Rapport sexuel imposé à quelqu'un par la violence, obtenu par la contrainte, qui constitue pénalement un crime. Lui, il est ici pour ça. On ne contrôle pas, on ne contrôle plus. Attirance, envoûtement, fascination, attraction. Le délit d’une envie, le délit d’un complot. Ici, il crache sur les autres. Ici, il les regarde avec hostilité. Le silence est plus sage que la parole.

Mes yeux se perdent au loin. Dans cette petite ruelle, je joue le rôle de l’impassible ; celui où les traits semblent détendus, celui qui pense alors qu‘il est perdu. Brusquement, il bascule dans une bulle d’allégresse. Je respire l’odeur de ton sein chaleureux, je vois se dérouler des rivages heureux. Son œil de velours croise le mien et je me livre à la beauté de son iris. Un délice au niveau de ses lèvres, je me retourne. Je la vois qui s’éloigne, je la vois qui danse pour moi. Ses doigts démêlent les boucles de ses cheveux alors que sa bretelle glisse sur son épaule. Je l’accompagne sur sa route, je l’épie timidement. Laisse-moi te suivre, laisse-moi te connaitre. Elle disparait et le souvenir de sa peau habite mes pensées.

je te respire, jour et nuit je te respire. je te bouche, je te balaie, je te dent, je te griffe. je te vulve, je te paupière, je te haleine, je t’aine. je te sens, je te cou, je te mollet, je te certitude. je te joue, et te veine. je te mât, je te sueur, je te langue, je te nuque. je te navigue, je t’ombre, je te corps, et te fantôme. je te rétine dans mon souffle, tu t’iris. je t’écris, tu me penses.

J’ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou. Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où. J’appréhende de ne pas les connaitre, de les avoir oubliés. La crainte frôle mes paupières, les laissant s’ouvrir périlleusement. Rituel incessant. Et mon esprit, toujours du vertige hanté, jalouse du néant l’insensibilité. Mes yeux se posent sur sa démarche gracieuse, sur sa silhouette élancée. Mademoiselle, j’exhale mon désir. La malheureuse dansait pour moi. Encore. Ses cheveux blonds caressent sa peau, agités par le vent froid. Je fantasme de pouvoir l’étreindre, de l’effleurer du bout des doigts. Le rêve s’éloigne, l’idéal se fond dans l’obscurité. Je m’affole à l’idée de l’abandonner, je m’affole à l’idée de l’aimer. Décadence. Avec paresse, je frôle la terre pour la rejoindre. Ses lèvres goûtent le creux de ma main, la pression se fait forte. Je ne te ferai aucun mal, laisse-toi bercer par mes murmures. Chuchotements alarmants. Ses yeux rencontrent les miens ; je découvre son inquiétude comme ses peurs, sa surprise et sa délicatesse. Son attention se fatigue, la souffrance est grande. J’aveugle la dame, ma bien-aimée. Le départ comme seule délivrance. Les volets fermés, un canapé habillé d’une bâche grinçante ; je ris du décor pathétique, je crache mon manque d‘inspiration. Simplicité décevante. J’installe mes envies, je les allonge avec délicatesse et les déshabille. Je porte une importance particulière à ces deux seins, à ce corps fragile, à ces cheveux mouillés, à cette naïveté. Que j’aime voir, chère indolente, de ton corps si beau comme une étoffe vacillante, miroiter la peau. Un sourire coule sur mon visage alors qu’elle semble fuir dans un profond cauchemar. Je la couve de mes mains sales, de mes lèvres meurtries. Je lui fais perdre sa candeur, elle s’évanouit. Je glisse mon souffle chaud et malsain dans sa nuque. Je la réchauffe, je l’abime, je m‘empiffre de cette peau délicate. Je deviens égoïste en pénétrant davantage dans cette chair timide et en lisant cette âme perdue. Les jambes écartées, elle s’abandonne au monstre qui la souille intimement. Lui, il salue son exploit. Il salue son chef d’œuvre, ses va-et-vient, sa respiration saccadée. Lui, c’était moi.

Des gouttes de sueur perlant mon front, je me retire. La malheureuse, elle saigne. La malheureuse, elle me regarde. La malheureuse, elle me déteste. J’acclame la souffrance et l’horreur et lui dépose un bref baiser sur ses lèvres. Le souffle de la fin qui vient, le pardon hypocrite, la cruauté d’un homme. Une dernière fois, je contemple sa nudité. Une dernière fois, j’admire ce que j’ai fait. On pleurera et on criera pour elle. J’entends déjà les larmes, les hurlements pour la défunte. Je n’attends pas, je la ramène. On retourne en arrière, on repart à zéro. Je la laisse partir, je la pousse dans un chagrin sans fin. Elle n’oubliera pas ma soif. Un jour, mon nom abordera sa mémoire.