j'use et j'abuse de mes charmes pour vous plaire. je vous regarde, je vous suis, je vous observe, là tapie dans l'ombre comme un loup observe sa proie. puis je vous annonce la grande nouvelle, vous êtes mon prochain modèle. fuyez mes agneux, fuyez tant qu'il en est encore temps. refusez, dressez vous contre ma colère, tenez moi tête, et fuyez loin. si vous vous taisez, alors je prend cela pour oui, et il est déjà trop tard. condamné, vous êtes. qui sait ce qui vous attend ? moi même, je ne peux le prédire, c'est ainsi que se pratique la peinture, on peint puis on se rend compte qu'il manque quelque chose, que le tableau est vide, qui lui manque la vie. alors j'arrache la votre pour qu'il la prenne, pour que cet amas de traits et de couleurs prenne votre âme. la perfection, quête sans but, sans fin que je cherche à atteindre. ne croyez pas que je suis sans coeur, ne me jugez pas si vite, je ne me rend pas compte de la souffrance que je proccure, une seule et unique chose importante : mon tableau. vous n'êtes qu'une poupée, un pantin que je manipule allègrement entre mes doigts, un bout de chiffon qui fait tout ce que je lui demande, pour mes beaux yeux et pour mon corps. je vous aime, je vous aime comme vous n'avez sûrement jamais été aimé, je vous aime tellement que je veux pour vous, faire le plus beau tableau, remerciez moi plutôt, je ne veux que vous plaire, et lui plaire à lui, mon père. suis-je folle ? peut être, sûrement, qui ne l'est pas ici. fuyez mes agneaux, fuyez tant qu'il en est encore temps.