et s’affaissa sur le corps inerte de celui qui avait un jour été son père.

« Coupable. ». Coupable d'être née. Coupable d'avoir grandi. Coupable d'avoir vécu. Une pute. Voilà ce qu'elle était, Zéphyr. Une prostituée née de l'union d'une prostituée et d'un petit connard. Où est papa ?. Sa mère ne répond pas à cette question. Elle se contente de balancer dans la casserole d'eau chaude une poignée de pâtes. Où est papa ? La gamine insiste. Je ne sais pas où il est, mais saches que c'est un bel enculé.. A neuf ans, quand tu n'as pas de papa, tu n'es pas normale. Tu es anormale. Et quand tu as neuf ans et que ta mère est une prostituée qui boit tellement qu'elle en oublie parfois que tu existes, tu n'es rien. Tu ne représentes rien pour personne. Pauvre petite.. Elle n'a pas de père. Et quant à sa mère, il aurait mieux valu pour elle qu'elle n'existe pas. Elle revoit le sang sur ses mains. Il avait l'air presque étonné. Un air étonné, presque interrogateur, sur le visage, tandis qu'il se vidait de son sang. La haine de n'avoir connu de lui qu'un nom, qu'une profession. Psychologue. Zéphyr déteste les psychologues. Ils ont l'air presque gentils. Ils vous font croire qu'ils le sont. Ils montrent patte blanche, comme des moutons. En réalité, ce sont les pires. Dire que sa mère l'avait aimé. Qu'il l'avait mise en cloque, pour finalement l'abandonner, elle et son bébé. Elle revoyait son bureau. Ordonné. Rangé. Elle n'aimait pas l'ordre, Zéphyr. Tout était toujours désordonné dans sa tête. Elle était venue le trouver avec un couteau de cuisine. Elle tremblait. Son bras tremblait. Tous ses membres tremblaient et une petite voix dans sa tête lui soufflait Vas-y, tue-le. Il ne peut pas vivre après t'avoir lâchement abandonné. Il n'a jamais souffert, lui, Zéphyr. Regarde autour de toi. Regarde cette pièce. Il ne manquait pas d'argent. Pourtant, il ne t'a jamais rien donné. Il aurait pu te faire un signe. Prouver qu'il existait et qu'il savait que tu étais là. Rien. C'est à cause de lui que tu as été obligée de vendre ton corps. Proxénétisme, qu'on peut lire sur ton casier judiciaire. Il lui aurait suffit d'un seul chèques. Quelques billets. Tue-le. Tu es venue pour ça. Tue-le. Elle le revoit, baignant dans son propre sang. Mort. Comment est-ce que cela pouvait être, la mort ? Elle ne savait pas. Lui, maintenant, savait. Sa mère, décédée quelques mois au par avant d'une overdose, savait. Est-ce que la mort était habillée en blanc, ou en noir ? Et Dieu, existait-il, Dieu ? Elle priait chaque soir pour que ce ne soit pas le cas.